Airbnb – Paris : seuls les appartements situés près des salles de shoot pourront être loués sur la célèbre plateforme.
La Mairie de Paris semble avoir trouvé une solution à l’épineux problème de location de logements touristiques qui sème la zizanie dans la capitale mondiale du romantisme.
Mis à jour. 12/09/2018, 00h56.
Depuis plusieurs années, le lobby des hôteliers et les nantis habitants des beaux quartiers de la capitale française sont en colère contre Airbnb, la puissante plateforme de mise en relation entre propriétaires et touristes.
« Nous en avons foutu à la rue pour moins que ça »
« Nous sommes les meilleurs. Personne ne peut résister à notre puissance. Même pas toi, lejournalnews de mes deux pièces sans vis-à-vis. D’ailleurs, fais gaffe à ce que tu écris sur nous, bitch. Nous en avons foutu à la rue pour moins que ça. Demande aux SDF qui dorment sous les ponts. La plupart sont soit d’anciens journalistes, soit d’anciens salariés d’associations de défense de locataires. Une critique et on t’expulse de chez toi, espèce d’encul*. Envoie-nous ton article avant publication, mother fucker, sinon… », avertit un chargé des relations presse d’Airbnb, tout en pointant du doigt dans ma direction et en serrant la mâchoire.
« Des maires d’arrondissement sont sous antidépresseurs »
Les élus ne savent plus à quel saint se vouer. Ils ne peuvent même pas aller prier pour empêcher l’épidémie de locations, à Paris, via la multinationale américaine. « Depuis la loi de 1905, il y a une séparation entre l’Etat et l’église. Nous, les élus parisiens, nous ne pouvons même pas aller allumer de cierges, à Notre-Dame, pour freiner la main-mise d’Airbnb sur le parc locatif parisien. Nous sommes à bout. Des maires d’arrondissement sont sous antidépresseurs ou bien isolés dans leur mairie. Ils n’osent même plus sortir pour marcher dans la rue. C’est normal, les touristes leur demandent l’adresse de l’appartement qu’ils ont loué, à chaque fois, tous les jours. Ils n’en peuvent plus », confie un maire-adjoint d’un richissime arrondissement de Paris.
« Je préfère avant, c’était plus calme »
Même son de cloche de la part des habitants des quartiers chics de la capitale. « Vous avez vu les canons qu’on rencontre dans les escaliers de mon immeuble ?. Ce n’est plus possible. Que des canons aux corps de rêve, sculptés dans du marbre. Je n’en peux plus. T’as vu la gueule de mon mari ?. Il s’étonne que je sois en chaleur à longueur de journée. C’est bien simple, depuis que tous les autres propriétaires voisins ont loué leurs appartements sur Air Benny B (Airbnb, ndlr), j’ai envie de faire l’amour tout le temps, en rentrant chez moi. En sortant dehors aussi. Mon époux est heureux comme tout, mais moi, je commence à avoir le minou irrité. Je n’ai plus 40 ans. Je préfère avant, c’était plus calme. Non, les locations Air Benny B (Airbnb, ndlr) doivent cesser », rouspète une habitante du 4ème arrondissement de Paris.
« Le dossier est clos »
Face à cette vague de courroux dans Paris, inédite depuis l’élection de François Mitterrand en 1981, la mairie a voté un décret communal ordonnant à Airbnb de ne publier que les appartements se trouvant à proximité des salles de shoot parisiennes. « Il faut laisser les habitants des quartiers chics vivre en paix. Les locataires et propriétaires des habitations situées à proximité des salles de shoot sont habitués à la fois aux nuisances sonores, ainsi qu’aux va-et-vient des individus. De toute façon, les touristes et les toxicos, on ne les voit que de temps en temps. Ils changent tout le temps. Les toxicomanes se retrouvent à l’hôpital suite à des overdoses et les touristes rentrent chez eux. Nous ne voyons pas d’autres solutions pour en finir avec ce problème, une bonne fois pour toutes. Le dossier est clos », indique le médiateur municipal de la Mairie de Paris.
« J’ai fait de mon habitation une maison close »
Les élus parisiens avaient déjà encadré les locations touristiques, via Airbnb et autres sites de location en ligne, en fixant une durée maximale de location de 120 jours par an. Face à ce savant stratagème, les propriétaires ont été obligés de s’adapter. « Je loue mon appartement meublé 120 jours par an. Le reste de l’année, j’ai fait de mon habitation une maison close. Je n’ai pas trop eu le choix. C’était soit faire de mon appart un luxueux bordel, soit le louer à des connards d’étudiants qui le saccageront chaque année. Vous avez vu les charges de copropriété à Paname ?. Les travaux coûtent la peau des fesses. J’en ai eu des hémorroïdes, quand on a refait la toiture de l’immeuble. Demandez aux autres propriétaires de mon immeuble. Ils vous diront la même chose que moi. Si j’avais su, j’aurais acheté un appartement en banlieue périphérique, comme le 18ème ou le 19ème arrondissement de Paris. Pour le même prix, j’aurais pu m’acheter deux immeubles, à la place de mon petit duplex de 260 mètres carré. C’est vraiment dommage qu’il n’y ait pas de salle de shoot dans le centre parisien. Nous sommes désavantagés dans le centre-ville de la capitale, c’est honteux ! », explique le propriétaire d’un duplex dans le 3ème arrondissement de Paris.
« Pas uniquement une guerre entre Airbnb et la Mairie de Paris »
« Le combat que nous menons n’est pas uniquement une guerre entre Airbnb et la Mairie de Paris. C’est également une rivalité entre les milliardaires qui achètent des appartements à la pelle et notre démoralisée classe moyenne parisienne. Ces connards (milliardaires, ndlr) achètent des habitations de luxe comme nous, le commun des mortels, c’est-à-dire vous et moi, achetons des Caramel Macchiatos de chez Starbucks. Que les milliardaires viennent à Paris pour niquer nos putes de luxe, oui. C’est normal tout à fait normal. Paris est la ville de l’amour et du romantisme, après tout. Que les milliardaires bouffent dans nos restaurants de luxe, c’est également normal. La gastronomie française n’est pas la meilleure du monde pour rien. A l’étranger, les restaurants gastronomiques sont l’équivalent de nos putains de kebabs, qualitativement parlant. Que les milliardaires fassent du shopping dans nos boutiques de luxe, c’est très bien pour notre économie. Oui, je sais, il y a le mot luxe dans chacune de mes phrases. Ça aussi, c’est normal. Ici, c’est Paris. Ici, c’est le luxe. On n’est pas en province, fort heureusement. Mais que les milliardaires accaparent tous nos logements, non, non et non. Il faut défendre les droits de notre vaillante classe moyenne, qui ne gagnent que 8.000 euros, en moyenne, chaque mois. Ce qui est peu, il faut le dire. 8.000 euros, c’est rien quand vous résidez dans Paris intra-muros, c’est-à-dire dans les 4 premiers arrondissements de Paris. Ce message s’adresse aussi à tous les autres sites internet de location d’appartements. Ces branleurs d’Airbnb doivent savoir que nous les ferons déguerpir de Paris », précise un élu.
Crédit-photo : Max Pixel, cc0.