Société

Harcèlement dans les transports : les verbalisations pour contacts corporels pleuvent dans les TER, Transiliens et RER bondés de monde.

La pagaille générée par les grèves dans les transports n’aura heureusement pas eu raison de la stricte application de la récente loi sur le harcèlement.

La nouvelle et formidable loi sur le harcèlement est claire. Tout contact corporel, non désiré, non attendu ou non autorisé, sera puni d’une amende et de peines d’emprisonnement. Aussi, avec les attroupements massifs engendrés par les grèves à répétition dans les transports ferroviaires, les verbalisations pleuvent à travers toute la France et en particulier en Ile-de-France, zone la plus verbalisée durant les deux premiers jours de grève à la SNCF.

« … surveiller les contacts corporels dans les rames des TER »

En Ile-de-France, les agents chargés de la verbalisation débordent de travail et ne savent plus où donner de la tête. D’impressionnants renforts ont même été dépêchés en urgence dans toutes les gares et les stations de la région Ile-de-France (IDF). « Moi, je suis comptable à la SNCF à la base. Mon supérieur hiérarchique m’a dit de mettre un gilet fluo et m’a ordonné d’aller sur le champs pour surveiller les contacts corporels dans les rames des TER. On m’a fait une formation rapide pour mettre les PV avec l’appareil et j’ai commencé. C’est pas facile, je mesure 1m60 et je pèse 55 kilos, mais comme j’avais fait du karaté au collège, cela m’aide pour obliger les gens, surtout les grands mecs baraqués, à m’écouter », indique Hervé, fonctionnaire à la SNCF.


« … mettre les menottes aux personnes réticentes »

Avec une moyenne d’un TGV sur 5 et un TER ou Intercités sur 7 qui circulent, les quais et les wagons sont pleins à craquer. Mais cela n’a pas empêché les fins limiers de la SNCF de repérer les pervers qui veulent profiter de cette pagaille géante dans les transports français pour se coller aux usagers allant à leur travail ou retournant chez eux. « Le premier jour de grève, mardi, ça a été un peu dur, je l’avoue. On n’avait pas encore maîtrisé assez la technique pour reconnaître et surtout atteindre les harceleurs. Mais mercredi, lors d’une deuxième jour de grève, on était rodé à 100%. On arrive à se faufiler entre les voyageurs facilement. C’est bien simple, mercredi rien que sur un seul trajet de TER, on a verbalisé 7.000 personnes. Mais ça va très vite car nous avons des appareils reliés par réseau informatique pour coller les amendes en rafales. Il y a plusieurs catégories d’amendes. Si t’es collé de la tête aux pieds, c’est 300 euros. Si c’est juste sur le côté, c’est moins cher, c’est juste 100 euros. Après, si les deux protagonistes se rejettent la faute mutuellement, on verbalise les deux personnes. Elles partagent l’addition. Mais si c’est épaule contre épaule, ça compte pas. Par contre, sexe masculin contre fesses, que les fesses soient féminines ou masculines, là, c’est plein pot, 2.500 euros. En général, le gens râlent mais de toute façon, c’est soit ils paient, soit c’est la garde à vue au poste, pas celui de la gare, non, le vrai poste, le poste de police. Avant, c’était compliqué mais maintenant on est autorisé à mettre les menottes aux personnes réticentes et surtout on a les tasers. cela nous aide beaucoup. Mais en majorité les gens paient », indique Dylan, agent en charge de la sécurité et des verbalisations à la SNCF.

« Verbaliser une gentille mémé de 95 ans »

Même constat de réussite dans le réseau RER. Les objectifs financiers ont été largement dépassés. « C’est bien simple. On est à +1500% sur les objectifs prévus initialement. J’ai calculé au fur et à mesure car je suis contrôleur de gestion à la base. Je viens d’intégrer la RATP et comme ils manquaient de monde pour verbaliser, mon supérieur hiérarchique m’a dit de quitter mon bureau et d’aller sur le terrain. Je ne suis pas le seul. Il y a aussi des comptables, des secrétaires, du personnel du marketing et des services techniques qui surveillent et qui verbalisent aussi. Les grèves dans le réseau de la SNCF se répercutent sur le RER et le métro. On appelle cela l’effet barrage. Si tu bloques l’eau dans un endroit, mais que tu ouvres les vannes d’un seul coup après, c’est l’inondation. Ici, l’eau c’est les gens sur les quais. Et inondation de gens égale inondation d’amendes. C’est mathématique et c’est ce qui est arrivé. Nous savons très bien que toutes les personnes verbalisées ne sont pas toutes des personnes harceleuses. Mais la loi, tu l’appliques, un point c’est tout. Tu crois que ça me fais plaisir de verbaliser une gentille mémé de 95 ans qui s’est collé, de surcroit, à une autre mémé de 101 ans alors qu’elles papotaient ? non. Elles ne se connaissaient pas avant ce trajet, elles discutaient entre elles pour passer le temps et oublier la douleur sur leur fragiles os provoquée par l’entassement dans la rame, mais je dois verbaliser. J’applique la loi. Sans règles, il n’y a pas de vie. Un gars avait dit ça dans Les Anges Versus Les Ex à Saint-Tropez sur NRJ12 une fois. Mais maintenant, avec ces lourdes amendes, les harceleurs savent qu’ils ne doivent plus commettre leurs horribles méfaits », prévient Mathieu, jeune fonctionnaire à la RATP.

« … se poussent de quelques centimètres »

Par contre, dans les TGV, ordre a été donné de ne pas verbaliser, mais juste de réprimander verbalement ou visuellement les fautifs. « Comme il y a beaucoup de personnalités politiques qui voyagent dans les TGV, car c’est gratos, mais c’est un autre débat, donc on ne doit pas créer de scandales. En plus, c’est pas bon pour notre avancement de mettre des PV à des politiques ou à des hommes d’affaires qui ont le bras tellement long qu’ils peuvent lacer leurs chaussures sans même se pencher. Donc on réprimande du regard. En général, les gens trop collants dans les TGV comprennent et se poussent de quelques centimètres », indique un agent de la SNCF.

Les grèves des cheminots devraient encore durer trois mois, au minimum.

 

 

 

 

Crédit-photo : pxhere, cc0.

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