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Mediapart va prochainement ouvrir son école de journalisme.

Avec l’actualité fortement agitée de ces derniers temps, une nouvelle est passée quasiment inaperçue dans tous les médias, pourtant férus d’informations alléchantes à l’intention de leur lectorat.

Le rigoureux et fureteur site d’informations Mediapart va bientôt inaugurer son école de journalisme. Mais des voix, imposantes et apeurées à la fois, s’élèvent contre l’ouverture prochaine du futur centre de formation de Mediapart. « En plus de publier des articles qui révèlent des vérités que nous voulons cacher, voilà que Mediapart veut maintenant former des étudiants pour devenir des journalistes, perspicaces de surcroît. Il y a déjà assez de fouilles-merde (journalistes, ndlr) comme ça. Pourquoi veulent-ils en rajouter ? », se renseigne un homme d’affaires mis en examen, suite aux révélations du farfouilleur et intègre journal d’Edwy Plenel.

« Follow the money »

Mediapart va créer son école pour former de futurs journalistes, selon des normes et des méthodes « rigoureuses et prouvées », selon le chef du département « Follow the money » de Mediapart. « La formation durera 3 ans. Mais en fin de 1ère année, nos étudiants pourront débusquer aisément 4 ou 5 politiques malhonnêtes, ainsi qu’une dizaine de dirigeants de sociétés qui planquent leur pognon dans un paradis fiscal, mais terrestre, ou bien qui impriment en série de fausses factures. Leur rapport de stage sera vite rempli, et surtout bien rempli, croyez-moi, avec l’art à la manière. Ensuite, les révélations des stagiaires seront multipliées par 2 ou 3, au fur et à mesure des passages en 2ème et 3ème année. Après leur formation, ils seront aptes à débusquer tous types de magouilleurs. Ils pourront dépister et déterrer la majorité des affaires illégales financièrement ou anticonstitutionnelles politiquement », assure un professeur de la future école, qui a déjà à son actif, en tant que journaliste au sein de Mediapart, un très beau palmarès de révélations sur des affaires illégales impliquant des personnalités du coriace monde de la politique, du féroce univers des affaires et de bien d’autres secteurs. Ainsi, Mediapart veut partager son savoir-faire pour apprendre aux étudiants à trouver des révélations en exclusivité, de surcroît.


« Collectionneur de scoops »

« Pas la peine de mettre les termes ‘Mediapart’ et ‘exclusivité’ dans la même phrase. Quand tu dis Mediapart, c’est forcément en rapport avec une exclusivité, prévient un journaliste d’un média concurrent de Mediapart. Eux, ils ne font pas comme certains journalistes qui vont sur le site de Yahoo ou sur celui de Morandini pour écrire leurs articles. Enfin, si on peut appeler cela des articles. C’est plus du copié-collé. Il leur suffit juste de dire la phrase magique dans leur papelard, à savoir ‘selon une information révélée par’. La phrase magique et le dictionnaire des synonymes, et le tour est joué, techniquement et déontologiquement parlant. En général, ils s’inspirent de Mediapart, du journal Le Monde, du JDD ou du Canard Enchaîné. Pour tout ce qui est people, c’est Morandini qui a les meilleurs scoops. Pour les infos people, il y a aussi Closer, Voici et Public qui ont de temps en temps des scoops, mais ils sont obligés de se cacher, en plein froid, dehors, avec leurs appareils photos qui pèsent 10 kg, dont 8 rien que pour l’objectif. Morandini, lui, il est bien au chaud et il fait mieux que les journalistes qui campent à côté des SDF pour avoir les meilleurs clichés et autres infos sur les vedettes. Pour en revenir au collectionneur de scoops (Mediapart, ndlr), le pire, c’est que les journalistes qui travaillent chez eux ne se pavanent pas, jamais. Ils restent simples, avec énormément de modestie. Ils ne friment pas, comme s’ils voulaient nous narguer, nous les journalistes des autres rédactions, avec leur humilité. Ça cache quelque chose, il faudra que je pense à enquêter sur leur sagesse. Quand tu fais partie des meilleurs et que tu ne la ramènes pas, c’est louche, non ?. Quand ils bossent, ça paraît facile, mais détrompez-vous. Il y a des journalistes d’autres périodiques qui font un scoop tous les 3 ans et ils crânent pendant très longtemps, des fois même à vie. Chez Mediapart, chaque journaliste fait, en moyenne annuelle, en termes d’exclusivités, des révélations sur près de 50 affaires de trafic d’influence, 60 affaires d’emplois fictifs, 80 affaires de faux et usage de faux, 200 affaires d’exil fiscal, 300 personnes avec leurs mains dans les sacs pour prises illégales d’intérêts et 600 scoops sur des détournements de fonds publics, et ils restent humbles, tout en retenue. Moi, quand je fais 2 scoops par an, je sabre le champagne toute l’année d’après. J’exagère avec le champagne, en fait, c’est du mousseux que je sabre. Il faut dire que j’ai le statut d’intermittent du journalisme. Oui, oui, ça existe. Il n’y a pas que dans le spectacle qu’il y a des intermittents. Les gens les connaissent mieux, car ils profitent de la cérémonie des César pour en parler chaque année. Nous, en France, notre cérémonie de trophées journalistiques n’est pas diffusée en Prime time à la télévision. En fait, elle n’est pas diffusée du tout, ni en Prime time, ni à n’importe quelle heure, même pas sur les chaînes tv internet. Même les journaux n’en parlent pas dans leurs papelards, c’est dire. Alors comment veux-tu que le grand public s’intéresse à la valorisation de notre statut d’intermittent du journalisme ».

