Renvoi de Sébastien Thoen – Canal+ : « Nous ferons une grève de la parole dans nos films tant que Thoen ne sera pas réintégré dans le Journal du Hard », prévient l’association des actrices et acteurs de films X.
« Canal a trop changé, et pas en bien ». Voilà le commentaire qui revient le plus souvent lorsque l’on demande aux téléspectateurs ce qu’ils pensent du renvoi, aussi brutal qu’étonnant, par Vincent Bolloré de l’animateur de talent Sébastien Thoen suite à un sketch diffusé par Winamax, l’un des géants des paris en ligne. En effet, selon le journal Le Parisien qui a diffusé l’information en premier, c’est le grand patron du Groupe Canal+ en personne, qui a demandé le départ de Sébastien Thoen.
« L’humour, c’est important…
surtout en cette période de crise »
« Il faut les comprendre, les collègues de Winamax. Dans le domaine des paris sportifs, nous avons le nez dans les analyses statistiques du matin au soir, jusqu’aux burnes. On a besoin de rigoler, sacré nom d’un put*** de match truqué par je ne sais quelle mafia de l’Est », fait savoir un concurrent de Winamax.
« On ne peut plus pas rire de tout, et même plus rire du tout », se désole un cadre de la chaîne du foot et du porno. Il ajoute : « Ex-chaîne du foot, oui. Là, on peut tout juste diffuser quelques petits matchs par-ci par -là. C’est-à-dire les miettes que nous laisse l’autre enflure qui promet monts et merveilles à la LFP (Ligue de Football Professionnelle), mais qui reporte les paiements quand vient l’heure de remplir le chèque (Mediapro, ndlr). Pour le porno : pareil. On est l’ex-chaîne du cul. Heureusement qu’il y a notre Journal du Hard pour marquer présence dans le porno. Avant, les gens se chatouillaient le poireau ou le minou même en crypté. Maintenant, les téléspectateurs se font plaisir devant leurs écrans d’ordinateurs. Heureusement qu’on a encore le cinéma. Mais l’humour, c’est important aussi, surtout en cette période de crise. Depuis que Les Guignols ont été mis au placard, j’ai senti qu’on était dans la mauvaise pente. J’espère que Bolloré ne va pas virer l’équipe du Groland. »
« C’est le monde à l’envers »
Celui qui présentait l’informatif et culturel « Journal du Hard », et qui animait également une chronique dans l’émission « Canal Sports Club », s’est vu reprocher d’avoir participé à une parodie dans laquelle il y caricaturait CNews. Il y parodiait également Jean Messiha, l’ancien économiste du Rassemblement national. Avec ses collègues, Sébastien Thoen s’est moqué de « L’heure des pros », diffusée sur CNews, appartenant à Canal+, qui elle-même fait partie du Groupe Canal+, filiale de l’omnipotent Groupe Bolloré.
Avec pour sujet principal le football, la vidéo humoristique intitulée « L’Heure des Pronos », en référence donc à « L’Heure des pros », a multiplié les références à l’immigration et au djihadisme, sempiternel leitmotiv de Jean Messiha, incarné dans le sketch par Sébastien Thoen sous le nom de Lionel Messiha. « Quoi ? C’est vrai. Il a raison le Jeannot (Jean Messiha, ndlr). Cest toujours la faute des bougnoules, même quand ils sont athées. Même au foot. Les parents n’avaient qu’à pondre des petits Zizou, comme ça personne ne leur fera de reproches. Ils cherchent les problèmes, aussi, les bronzés. Le pire, c’est qu’ils râlent après quand on les critique. C’est le monde à l’envers. Mais pour en revenir au sketch du petit bobo, le Thoen, là. Il est marrant. Il a quand même réussi à faire rigoler notre Jeannot (Jean Messiha, ndlr). Et je peux te dire que pour faire rigoler ceux du RN, il faut se lever tôt », fait savoir un adhérent du RN.
« Limite casse-burnes »
Le rôle de Pascal Praud, rebaptisé Pascal Prono dans la vidéo satirique, a été joué par le truculent Julien Cazarre. « J’ai cru que c’était le vrai Pascal Praud. Normal, quand t’es pas d’accord avec lui : il te coupe la parole, et en t’engueulant, en plus. Quand il y a des invités de gauche, ça se voit sans même regarder le bandeau en bas de l’écran », prévient un ancien invité écologiste de L’Heure des Pros, sous antidépresseurs et sous thérapie depuis son unique passage à l’émission. A également participé à ce sketch leur autre compère de l’incomparable et hilarante émission « Action discrète » : Thomas Séraphine. Il y interprète Michel Saindoux, un lillois, chef d’entreprise, patron du CAC 40 et actionnaire minoritaire du LOSC. Etait également présent Jérôme Leroi-Merlu, présenté par Pascal Prono comme « syndicaliste, de gauche, gilet jaune, casse-couille ». « Dans la vraie vie, je ne m’appelle pas Jérôme Leroi-Merlu ! Personne ne dit mon nom dans les articles. C’est injuste, quand même, limite casse-burnes », se désole l’humoriste qui joue le rôle de Jérôme Leroi-Merlu.
« Nom d’une chaude-pisse »
En plus de provoquer une incompréhension, voire un dégoût, chez les téléspectateurs et les internautes, le renvoi de Sébastien Thoen par le Groupe Bolloré a irrité une partie du monde de la culture. Au point que les actrices et les acteurs de films pour adultes ont lancé une grève inédite dans les annales du X. « Tant que monsieur Thoen ne sera pas réintégré, avec, de surcroît, les excuses à genou des dirigeants de Canal+ et du Bolloré : nous ne parlerons plus dans nos films. Pas un seul mot et pas le moindre petit cri de plaisir ne seront émis de la bouche de nos actrices et de nos acteurs. Le Journal du Hard est sacré pour nous, nom d’une chaude-pisse. Sébastien Thoen a toujours montré du respect pour notre métier. C’est normal d’être solidaire avec lui », indique un célèbre acteur.
« Connards d’amateurs »
Bien que compréhensifs vis-à-vis de la grève de la parole des acteurs, les producteurs sont impuissants face à ce mouvement protestataire jamais vu dans le pourtant très extraverti X. « Quand mes actrices et mes acteurs sont mécontents, je ne peux rien tirer d’eux. Je ne vais pas doubler leurs voix. Ça sonnerait trop série B des années 70. Les gens ne le savent pas, mais les personnes qui travaillent dans le porno sont de grands sentimentaux, bien plus que les connards d’amateurs qui font des vidéos dans leurs salons ou au boulot. L’uberisation du porno est une concurrence déloyale, mais c’est un autre sujet », indique un grand producteur, vainqueur de nombreux Hot d’Or, l’équivalent des Oscar du cinéma dit « traditionnel sans pénétration ».
« Ça sera la débandade »
Du côté de Canal +, c’est l’affolement, mêlé à une certaine panique. « Entre l’autre face de fion (Mediapro, ndlr) qui nous tient par les burnes en raflant quasiment tous les matchs de Ligue 1, et entre les autres glands (RMC Sports, beIN Sports et Telefoot, ndlr) qui nous l’ont mis bien profond en s’accaparant la Ligue des Champions et la Premier League : on la sent passer. Si, en plus, les films pornos que l’on va diffuser sont muets : ça sera la débandade », prévient un cadre de Canal+.
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