Politique

Interdiction de vente d’alcool à Nantes ce week-end : les manifestants rendent en masse leurs gilets jaunes et demandent pardon à Macron pour la gêne occasionnée.

Dans le cadre de la journée de manifestation du samedi 8 décembre, la Préfecture de Loire-Atlantique a décidé d’interdire à la vente à emporter tous les alcools jusqu’au lendemain, dimanche midi, à Nantes et à Saint-Nazaire. La réaction n’a pas tardé à venir de la part des pourtant si opiniâtres Gilets jaunes.

Alors que les sages Gilets jaunes hurlent leurs slogans à tue-tête et que les casseurs infiltrés dans les manifestations attaquent les CRS à coups de pavés ou de pierres calcaires, souvent recouvertes de crêpes et de galettes bretonnes pour leurrer les forces de l’ordre, la Préfecture de Loire-Atlantique, dans un but préventif, a décidé d’interdire à la vente à emporter les alcools à Nantes et à Saint-Nazaire. « Le coup des pavés enveloppés dans les crêpes ou les galettes de sarrasin, ce sont nos potes de la ZAD qui nous ont appris la technique. Les CRS ne comprennent que ce sont des pavés uniquement que quand ils les reçoivent en plein casque. Quand nos projectiles sont dans les airs, ça amuse les flics. C’est normal, les crêpes volantes, ça fait rire. Mais en fait, ce sont des pavés ou des pierres de la taille d’un melon », confie un frétillant casseur, vêtu d’un faux gilet jaune.

« On rend nos putains de gilets jaunes une bonne fois pour toutes ! »

Alors que les Gilets jaunes ont tenu bon toute la journée de samedi, un revirement spectaculaire s’est produit en début de soirée de cet énième jour de contestation nationale. « Être debout toute la journée, en bravant la pluie, le froid et les fumées des voitures et des camions, nous arrivons à le faire sans difficulté. Mais ne pas trinquer avec les collègues de rond-point, lors des manifs, c’est juste pas possible. On rend nos putains de gilets jaunes une bonne fois pour toutes !. Les manifs, c’est fini pour de bon. On demande pardon à notre cher Président Macron. Nous l’implorons de nous pardonner pour le bordel de dingue que nous avons foutu, même s’il y est pour quelque chose, il faut le dire et le reconnaître malgré tout. Mais, notre irritation et notre colère, c’est du passé si Macron autorise la vente d’alcool à Nantes et à Saint-Nazaire. Mon beau-frère habite là-bas. Donc, avec le Macron, on fera table rase du passé colérique et nous repartirons sur de bonnes bases, des bases saines comme du chouchen. Mais attention, qu’on ne vienne pas dire que dans l’Ouest, nous sommes des alcooliques. Je vois venir les connards qui diffusent ces rumeurs à la con. On ne picole pas plus que les parisiens qui se soûlent pour oublier qu’ils paient 2.500 euros par mois pour la location de leurs studios de 20 m² où ils s’entassent à 5 dedans. On ne boit pas plus que les alsaciens qui se bourrent la gueule parce qu’ils regrettent de ne pas avoir Merkel pour Présidente. On boit nettement moins que les marseillais qui regardent leur OM couler comme a sombrer le Titanic. On picole autant que les nordistes qui sont obligés de bouffer du Maroilles à chaque fête, à chaque mariage ou à chaque anniversaire. Même chose pour les habitants du centre du pays qui boivent plus que de raison, car ils n’ont ni montagnes, ni mer à moins de 2.500 kilomètres à la ronde. Ils ont juste des plaines à perte de vue, donc ça joue sur ton moral et ça te force à siphonner les bouteilles. Les bordelais, on n’en parle même pas. Eux, ils mettent du vin dans leurs céréales au petit-déjeuner. Alors oui, on picole en Bretagne, car nous sommes de bons vivants, voilà tout. C’est pas difficile à comprendre sacré nom d’une bouteille d’eau minérale. Donc, on accepte tout de la part du gouvernement. Aussi bien les hausses du carburant, de la CSG, les privatisations de nos fleurons nationaux, tout, tout, tout, écrivez-le bien dans votre article. Mais pitié, que Macron appelle la Préfecture de Loire-Atlantique pour qu’elle lève l’interdiction sur la picole. Pitié !- supplie un représentant des Gilets jaunes, avant d’ajouter-, allez gamin, on ouvre la dernière bouteille qu’il nous reste. Tu trinques avec nous et ne dis pas non. Tu bois avec nous. Il est 8 heures du matin, je sais et alors ?. Dire non à un verre d’alcool, ça tient du blasphème en Bretagne, car oui, Nantes est en Bretagne, mais c’est un autre débat. Débat que j’enterrerai définitivement si la Préfecture rétablit la vente d’alcool ».


