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L’un des sponsors de l’Atlético de Madrid offrira des maillots dédicacés à 500 de ses clients ruinés.

Un mal pour un bien ?. Près de 500 clients ruinés par les produits financiers, appelés CFDs, savamment commercialisés par le trader en ligne Plus500, l’un des sponsors de l’Atlético de Madrid, recevront un maillot dédicacé par tous les joueurs du club madrilène, vainqueur de l’Europa League 2018.

Les CFDs (Contracts for Difference) sont des produits financiers, accessibles aux investisseurs particuliers. La particularité des CFDs est que les investisseurs peuvent vendre ou acheter des actifs financiers, sans débourser la totalité de la mise initiale. Cependant, les particuliers qui investissent devront rembourser la totalité des pertes en cas de mauvais investissement. « Tu donnes un peu de ton pognon, mais tu devras donner tout ton pognon si tu perds. T’as pigé ? », demande un trader, tout en nettoyant son Smith & Wesson 357 Magnum.

La publicité pour les produits financiers CFDs, les options binaires et les contrats sur le marché des changes, hautement spéculatifs, est interdite en France, suite à la loi Sapin 2. Bien que jugés à risque limité, selon les traders commercialisant ces produits ou les formations liées, près de 9 particuliers sur 10 perdent de l’argent, selon l’Autorité des Marchés Financiers (AMF).

Selon de nombreuses recherches effectuées par l’Organisation Mondiale de la Santé, les CFDs provoquent anxiété, migraines, dépression, isolement, pensées négatives, mais également séparations et tentatives de suicide. « Un CFD est, psychologiquement et émotionnellement équivalent, à un saut à l’élastique, avec une ficelle, en apprenant, pendant la descente, que l’on s’est fait plaquer par sa compagne ou son compagnon, mais également viré par son employeur et attrapé des hépatites A, B, C et Z. C’est éprouvant », précise un docteur en psychologie.


« Faire fortune en un clic de souris »

« Comment arriverais-je à vous faire comprendre le sens exact des CFDs ?. Si j’emploie des termes techniques boursiers, vous ne comprendrez rien du tout. Vous serez peut-être même attiré par le jargon financier, vous allez rêver de faire fortune en un clic de souris, c’est risqué pour vous et pour votre équilibre émotionnel. Même les moins néophytes se font avoir. Donc, pour faire simple, afin que vous saisissiez bien ce que sont les CFDs. Prenez un grand verre vide. Mettez-y 1/5ème d’héroïne, 1/5ème de Crack, 1/5 d’Uranium liquide, 1/5ème d’arsenic, 1/10ème de malaria et 1/10ème de liqueur de framboise. Vous mélangez bien le tout, puis vous en buvez un tiers, vous vous injectez 1/3 dans les veines et 1/3 par voies rectales. Le 0.01 restant, vous vous le mettez dans les yeux, pour atténuer et faire oublier les premières douleurs. La liqueur de framboise, c’est pour faire joli et donner un petit goût sucré. Voilà, on y est. Je vois à votre regard et à vos vomissements que vous avez compris maintenant ce que sont les CFDs », précise un expert en marchés boursiers.

« Zéro risque, sans adrénaline, sans suspense »

