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Après avoir pénalisé Emmaüs de 82.000 euros, l’URSSAF va verbaliser pour travail dissimulé les SDF qui font la manche dans la rue.

Les SDF de France viennent de découvrir deux choses de la part du très redoutable et redouté URSSAF. Tout d’abord que pauvreté et argent ne font pas bon ménage, ensuite qu’ils sont, sans le savoir, des auto-entrepreneurs. Les SDF viennent de le savoir, suite à la lettre d’assignation à payer qui leur a été remise à chacun d’eux en main propre, par l’efficace et infatigable service public du recouvrement de l’URSSAF.

Les SDF sont sous le choc. En plus du froid, de la pluie, de la faim, de la solitude, du regard condescendant de certaines personnes, du manque d’intimité et de leurs autres rudes conditions de vie, les Sans Domicile Fixe doivent piocher dans leurs économies inexistantes pour régulariser leur situation au plus vite auprès de l’Union de Recouvrement des cotisations de la Sécurité sociale et d’Allocations familiales (URSSAF). « Je sais que l’URSSAF fait un travail utile car c’est quand même grâce à elle que les gens en France peuvent se soigner, grâce à l’argent qu’ils collectent, mais quand même, pourquoi nous les SDF ? », se demande un sans domicile fixe de Marseille en comptant le peu de pièces de monnaie qu’il possède.

L’URSSAF avait déjà fait parler d’elle, en début de semaine, lorsqu’elle a assigné l’association Emmaüs, créée par l’emblématique Feu l’Abbé Pierre, à régler 82.000 euros. L’organisme de collecte des cotisations sociales avait estimé que les 20 euros par jour versés aux compagnons d’Emmaüs était un salaire. Le TASS, Tribunal des affaires de sécurité sociale statuera, le 28 mars prochain, sur cette affaire opposant l’URSSAF et Emmaüs de la ville de Cambrai-Fontaine Notre-Dame, à l’ouest de Cambrai, dans la région des Hauts-de-France.

« Les gens n’appellent pas l’URSSAF ‘Eau régale’ pour rien »


« Association ou action humanitaire, on charcute. Abbé Pierre ou Mère Teresa, on morcèle. Pauvre ou sans pognon, on lacère. A la rue ou sous les ponts, on désagrège. Les gens nous craignent, ils se font dessus dès qu’ils nous voient arriver. Nous n’allons pas montrer que nous avons des sentiments et du cœur sinon bye bye notre image de torpilleur que nous avons mis des années à mettre en place. Et puis, nous ne faisons pas entrer la morale dans notre travail. C’est inscrit noir sur blanc dans nos contrats de travail et dans le programme de formation annuel de l’URSSAF. Les gens n’appellent pas l’URSSAF ‘Eau régale‘ pour rien. C’est un mélange d’acide chlorhydrique et d’acide nitrique capable de dissoudre tout, même les métaux précieux. Nous c’est pas les métaux, mais vos billets qu’on dissout, qui que vous soyez, même si vous êtes dans l’insertion des personnes en difficulté comme Emmaüs. On refera un petit tour chez eux car on avait remarqué une pièce de 2 euros par terre, on se demande si ce n’est pas une partie du salaire à un compagnon qu’ils nous cachent à Emmaüs. Nous, on fait le job, point barre. Si les gens veulent des sentiments, qu’ils regardent le film Amélie Poulain. Mais attention, nous respectons le travail que fait Emmaüs. Même si on n’a pas besoin d’eux maintenant car on a l’emploi assuré jusqu’à la retraite. Mais je me demande un truc là. Une hypothèse qui vient de me venir en tête. Si des agents de l’URSSAF sont dans la mouise quand ils seront en retraite, Emmaüs les aidera bien pour se loger ou avoir à manger ? rassurez-moi. Ils nous aideront hein ?. Au fait, c’est ton site qui a fait un article sur le Poney Babar. T’as de la chance de ne pas avoir de bannières publicitaires dans ton putain de site lejournalnews sinon, crois-moi, on t’aurait démembré en un clin d’œil. On en a eu des plus coriaces, foi de désosseur. J’avais vu ça dans Télématin sur France 2 avant d’aller remettre une assignation à payer dans l’heure à l’Association française des malades d’Alzheimer en stade 7. Avec eux au moins, pas de réclamations, ils ne se rappellent de rien. Même les gens de l’administratif et de la compta, solde mémoire zéro, plus rien ne circule dans leurs neurones, c’est solde de tous comptes, leur cerveau est dans la case comptable produits résiduels, comme les poissons rouges. On signe même à leur place tellement ils ne maîtrisent plus leurs gestes ces couillons », indique un agent de l’URSSAF, tout en essayant d’éloigner un artisan sans le sous qui le supplie de ne pas le verbaliser pour avoir omis de déclarer 0,50 euro sur une facture.

Se préparant à payer cette amende de 82.000 euros, Emmaüs songerait à donner des demi-portions de nourriture à tous ses bénéficiaires dans le besoin. « On est obligé de faire ça, la mort dans l’âme. Vous avez une autre solution ?. Donc c’est soit on diminue les rations, soit on ferme des centres Emmaüs. Ce qui serait vraiment horrible pour tous les gens qui ont besoin de notre aide’, confie un compagnon Emmaüs.

Le hashtag #SauvonsEmmaus est déjà en tête des classements de popularité dans les réseaux sociaux.

 

Crédit-photo : pxhere, cc0.

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