SociétéTech & Sciences

Ces ex-fumeurs qui reprennent la cigarette par empathie pour leurs buralistes.

Avec la hausse constante et répétitive des prix des cigarettes, et accessoirement avec les risques de mille et un cancers liés au tabagisme, actif ou passif, ils sont des dizaines de milliers de férus clopes, à la fumée goudronneuse, agrémentées d’agents saveur chocolat ou vanille avec un zeste d’ammoniac, à arrêter de fumer chaque année. Mais une raison inédite pousse les anciens fumeurs à reprendre la route des bureaux de tabac.

Alors que les risques liés au tabac sont connus de tous, des fumeurs délaissent leurs patchs, leurs chewing-gums à la nicotine ou au goudron, ainsi que leurs cigarettes électroniques pour s’acheter quotidiennement leur paquet de clopes, comme avant, malgré leurs fervents adieux définitifs, aujourd’hui devenus caduques. « Je connais les risques, mais je veux reprendre la clope. Regarde, je prends une cigarette, je prends un briquet. Regarde bien, tu me vois ?. J’allume ma clope. Ta gueule, je connais tous les risques liés au tabac et le principal risque est quand même que je claque un max de tune dans cette merde, mais j’m’en fous !. Surtout que le paquet de clope va passer à 10 euros, mais c’est pour la bonne cause. Je vais fumer dans un but humanitaire. Si je ne reprends pas, je n’aurai pas la conscience tranquille. Oh putain, recule, je crois que je vais vomir. Normal, ça fait un an que j’ai arrêté. C’est quoi ce goût de merde ?. Je me rappelais plus que la clope avait cet arôme qui te donne la nausée », confie Laurent, un ex-non-fumeur qui devrait normalement carburer, selon ses prévisions pulmonaires, à 2 paquets par jour.

« Mon buraliste est à deux cigarillos de la faillite »

Des comme Laurent, il y en a des milliers qui achètent à nouveau leurs cibiches chaque jour, alors qu’ils avaient juré, sur la tête de leurs mômes adorés et même sur leurs poumons, de dire adieu à jamais à la cigarette et aux regards à la fois cajoleurs, quémandeurs, angoissés et hypnotisants des buralistes, selon un sondage du ministère des Finances. « J’avais arrêté depuis plusieurs mois avec succès. J’ai surmonté les souffrances psychologiques et physiologiques avec énormément de difficulté, certes, mais j’ai réussi. Du moins, j’avais réussi. Car là, c’est décidé, je reprends la clope de manière irrévocable. Il faut voir l’état de mon buraliste, le pauvre. Il me fait trop de peine à faire la grimace derrière son comptoir, à essayer de s’occuper tant bien que mal, de manière compulsive et surtout ininterrompue, du matin jusqu’à la fermeture le soir. Je le vois flétrir un peu plus chaque matin, quand je passe devant son commerce en allant au boulot. Il vieillit chaque jour un peu plus, même s’il sourit. Une question de pudeur, sûrement. Il ne veut pas montrer qu’il souffre. C’est tout à son honneur. Il faut dire que ça l’aide pas toutes ces satanées campagnes promotionnelles pour la santé des fumeurs. A cause des publicités anti-tabac, mon buraliste est à deux cigarillos de la faillite. C’est pas avec les 10 journaux qu’il vend chaque jour et les 3 magazines de cul qu’il refourgue aux petits vieux qui ne savent pas utiliser internet et qui ont en besoin pour se faire une gâterie sur papier, à l’ancienne, qu’il arrivera à payer toutes ses charges. C’est vrai que là, je dois me refaire à l’idée d’avoir des glaires en permanence dans la bouche, mais ça vaut le coup. Mon devoir de citoyen m’oblige à aider mon buraliste et aussi tous les buralistes de France à vivre dignement. Et qu’on ne vienne pas me parler de risques sanitaires ou de cancer des poumons, du larynx, de l’estomac ou de l’anus. Les buralistes du pays valent tous les cancers du monde. Je resterai fidèle à ma promesse », jure Lionel, un altruiste fumeur.


