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Paris-Dakar 2018 : un équipage qui s’était trompé de trajet a rejoint, après plus de 600 km à pied, Agadez au Niger.

Quand vous vous trompez de route, même avec le GPS, vous vous perdrez. Deux concurrents de la mythique course Paris-Dakar en ont fait l’amère expérience. Il s’étaient sacrément trompés de parcours. Mais heureusement, ils ont rejoint, sains et saufs, la ville d’Agadez au Niger.

Les habitants d’Agadez n’en reviennent toujours pas. Même les anciens, qui avaient vu la précédente version du mythique rallye Paris-Dakar, ont du mal à croire la scène à laquelle ils viennent d’assister. Deux compétiteurs auto, casque à la main, marchant en titubant, le visage et les vêtements recouverts de sable du Sahara et du Sahel, les yeux rouges et assoiffés.

« Nous ne pourrions accomplir ce qu’on fait ces petits blancs »

Les deux coureurs automobile du Rallye Paris-Dakar, dont le véhicule avait rendu l’âme en plein désert du Sahara au sud de l’Algérie, suite à une surchauffe moteur, ont fini leur trajet à pied, parcourant plus de 600 kilomètres à pied à travers le climat désertique du Sahel. Marchant à travers les dunes et sous le soleil infernal du désert, l’équipage français a regagné la ville d’Agadez sans plus la moindre force. « Même nous, qui avons grandi ici et qui parcourrons des kilomètres pour aller chercher de l’eau ou aller à notre travail, nous ne pourrions accomplir ce qu’on fait ces petits blancs. Je leur tire mon chapeau. On fera une grande fête pour célébrer leur miraculeuse survie. J’espère que les blancs de la Mairie de Montpellier, dont est originaire l’un des coureurs automobile, feront aussi une grande célébration pour fêter le retour de leurs compatriotes », précise Mamadou, habitant d’Agadez et âgé de 88 ans.


« Depuis le temps, ils auraient dû le savoir ces deux couillons »

Les deux participants, Mamby et Bastien, tous deux citoyens français s’étaient pourtant inscrits dans les règles de l’art. « Tout a été fait dans les règles. Nous leur avons remis leurs dossards en bonne et due forme, on a aussi mis le numéro officiel sur leur véhicule et ils ont pris le départ. Par contre, cette année, nous avons oublié de préciser aux coureurs que le Paris-Dakar ne part pas de Paris, mais de Lima au Pérou et que la course ne s’achève pas à Dakar mais à Córdoba en Argentine. Depuis le temps, ils auraient dû le savoir ces deux couillons que le Paris-Dakar, c’est en fait Lima-Córdoba. On garde le nom, car c’est notre fond de commerce pour résumer, mais le trajet a changé. C’est pas difficile à comprendre pourtant. Mais ces deux crétins ont pris le plan du parcours de 1984. En plus, au départ, vu qu’ils n’étaient pas là, on ne les avait pas enregistré. Donc comment donner l’alerte pour des gens qui n’ont pas pris le départ ? », interroge un organisateur de la célèbre course autos-motos-camions.

« Pas de bol, c’était le trajet des années 80 »

Mamby et Maxime sont déshydratés mais heureux d’avoir survécu à cet enfer. « Au début, à Paris, nous avons cru que les règles du rallye avaient changé, que c’était comme dans Pékin Express en fait. Chacun pour sa pomme, mais en conduisant une voiture. Mais on a vraiment eu tout faux et sur toute la ligne, de celle de départ jusqu’à la ligne d’arrivée. Quand on s’était inscrit. On avait regardé sur Google et on avait trouvé le parcours du Paris-Dakar, qui traverse l’Algérie, le Niger, le Mali, la Côte d’Ivoire, la Guinée et enfin le Sénégal. En plus, comme je suis d’origine du Niger par mes parents, je me suis dit que c’était l’occasion d’y aller et voir la famille. Mais pas de bol, on s’est planté de parcours, on n’a pas choisi le vrai Paris-Dakar, mais un ancien trajet. C’était le trajet des années 80, 1984 pour être plus précis. Je comprends qu’ils gardent le nom Paris-Dakar, c’est Marketing, mais ils doivent donner un dépliant spécial, au moins, sinon il y a confusion. Ce qui nous est arrivé à nous. C’est le minimum à mon sens, pour bien nous expliquer avant la course que le Paris-Dakar n’est pas vraiment le Paris-Dakar en fait. C’est Paris-Dakar, mais ça ne part pas de Paris et la course ne se termine pas à Dakar. Mais c’est plus une course, c’est une devinette Carambar leur truc. C’est comme si le restaurant Maxim’s était racheté et que le nouveau proprio fait des kebabs. Tu vas l’appeler Maxim’s Kebab, normalement, non ?. Pour avertir, tu ne vas pas garder le même nom, c’est logique. Il faut expliquer. Ou bien, tiens, je vais leur montrer aux organisateurs que je ne suis pas rancunier. Je vais leur donner une solution pour qu’il n’y ait plus aucun participant qui se plante de trajet. Que les organisateurs appellent leur course le Paris-Lima-Córdoba-Dakar. Au moins, on sera informé en voyant la ligne d’arrivée, la vraie, quand on arrive à Córdoba. Mais bon, dans quelques années on en rira. Mais là, j’en frémit encore. Heureusement que des migrants traversant le Sahel pour rejoindre l’Europe, nous ont donné de l’eau et de la nourriture, sinon on ne serait pas ici en train de vous parler. Nous avions rencontré des caravanes de nomades sur des dromadaires, mais ils nous ont pris pour des groupes terroristes armés et chaque caravane s’enfuyait en nous voyant. Fallait voir comment ils détalaient, je ne savais pas que les dromadaires courraient si vite. Mais nous tenons à remercier de tout cœur les migrants qui nous ont aidé, alors qu’ils n’avaient que si peu. Mais ils l’ont fait, ils nous ont sauvé la vie. Merci à eux », précise l’un des coureurs auto égaré prénommé Mamby, français d’origine nigérienne, Professeur-Docteur en Sciences économiques dans la prestigieuse Université Panthéon-Sorbonne.

« Il sursaute dès qu’il entend un bruit de moteur »

Quant à Bastien, les médecins ont indiqué qu’il est totalement rétabli. « Hormis le fait qu’il sursaute dès qu’il entend un bruit de moteur, notre patient du désert, comme on l’appelle ici à l’hôpital, va très bien. Nous n’avons plus de pochettes de sérum glucosé en stock, mais Bastien va bien. Nous lui avons injecté toutes les doses que nous avions. Heureusement que la Croix Rouge nous fournira des stocks de sérum glucosé supplémentaires. Ils sont en route là, mais nous leur avons demandé de couper les moteurs de leurs véhicules quand ils entreront à l’hôpital, pour ne pas brusquer Bastien.

L’organisation du Paris-Dakar a fait savoir que des fascicules, avec des explications très précises du trajet officiel, seront donnés en triple exemplaires à tous les participants des prochaines éditions.

 

 

 

Crédit-photo : Hipses, reshot.

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