« Pas une bonne idée d’avoir apporté nos alambics dans les manifs »

Hier samedi, vers 18 heures, les pourtant tenaces Gilets jaunes désertaient peu à peu le centre-ville de Nantes suite au décret préfectoral relatif à la vente d’alcool. Malgré des initiatives de quelques manifestants de frelater leur propre alcool, les principaux barrages ont été levés en périphérie de Nantes et de Saint-Nazaire. « A cause des gaz lacrymogènes qui se déposent dans l’eau des condensateurs, l’alcool que l’on fabrique dans les manifs a un goût âcre. C’était pas une bonne idée d’avoir apporté nos alambics dans les manifs. En plus de surveiller la température du feu et la pression du bain marie, nous devons éviter les projectiles lancés par les casseurs », reconnaît un Gilet jaune.

« Pourquoi les gilets sont partis ? »

« Tous les Gilets jaunes sont partis de cette place. Il ne reste que les pilleurs qui viennent faire leurs emplettes pour les fêtes de fin d’année », constate un CRS. Les quelques passants, à l’affût de bonnes affaires gratuites mais illégales, qu’il reste à Nantes, dans les points de rassemblement en centre-ville, sont médusés. « Pourquoi les gilets sont partis ?. J’ai repéré des Air Max dans une vitrine mais là, je suis tout seul, je ne peux rien faire. Si je pète la vitre de la boutique, les condés vont me taser et me foutre en GAV (garde à vue, ndlr). En face, il y a 300 CRS qui me regardent avec leur sourire moqueur. Je crois que je vais rentrer chez moi, c’est mieux. Il faut savoir être raisonnable quand la situation est délicate. Mais merde, si on ne peut même plus compter sur les Gilets jaunes pour nous permettre de nous fondre dans la masse et tout défoncer, c’est mission impossible, c’est pas fair-play. Eux, ils sont pacifiques, c’est leur problème, ça les regarde, mais qu’ils ne viennent pas nous empêcher de faire ce qu’on a à faire (voler, ndlr). Et toi le journaliste du site lejournalnews.com de mes ieucou (couilles, ndlr), me pose pas de questions sur la politique, sur les revendications des Gilets jaunes et tout le reste. Je ne suis pas un Gilet jaune, je ne suis pas non plus un anarchiste. Je m’en bat les couilles de leurs revendications. Tout ce que je veux, c’est ces putains de baskets qu’il y a dans le magasin d’en face », reconnaît un pilleur, le regard empli de tristesse. Même son de cloche de la part des casseurs. « Sans les vrais Gilets jaunes autour de nous, on va se faire griller. Il faut savoir que nous, les casseurs politisés, nous n’avons pas de vrais gilets jaunes. Normal, on n’a pas de voitures. Nous prenons des gilets et nous les peignons en jaune. Nous sommes contre les concessionnaires-capitalistes qui vendent des voitures, qu’elles soient neuves ou d’occasion. Nous sommes contre le fait de posséder quelque chose. Idem pour le permis de conduire. Personne ne devrait l’avoir le permis. Notre devise : ni Dieu, ni maître, ni état, ni administration, ni services publics, ni hôpitaux, ni code de la route, ni leçons de conduite, ni voitures et ni auto-écoles. Pour nous déplacer de ZAD en ZAD, on marche ou on fait du stop. Ça, c’est autorisé par notre idéologie révolutionnaire », explique un sympathique casseur.

« Nous avons failli dialoguer avec le peuple »

Le gouvernement et les élus de la majorité libérale de LaREM sont aux anges. Pour fêter la « défaite cuisante, selon un élu LaREM, ils ont sabré le champagne un peu partout en France, dans les endroits où ils se sont réfugiés afin d’éviter qu’ils ne tombent entre les mains jaunies par la cigarette des Gilets jaunes. « Finalement, c’est tout con de mettre fin à ce soulèvement socio-révolutionnaire, en fin de compte. Nous allons interdire la vente d’alcool à emporter durant les week-ends de grève dans tout le pays et le tour est joué. J’imagine mal les prolos ou les étudiants tenir plus de 3 heures sans picoler. C’est très bon pour En Marche et cela tient du miracle pour notre valeureux Président incompris par les prolétaires. Vous vous rendez compte, nous avons failli dialoguer avec le peuple. C’est un comble de la part des vaillants libéraux que nous sommes que de négocier avec des gens qui ne sont rien. Nous avons failli tomber bien bas. Avoir des pourparlers avec des personnes de niveau CAP, Bac ou Bac+2, c’est une forme de déchéance, de bassesse et d’indignité pour quiconque à fait l’ENA ou une école de commerce privée niveau Master 2. Je n’ai pas peur de le dire, mais parler à un travailleur manuel représente, pour nous, une honte semblable à du déshonneur. Il faut bien savoir que nous, au sein d’En Marche, nous dialoguons de préférence avec ceux qui ont réussi. Et je ne suis pas condescendant en disant cela. J’ai énormément de respect pour les illettrés. En plus, ce n’est pas de leur faute s’ils n’ont pas l’intelligence d’avoir de vrais diplômes en sciences politiques, en droit ou en économie. Très bonne idée cette interdiction de vente d’alcool à emporter. C’est une très bonne chose que ces Gilets jaunes déguerpissent. Qu’ils ramassent leurs alambics et qu’ils rentrent chez eux », indique un élu LaREM, un dossier de projets de lois de taxations nouvelles dans une main et une coupe de champagne de grande marque dans l’autre.

 

 

Crédit-photo : Karolina Grabowska, pixabay, cc0.

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