« Phénomène inédit dans l’histoire de la cancérologie française »

Le lobby du tabac se frotte les mains, suite à ce phénomène inédit dans l’histoire de la cancérologie française et même mondiale. « Vous savez, la relation entre les fumeurs et le tabac n’est pas que biologique et psychiatrique. La relation tient du passionnel. Et qui dit passion, dit je pars, je reviens, je repars, je rereviens, je pense à toi, mais je ne te le montre pas. Je phantasme, je te déteste mais je bande ou je mouille pour toi, mais je le cache, je ne te le dirai jamais. Comme tout amour, cet amour fumeur-tabac est compliqué, mais il est tellement beau. L’attachement sentimental des fumeurs pour le tabac est encore plus intense que l’amour que nous porte le ministère des Finances. Vu les sommes monumentales que l’ont reverse en taxes, je peux vous assurer que les agents du ministère ont des étoiles plein les yeux quand ils nous voient. Pour le ministère de la Santé, aussi, mais ils ne peuvent pas le dire. C’est grâce à qui si la Sécurité sociale n’a pas fait faillit, c’est grâce à l’industrie du tabac. Mais c’est un autre débat. Pour en revenir au lien d’affection entre les fumeurs et la clope, je disais que c’est très touchant. On en a presque les larmes aux yeux, tellement c’est attendrissant et fort, émotionnellement parlant. Mais nous, dans le secteur du tabac, on chiale jamais. Il faut savoir que les âmes sensibles ne tiennent pas 3 heures en poste. Quand tu reçois des invitations à l’enterrement d’un de nos clients, toutes les 10 minutes environ, tu craques si tu n’as pas le cœur solide et les poumons bien accrochés. En France, l’an dernier, il y a eu près de 73.000 morts liés au tabac, ça vous donne une idée sur le nombre d’invitations qu’on reçoit gentiment, pour assister cordialement aux enterrements de tel ou tel cancéreux. On essaie d’y aller, mais avec les ventes qui reprennent, on envoie, à chaque veuve ou à chaque veuf, une couronne mortuaire artisanale, faite avec du tabac bio premium. On leur doit bien ça quand même », reconnaît le responsable déontologie et marketing d’une puissante et respectée société de distribution de cigarettes.

« Ça me laisse quand même 66% de marge »

Le tabagisme est susceptible de causer la mort, comme l’indique scientifiquement l’inscription sur l’emballage de chaque paquet de cigarettes. « Je sais que c’est mauvais pour la santé, mais j’ai du mal à arrêter cette saloperie. J’ai bien essayé la cigarette électronique, mais en la fumant, j’ai l’impression de sucer une bite bien dure recouverte d’une capote goût menthe. Et moi, je fume des cigarettes mentholées. J’ai rien contre les sympathiques tarlouzes, je les respecte. Pour moi, chacun est libre d’avoir la sexualité qu’il désire avoir, heureusement d’ailleurs, mais c’est pas mon truc. Pourtant, j’avais bien essayé plusieurs fois, avec des potes, pour voir si ça allait nous plaire, mais c’est pas mon truc. Roger, il a bien aimé. Sacré Roger !. C’est mon meilleur ami le Roger. C’est comme quand j’avais essayé du tabac à mâcher, mais ça m’attire pas. De toute façon, il y a seulement 1 cancer sur 3 qui est lié au tabagisme actif. Ça me laisse quand même 66% de marge. Il n’y a pas de quoi fouetter un chat dont le proprio fume 3 paquets par jour à côté de lui. De toute façon, entre mes poumons et mon buraliste qui me vend des clopes depuis le primaire, le choix est vite fait. Il faut dire qu’à l’époque, durant mon enfance, on fumait dès le CP ou le CE1. A mon âge, même si je voulais arrêter la cigarette, je le voudrais pas. Je le pourrais, mais hors de question de stopper le seul petit pêché mignon que le gouvernement, avec sa putain de CSG, me laisse encore avoir », analyse Gustave, un expérimenté et aimable fumeur de 90 ans.

 

 

Crédit-photo : realworkhard, pixabay, cc0.

Partager.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

lejournalnews.com