Interdite de publicité, par la loi française, en raison des risques pouvant être produits par l’effet de levier, la société Plus500, l’un des leaders mondiaux du trading, a décidé de donner « une consolation symbolique » à ses clients, dont certains sont sans-le-sou. « Nous ne remboursons pas. C’est la règle dans le domaine boursier. Même avec les cris de détresse, les supplications, les gémissements de pitié et les pleurs, on ne redonne pas un centime aux particuliers qui ont perdu, un peu ou toute leur mise. De plus, aucune assurance censée n’a voulu nous assurer, ni nous, ni nos produits financiers, ni nos clients. Il y avait bien une assurance, qui s’appelle Madoff Insurance, mais on n’a pas de nouvelles du dirigeant qui était venu proposer les services de cette compagnie d’assurance et de prévoyance. Un certain Bernard. D’un seul coup, Bernard a disparu de la circulation. Nous le voyons même plus au club des milliardaires de Wall Street. Vous le connaissez ?. On a donc décidé d’offrir un maillot dédicacé à une centaine de nos clients ruinés par certains actifs que nous leur avons vendu. C’est cadeau. C’est bien la première fois que nous faisons un cadeau à quelqu’un, croyez-moi. Mais il faut rester fair-play et avoir l’esprit d’équipe. Au fait, vous vous connaissez en bourse ?. Vous boursicotez ou pas ?. J’ai un petit produit hyper rentable à vous proposer. Ne soyez pas effrayé par son nom. C’est juste à cause de notre logiciel de classement. C’est plus pratique avec des mots simples, faciles à retenir. Alors, ce produit financier se nomme Cholera500 et c’est très rentable. Je vous en mets combien ?. C’est 200 euros l’action. Alors ?. Comment ?. Ce que je pense de la demande du CSA aux chaînes télé ?. Le CSA veut nous interdire de mettre notre logo Plus500 sur les tenues de l’Atlético de Madrid. Première nouvelle. Qui a demandé ça au CSA ?. L’Association française des courtiers et prestataires de services d’investissement ?. Je ne connais pas cet organisme. Vous savez, nous, la règlementation française, on évite. Plus500 est cotée à Londres, alors, la Bourse de Paris, on s’en fiche un peu et même beaucoup. On préfère la règlementation européenne. Plus fluide, plus souple, plus libérale, plus lobbyiste, moins terre-à-terre, plus BtoB, plus offensive, moins BtoC, moins défense des consommateurs, moins protection des personnes vulnérables. Bon, je ne ferai même pas de commentaires sur ce sujet. Que la Bourse de Paris continue à conseiller les gens sur les investissements à zéro risque, sans adrénaline, sans suspense. Nous, le London Stock Exchange, le London calling, Margaret Thatcher, le libéralisme, c’est Wall Street, Hollywood, les blockbusters, Stock Exchange & Furious. Ce sont les mises où les investisseurs peuvent perdre bien plus que leur capital. On aime que cela frissonne et nos clients aussi. Même si les nouveaux ne connaissent pas tous les risques. C’est ça qui est bien. La découverte, l’aventure, les animaux sauvages qui essaient de te dévorer dans la jungle boursière », indique un conseiller boursier de Plus500.

Depuis la fin de l’année 2016, en France, les publicités sur certains produits financiers, jugés à haut risque, sont donc interdites. L’Association française des courtiers et prestataires de services d’investissement (AFCOPSI) a contacté le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel (CSA) pour demander l’interdiction du sponsor sur les maillots de l’Atlético de Madrid, lors de la diffusion de la finale de la Ligue Europa, hier mercredi. Le CSA a envoyé un courrier à la chaîne M6, « mais il y a très peu de chances que la demande soit entendue », selon un membre du CSA, en charge des émissions de téléréalité.

« L’un des CFDs de Plus500 est nommé Diego Costa »

« Que l’on foute une amende à TPMP, ça, on peut le faire facilement. Mais l’UEFA, c’est trop gros pour nous. L’UEFA, c’est la petite FIFA. J’ai pas envie de retrouver 50 kilos d’explosifs sous ma bagnole, de bon matin, en sortant de chez moi. J’ai une famille et des amis auxquels je tiens énormément. Vous vous rendez compte des investissements dans le foot ?. Ce n’est plus de 3 vulgaires millions d’euros dont on parle, mais de milliards. Là, on a fait une demande aux chaînes télé uniquement pour la forme, rien de plus. Juste pour dire, voilà, le CSA est là, il a fait ce qu’il fallait faire, point. Mais sinon, le sponsor sera bien présent sur les maillots de l’Atlético. Vous, je sais pas, mais je n’irai sûrement pas demander à Diego Costa de retirer son maillot. Même les stadiers ne l’approchent pas pour lui demander son maillot ou une dédicace. D’ailleurs, l’un des CFDs de Plus500 est nommé Diego Costa. Ce n’est pas par hasard », précise un membre du CSA.

Les maillots de l’Atlético de Madrid seront signés tout de suite après la finale de l’Europa League.

 

 

 

 

 

Crédit-photo : Max Pixel, cc0.

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