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Gilets jaunes : un corridor humanitaire a été établi avec le dernier grand rond-point tenu par les manifestants.

Alors que le mouvement socio-insurrectionnel s’essouffle, d’irréductibles et réfractaires Gilets jaunes tiennent encore leurs positions révolutionnaires. Face au blocus auquel les manifestations font face, des actions humanitaires se mettent peu à peu en place pour leur assurer une survie humainement décente.

Cette année 2018 a notamment été marquée par le sacre des Bleus en Coupe du monde, par « L’affaire du siècle » qui oppose les deux stars du rap Booba et Kaaris, mais également par le soulèvement pacifique des altruistes, mais incompris par le gouvernement, Gilets jaunes. « Directement, oui, les manifestants sont pacifiques et très courtois, je le reconnais sans aucun doute ni aucun problème. Ils m’ont même offert des verres pour se consoler, c’est dire à quel point ils sont aimables. Mais indirectement, non. Les connards de casseurs, qui ne sont pas des Gilets jaunes, m’ont quand même balancé des pavés sur la tronche. Je ne vous parle pas des enfoirés de pilleurs qui ont déstocké mon magasin, sans mon accord », se dolente un commerçant parisien.

« Je suis encore ici, CQFD »

En cette fin d’année, les ronds-points de France retrouvent au fur et à mesure leur environnement normal, fait de gaz polluants à profusion et de non-respect de la priorité à gauche. Mais tous les emplacements ne sont pas encore débloqués. Une petite vingtaine de croisements accueillent encore les courageux Gilets jaunes qui manifestent leur courroux et leur peine, à coups de chansons paillardes, de slogans mi-rigolos mi-rageurs, de breuvages réchauffants et de savoureux barbecues. « On restera le temps qu’il faudra !. Le Macron et le Edouard (Philippe, ndlr) doivent le savoir. Moi, je gagnais 50 euros au-dessus du Smic et me voilà dépassé par les smicards. Les smicards sont contents, c’est normal, mais moi, pas. Ceux qui touchent le Smic repartent chez eux et moi, je suis encore ici, CQFD. Ils pourraient être solidaires les travailleurs pauvres, non ? », demande un Gilet jaune, tout en surveillant la cuisson des savoureuses côtelettes qui cuisent lentement sur un grill de fortune fabriqué avec un véhicule de CRS qui avaient pris la fuite face aux cris colériques des manifestants.


« Les herbes et les racines, c’est tout ce qu’il reste »

Bien que leurs proches, mais également des automobilistes émus par leur situation précaire, leur apportent de quoi se ravitailler, l’état de santé des Gilets jaunes se déprécie de jour en jour, tout doucement, à cause d’un besoin d’amour pour remplacer l’habitude, mais aussi et surtout à cause du manque de nourriture et de soins de première nécessité. « Déjà qu’en temps normal, le frigo n’est pas plein, mais là, ma femme ne trouve presque plus rien à m’apporter à becter. Et puis, il faut laisser de la nourriture à nos marmots. En plus, à cause de la pollution des véhicules, la terre du rond-point qu’on est, elle est même pas fertile. On bouffe juste les herbes et les racines, c’est tout ce qu’il reste. C’est pas beaucoup, mais ça aide un peu. On ne va pas faire la fine bouche », relativise un Gilet jaune, tout en mastiquant une juteuse racine fraîche.

« Avec les rudes conditions climatiques hivernales, les carences en vitamines et en micronutriments sont légions. Dans le cadre de mon travail, je passe plusieurs fois par jour devant un rond-point bloqué par les Gilets jaunes et je vois à leur visage qu’ils ont besoin de magnésium et de zinc. Il faut agir rapidement », conseille un médecin ambulant.

« On a les pieds sur terre »

Face à ce désastre sanitaire, plusieurs associations, dont Care France, Oxfam, Les Restos du Cœur et la prestigieuse Croix-Rouge française, mettent en place des ponts humanitaires pour venir en aide aux Gilets jaunes. « Pas besoin de préciser que la Croix-Rouge est prestigieuse, tout le monde le sait. On a quand même des mannequins de renommée internationale dans nos publicités, ça veut tout dire. Tout le monde ne peut pas en dire autant. Mais attention, on a les pieds sur terre et on ne frime pas pour autant. Nous sommes ici pour aider les personnes qui en ont le plus besoin », confie un infirmier en charge des lymphocytes T et du scorbut.

« Un carton d’antidépresseurs en soute »

Ainsi, un premier corridor humanitaire a été mis en place dans le Morbillan. L’Aéroport municipal de Brocéliande, situé dans la paisible commune de Paimpont en Ille-et-Vilaine, à l’Est de l’impétueuse et fougueuse ville de Rennes, accueille une armada de petits avions légers. « C’est un tout petit aéroport, initialement conçu pour les ULM. Vous savez, les avions-jouets en forme d’avions en papier. On ne pouvait pas faire atterrir nos DC10 offerts par Feu l’Abbé Pierre en 1961, paix à son âme, donc il a fallu s’adapter. Secours et adaptation sont presque synonymes. Nous avons appris ça quand nous devions affréter de la nourriture et des médicaments durant notre première mission dans un pays étranger alors en guerre. Normal, quand tu vas dans un pays en guerre et que tu dois éviter les balles alors que tu es à 10.000 mètres d’altitude, tu t’adaptes, forcément. Mais c’était surtout les pilotes qui s’adaptaient. Heureusement que nous avions un carton d’antidépresseurs en soute. Ça les a aidé à tenir le coup durant le vol. Mais depuis, ils arrivent à zigzaguer facilement entre les rafales de balles à 20.000 pieds de hauteur », indique un médecin préposé au saignement nasal lié à une carence en vitamine C.

« C’est qui les abrutis maintenant ? »

Recroquevillés dans leurs tentes durcies par le gel de l’hiver, les derniers Gilets jaunes, qui ont fêté Noël dehors, dans le froid, n’arrivent toujours pas à réaliser ce quasi-miracle. « Le Père Noël existe !. Je l’avais dit à mes collègues Gilets jaunes que le Père Noël ne nous laisserait pas tomber. Ils se sont foutus de ma gueule. Ils m’ont même traité d’abruti. Alors ?. C’est qui les abrutis maintenant ?. Mais je comprends pas pourquoi le Papa Noël n’a pas livré la bouffe et les medocs avec son traîneau ?. Dites-moi, lejournalnews, vous savez pourquoi vous ? », me demande un Gilet jaune souffrant d’hallucinations à cause du surmenage.

« Mettre les petits plateaux médicaux inox dans les grands »

Malgré leur devoir de neutralité, les experts dépêchés sur place sont abasourdis par l’état de santé précaire des manifestants, vaillamment rivés à leur rond-point. « C’est pire que le Rwanda ou l’Éthiopie réunis. Le gouvernement doit agir et vite. Le ministère de la Santé doit mettre les petits plateaux médicaux inox dans les grands, et ceci très rapidement. Quand un Gilet jaune vous appelle mamie alors que vous n’avez que 25 ans, c’est qu’il y a un réel problème sanitaire. On n’a aucun lien de parenté le Gilet jaune et moi », constate une docteure, tout essayant de détacher les mains du Gilet jaune, qui l’appelle mémé, qui s’accrochent à sa blouse.

 

 

 

Crédit-photo : WikiImages, pixabay, cc0.

 

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