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« Ce n’est pas parce qu’on écrit comme des gamins de maternelle que nous ne sommes pas organisés. On veut davantage de moyens ! », répondent les médecins à Emmanuel Macron suite à ses propos sur l’organisation dans les hôpitaux.

Interpellant Emmanuel Macron sur la situation des hôpitaux français, demandant plus de moyens financiers, le personnel soignant a eu pour unique réponse un cours de gestion digne des plus grandes écoles de commerce. Les représentants des soignants ont tenu à donner leur point de vue.

Les soignants présents en nombre devant l’hôpital Fondation Rothschild, situé à Paris, n’ont pas manifesté pour rien. Lors de la visite présidentielle à l’association Œuvre de Secours aux Enfants, le personnel soignant a réclamé davantage de moyens et de meilleurs salaires.

« Les énarques ne racontent jamais de bobards »

« Le grand patron (Emmanuel Macron, ndlr) leur a gentiment, et gratuitement, donné un cours en management et organisation des entreprises publiques. Au lieu de le remercier, ils gueulent. C’est à n’y rien comprendre. Dans les centres de formation, un cours comme ça, ça se facture 1.500 euros la journée, par personne, minimum. En plus, le Boss (Emmanuel Macron, ndlr) leur a promis qu’il ne voulait pas laisser tomber l’hôpital. Ils a même remercié les soignants. Et puis, un mec de droite qui dit merci à quelqu’un : c’est très rare. Le commandant en chef leur a en plus précisé qu’on allait tous y arriver. Que veulent-ils de plus ? Les énarques ne racontent jamais de bobards », prévient un élu parlementaire de la majorité, ancien analyste boursier.

« Sacré nom d’une déferlante de fermetures de lits d’aval ! »

Les soignants ne sont pas du même avis. « On demande du pognon et on a reçu des paroles, rien que des paroles. Des mots, encore des mots, toujours des mots. Les mêmes mots, en plus, depuis des décennies. Y’en a marre, sacré nom d’une déferlante de fermetures de lits d’aval ! Nous voulons que le gouvernement nous comprenne, qu’il nous écoute, au moins une fois. Sans vouloir généraliser : les politiques, s’ils n’existaient pas, il faudrait les inventer. Macron, ses conseils tactiques sur le soi-disant problème d’organisation qu’on n’a pas, c’est très sympa de sa part, ça part d’une bonne intention, sûrement, mais il peut les offrir à une autre catégorie de personnel. Nous, on veut davantage de pognon pour nos hôpitaux et aussi qu’on soit mieux payés. On le mérite, non ?, demande une infirmière.


« Abandonnés, gouvernement après gouvernement »

« Au lieu d’avoir du personnel en plus, on en a eu en moins, comme c’est le cas pour les infirmières. Rien n’a changé depuis le confinement. En plus, les renforts que nous avons eus, ce sont des étudiants qui commencent à peine leurs études. Ils sont appliqués, dévoués et sérieux. Ce n’est pas la question. La question, c’est comment je fais quand j’ai la moitié des étudiants en renforts, qui sont sensés m’aider, tombent dans les pommes dès qu’ils voient un tuyau de respiratoire être introduit dans la gorge des patients ou l’aiguille d’une seringue dans une veine ? Macron doit nous aider comme il s’y était engagé. Je sais bien que Macron n’est pas le seul responsable. Cette situation est le fruit de dizaines d’années d’abandon de l’hôpital publique de la part des politiques. Ils nous ont abandonnés, gouvernement après gouvernement, que de la parlotte avant les élections, et après : plus rien. C’est dingue tout ça. Sous prétexte que monsieur Hippocrate nous a dit de ne laisser personne crever, nous, le personnel médical : on crève à petit feu », indique un médecin.

« Qu’ils arrêtent leurs conneries… »

Les patients sont également au bord de la dépression. « Ils sont gentils, les connards qui se rassemblent à 80 dans un 60 m², mais il faut qu’ils arrêtent leurs conneries de nouba à la noix. J’ai reporté une bonne vingtaine de fois mon opération pour ma prothèse de la hanche depuis le confinement. Moi, je suis habitué au bruit, ma femme aussi. Par contre, mes voisins : non. Les os de ma hanche se frottent les uns contre les autres, on entend les grincements depuis le rez-de-chaussée de mon immeuble, quand je marche », confie un retraité. Avant de partir, il a tenu à ajouter : « Déprogrammation de soins, mon cul, oui !, Je veux ma prothèse ! ».

 

Crédit-photo : pxhere, cc0.

 

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