Culture & Médias

Oscars, Césars, Golden Globes, Palmes, Ours, Lions et Léopards d’or, BAFTA… : les récompenses de films et séries sortis uniquement en VOD seront remises par mail aux plateformes.

L’annonce devrait réjouir les dénigrées plateformes de films en streaming légal. Les prix décernés par les plus prestigieuses organisations cinématographiques seront remis par mail à leurs vainqueurs, toutes catégories confondues. Explications.

Faisant partie intégrante du domaine de la culture et du divertissement, les plateformes de vidéo à la demande, SVOD ou VOD, telles que Netflix, Amazon Prime Video, OCS, Disney+ ou myCanal, sont encore malgré tout les aimées des instances de la culture. L’essor des films en streaming, bien que légal, est source de rivalités entre les productions dites classiques et celles virtuelles. « Hé oh ! Pourquoi vous ne parlez pas de nous ? On existe ! On est là ! Enfin, on sera bientôt là. Les concurrents n’ont qu’à bien se tenir », annonce un salarié de Salto, la plateforme commune de TF1, M6 et France TV.

« Je prends les mêmes antidépresseurs qu’eux »

« Mon film n’est pas virtuel, sacré nom d’une coupure internet !, prévient un célèbre réalisateur, passé dans l’autre camp 2.0. Pour moi, il n’y a pas de rivalité, je ne déteste personne. En plus, j’utilise les même procédés que les films traditionnels, sauf que mes réalisations sont diffusées sur le web, c’est tout. Mes actrices et acteurs sont tout aussi capricieux et emmerdants. Il n’y a que le mode de diffusion qui change. Comme pour les films projetés dans les salles, je dois faire le psy avec ces crétins (actrices et acteurs célèbres, ndlr). Pas plus tard que ce matin, j’ai dû parler pendant 4 heures pour rassurer un connard d’acteur qui a peur des poissons rouges. Il joue le rôle d’un employé d’aquarium, ça ne s’invente pas. Je te laisse deviner le temps que je passe avant chaque prise pour l’encourager. Si ça peut consoler mes collègues qui font des films sur pellicule : je prends les mêmes antidépresseurs qu’eux. »

« C’est à en perdre son synopsis »

Les producteurs et réalisateurs de films dits classiques prennent cette mesure de donner les prix par mail avec enthousiasme. Ils se disent « heureux que justice cinématographique soit enfin faite ».


« Non, nous ne sommes pas jaloux, mais il y a de quoi. Et puis, tout ça commençait à mettre la pagaille dans mon couple. Tu sais combien j’envoie de strip-teaseuses aux gérants de salles ? Des tonnes ! Mon épouse croit que je la trompe. Mais les diffuseurs et patrons de salles de cinéma sont intègres, trop même, ces enflures. Ils me renvoient mes cadeaux à chaque fois. Ils privilégient leur passion pour le 7ème art qu’ils disent. Mes films, ce ne sont pas des séries Z, bordel ! Avec certains blockbusters qu’ils diffusent dans les salles. Superproductions qui ont un scénario modélisé, soit dit en passant, où est la passion ? La passion du copié-collé, oui ! Je ne sais pas combien de temps je tiendrai avant d’aller chez une plateforme de vidéo à la demande. C’est à en perdre son synopsis, des fois. Mais j’aime encore la magie du stress qui règne dans les salles de cinéma lors des avant-premières quand tu te demandes si tu vas finir ta soirée en discothèque ou bien tout seul comme un con dans ta bagnole, car tu n’oseras pas pleurer devant ta femme et tes gosses en cas d’échec », philosophe un producteur de films classiques.

« Pas de trophée, pas de swag bag, même pas un petit échantillon de parfum »

Du côté des invisibles figurants, les sentiments sont partagés. « Comme les actrices et les acteurs qui ont leurs noms dans le générique : on se les gèle pendant les tournages. Comme eux, on se fait engueuler par les névrosés réalisateurs. Mais à la différence d’eux : jamais personne ne fait attention à nous. On n’a pas de trophée, pas de swag bag (sac cadeau, ndlr), même pas un petit échantillon de parfum, rien. On a tout juste un autographe ou un selfie, et encore, c’est dans les bons jours. L’humeur des stars, c’est encore plus volatile qu’un indice boursier. D’ailleurs, je profite de cette interview pour demander aux magazines people d’arrêter de me les énerver, mes stars de cinéma avec qui je tourne. Quand la presse people diffuse des infos sur leur vie privée. Un scoop sur une infidélité, une tenue vestimentaire ratée, une ride, un bouton ou quelques dizaines de grammes en plus sur le pèse-personne et c’est le drame. A la fin, ce sont nous, les figurants qui nous nous coltinons leurs crises de nerfs pendant les tournages. Les plateaux de tournage fracassés, ce sont les figurants qui les nettoient, pas les magazines à scandale. Le pire, c’est quand une vedette, qui ne t’avait jamais adressé la parole de ta vie avant, commence à te raconter ses problèmes. Les célébrités de cinéma, ça peut faire des monologues de plusieurs heures, c’est incroyable », révèle un figurant vu dans des centaines films, mais de dos, même en gros plan.

Les distinctions décernées par mails récompenseront les meilleurs films dits « normaux », acteurs, actrices, mais également les court-métrages, documentaires, films et courts-métrages d’animation, films étrangers, scénarios, photographies, son, musique, mixage, montage, effets spéciaux, costumes, maquillage, décors, seconds rôles, exclusivement produits par les plateformes de vidéo à la demande, SVOD ou VOD.

« Plus obligés de travailler à plein-temps comme serveurs »

« Pour les prix d’honneur, récompensant l’ensemble d’une longue carrière, on va rester sur les statuettes. En général, à 99%, soit l’actrice ou l’acteur a Alzheimer, soit la personnalité est sous pieds sous terre. Dans les deux cas, elle ne se souvient même pas de son email », avertit un organisateur.

Les plateformes de SVOD sont dans l’incompréhension. Elles n’expliquent pas le dédain dont fait preuve le « cinéma ordinaire » à leur égard, selon une cheffe de projet front office d’une célèbre plateforme de streaming. « C’est quand même grâce à nous que plein de réalisateurs, d’acteurs et de techniciens ne se retrouvent pas à dormir sous les ponts. Les acteurs et les actrices ne sont plus obligés de travailler à plein-temps comme serveurs », souligne-t-elle.

 

Crédit-photo : pxhere, cc0.

 

Partager.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

lejournalnews.com