« Le secteur de l’info… une grande et une belle famille »

Alors que Le Monde, le Journal du Dimanche, Le Canard Enchaîné, Ouest-France et 60 millions de consommateurs ont salué l’initiative, certains journaux sont restés plus discrets. « Tu m’étonnes qu’on reste discrets. On va inscrire nos journalistes en tant qu’étudiants dans la future école de Mediapart, donc on la ferme. On va pas promouvoir la concurrence, non plus. Comment ?. Le secteur de l’info, tous titres de presse confondus, est une grande et une belle famille. Grande et belle famille, mon cul, oui !. L’info, c’est chacun pour sa peau. On va enfin savoir comment ils travaillent, les docteurs ès révélations en cascades et en continu. On va avoir de vrais scoops, nous aussi, enfin, bientôt. D’ici que nos journalistes aient fini leur cursus chez cet enfoiré, qui est plus fort que nous, certes, mais j’ai envie de l’appeler enfoiré, le Mediapart de mes deux, j’ai droit, non ?, demande le rédacteur en chef d’un célèbre journal français. Mais un truc que je ne comprends pas. Pourquoi 60 millions de consommateurs a-t-il salué l’initiative de Mediapart ?. Chez 60 millions, il n’y a pas de journalistes là-bas. Toutes les personnes qui bossent chez eux sont d’anciens techniciens en laboratoire débauchés et des réparateurs en électro-ménager pour écrire des articles sur les produits de grande consommation. Ils ne font qu’analyser les produits ou les ouvrir pour voir ce qu’il y a dedans, toute la semaine. De quoi ils se mêlent ?. Est-ce que moi, je vais faire la liste des produits les plus cancérigènes dans un de mes articles ?. Qu’ils n’empiètent pas sur nos plates-bandes les laborantins de 60 millions ».

« C’est une très bonne idée leur école. Dans notre institut, nous avons un nombre limité de places chaque année. On ne peut pas former tout le monde », s’excuse un fonctionnaire de l’éminent Institut Pratique du Journalisme.

« L’autre connard de canard »

« Mais ça ne s’arrête jamais avec ce Mediapart de mes burnes ?. En plus de me faire chier pour 20 ou 30 toutes petites affaires de favoritisme, de trafic d’influence, de prises illégales d’intérêt, de concussion et de clientélisme, en somme, des affaires qui n’intéressent pas vraiment les français, selon un sondage que j’ai commandé auprès d’un institut de sondage qui, par un curieux hasard, m’appartient aussi, via une fusion-acquisition dans plusieurs sociétés Offshore, voilà que Mediapart veut créer une écurie de poulains journalistes-fouineurs. Mediapart a son cœur de métier, c’est-à-dire m’emmerder et farfouiller dans mes affaires, et bien, qu’il y reste. Cette diversification n’a pas de sens, en termes de logique et de morale. Mediapart d’un côté, Le Monde de l’autre, le JDD, ainsi que l’autre connard de canard (Le Canard Enchaîné, ndlr), et Ouest-France qui divulgue des affaires me concernant, quand je vais en Bretagne en vacances. Sans oublier l’émission Quotidien. Quotidien m’a filmé à plusieurs reprises quand je me suis gratté la raie, au milieu des fesses, lors de cérémonies officielles. Avec tous ces journalistes qui m’épient, il y a de quoi finir sous antidépresseurs. Aurais-je le droit de souffler un peu ?, questionne un homme politique. Mais, fort heureusement, quand vous faites de la politique, cela vous durcit le cuir, cela vous forge un moral d’acier trempé, même si on trempe dans de petites affaires de rien du tout, qui ne rapportent pas tant que ça, au bout du compte. J’aurais pu gagner bien plus dans le privé. Mais non, je me suis sacrifié professionnellement pour le bien commun et pour la grandeur de la France. J’ai choisi d’être au service de mes concitoyens, quitte à me servir de temps en temps au passage, mais on n’a rien sans rien. En plus, je suis obligé de vivre au dessus de mes moyens. je ne touche que quelques milliers d’euros mensuellement. Je ne peux pas assister aux réunions ou être interviewé à la télé en portant un pull, comme le font certains maires de petites villes, certains parlementaires de régions pauvres ou certains maires de petits arrondissements. L’image de la France est en jeu, quand même. Les français devraient le savoir, sacré nom d’une perquisition. Comme je te trouve sympathique, je vais te faire un petit cadeau. Dis pas non, ça me fait plaisir. J’ai de dispos des appartements en HLM si t’as besoin de changer de baraque. Mes enfants, neveux, nièces, cousins, oncles, tantes, amis et des gérants de sociétés-partenaires qui me rendent de petits services, on va dire, sont tous dans des duplex et triplex à loyer modéré, en plein centre-ville, pour pas cher. Réfléchis et tu me téléphones ».

« Là, c’est plus possible »

Ainsi, de nombreuses personnalités de la politique, mais également celles qui s’affairent dans le redoutable domaine du business et de la finance, ont demandé à ce que Mediapart renonce « immédiatement » à son projet d’école pour former d’intrépides et téméraires futurs journalistes, à l’image de ceux qui évoluent au sein de la structure actuelle. « Là, c’est plus possible. Les années durant lesquelles j’étais réglo, je ne faisais que quelques dizaines de petits millions d’euros de bénéfice. Si je ne gruge pas un peu sur ma compta, il va me rester quoi pour vivre dignement ?. Déjà qu’il y a beaucoup trop, à mon goût, de journalistes d’investigation, voilà qu’ils veulent en rajouter davantage. Cela dépasse l’entendement, enfin, cela dépasse mon entendement », s’offusque un homme d’affaires, qui a fait la une à plusieurs reprises du site d’informations.

« De la trempe des journalistes qu’il y a déjà à Mediapart »

« J’ai la vingtaine, je viens de me lancer en politique, mais je crois que je vais renoncer à cette voie professionnelle. Moi, je suis clean, je ne trempe dans rien d’illégal ou même de douteux. Mais je dois avouer que j’ai choisi la politique pour être grassement payé à trop rien foutre, rien de plus. T’as les restaurants gratos, le logement de fonction en plein centre de Paris et tous les avantages qui peuvent te passer par la tête, et qui sont aux frais du contribuable. Franchement, pourquoi j’irai dans le privé, avec tous leurs objectifs à la con impossibles à réaliser ?. La politique à l’ancienne, c’est le meilleur des bons plans pour ma carrière. Avec de nouveaux diplômés, de la trempe des journalistes qu’il y a déjà à Mediapart, ils sauront direct que je suis incompétent, un tout petit peu moins incompétent que les vieux qui font de la politique depuis des décennies, certes, mais je suis incompétent quand même », reconnaît un jeune élu parlementaire.

« D’autres écoles de journalisme un peu partout à l’étranger »

La future école de Mediapart ouvrira ses portes à la rentrée prochaine à Paris, dans un premier temps, puis dans les plus grandes villes de France. « Ils ont également déposé des demandes pour ouvrir d’autres écoles de journalisme un peu partout à l’étranger, comme à Monaco, au Luxembourg, en Suisse, à l’Ile de Man, au Liechtenstein, aux Iles Caïmans, aux Iles Samoa, à Palaos, à Guam, en Namibie, à Trinidad et Tobago, dans les Iles Vierges américaines, aux Bahamas, en Namibie, en Mongolie, à Saint-Kitts-et-Nevis, au Panama, en Andorre, à Jersey, à Guernesey et en Irlande. Mais bizarrement, aucun agrément n’a leur a été accordé pour l’instant, afin d’ouvrir la moindre école de journalisme. Là-bas, ils doivent sûrement avoir déjà assez de centres de formation au journalisme chez eux », s’interroge un élu européen.

 

 

Crédit-photo : pxhere, cc0.

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