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Les oies cendrées rejoignent les Gilets jaunes et fientent en masse sur les bâtiments de l’Elysée et de Matignon.

Pour les oies de France et de l’étranger, la décision du gouvernement de rallonger la période de chasse de leur espèce est la goutte de porto blanc qui fait déborder la terrine de foie gras. Les adorables volatiles ont montré leur mécontentement de manière singulière, politiquement et socialement parlant.

Les oies cendrées protestent, à leur façon, contre l’intention du gouvernement de rallonger d’un mois supplémentaire la période de chasse les concernant directement et anatomiquement.

« Ils vont voir de quel duvet je me chauffe »

« Dès le 9 janvier de chaque année, je commençais à souffler un peu, je contemplais le paysage, sans paranoïa aucune. J’étais gaie comme un pinson, mais ça, c’était avant, malheureusement. Là, je vais devoir éviter les plombs de ces connards (chasseurs, ndlr) un mois supplémentaire. Le temps passe vite, certes, mais pas quand les chasseurs te reluquent comme des puceaux en rut reluquent les vidéos diffusées dans les sites internet pour adultes. Ils sont bien gentils au gouvernement de vouloir faire plaisir à ces crétins (chasseurs, ndlr), mais il y a des limites à la bestialité (humanité, ndlr). Nous les oies, nous en avons marre d’être les dindons de la farce. En tout cas, ma décision est prise. Je ne bougerai pas de ce rond-point bloqué. L’Elysée et Matignon, ils vont voir de quel duvet je me chauffe. D’ailleurs, je tiens à remercier les Gilets jaunes pour leur accueil, c’est vraiment chouette de leur part. Face à ce permis de tuer des oies d’un mois supplémentaire, je ne me cacherai pas pour mourir. Je resterai debout et digne sur mon rond-point, aussi fière qu’un paon », prévient Mimi, une oie cendrée en colère, aussi bavarde qu’une pie.


« Gilets jaunes, oies cendrées, même combat »

Des Mimi, elles sont des dizaines de milliers d’oies cendrées à vouloir en faire de même. Ainsi, les pourtant inoffensifs palmipèdes rejoignent les Gilets jaunes en masse. « Vu qu’on est toujours dans notre rond-point et qu’on va pas au boulot, on a moins d’oseille. Et qui dit moins d’oseille, dit moins de pognon pour acheter à bouffer. Mais là, même si on a le ventre vide, on va pas les becter les gentilles oies cendrées. Les Gilets jaunes et les oies cendrées ont des revendications différentes, même si, des fois, on se fait tirer à coups de flash-balls par les CRS. Je ne leur en veux pas, ils font leur boulot. Malheureusement, leur boulot consiste davantage à se défendre des casseurs et du boxeur qui profitent de nos rassemblements pacifiques pour montrer leurs muscles. Tous les casseurs ne sont pas musclés. J’en ai vu des spécimens qui pesaient 60 kg à tout casser. Mais leur avantage, c’est leur vitesse. Des casseurs couraient plus vite que des lièvres. Pendant que certains CRS coursaient les casseurs véloces et que d’autres CRS tentaient d’éviter les uppercuts des casseurs musclés, ces lâches de pilleurs en profitaient pour nous piquer nos affaires, nos sandwichs et nos porte-feuilles. Cette aide de la part des oies cendrées n’est pas de trop. Les adorables palmipèdes veulent voyager paisiblement et nous, on veut vivre paisiblement aussi, sans devoir subir la pauvreté, même quand on travaille. On est du même côté des emmerdes elles et nous. Gilets jaunes, oies cendrées, même combat. Toutes les catégories de manifestantes et de manifestants peuvent venir avec nous, les Gilets jaunes, sans crainte. Amies oies cendrées, même si on a vraiment faim à cause du Macron et de l’autre qui a deux prénoms (Edouard Philippe, ndlr), le Premier ministre, sachez camarades oies cendrées qu’on vous mangera pas. C’est promis. Et puis, franchement, on va pas mettre dans notre assiette, celles et ceux qui nous aideront à pouvoir remplir notre assiette tous les jours. Les oies veulent voyager tranquille et nous, on a pour objectif de pouvoir remplir notre frigo, tranquillement aussi, et aussi et surtout, dignement. Que le gouvernement arrête de faire la politique de l’autruche et qu’il voit la réalité en face. La manière à laquelle nous traite ce gouvernement nous est restée en travers du gosier. On en a marre, nous les Gilets jaunes et nos camarades les oies cendrées aussi. On ne bougera pas d’ici, tant que nos revendications ne seront pas entendues. Finis les miroirs aux alouettes qu’ils nous font miroiter le Président et les ministres. Je ne parle même pas des lois que les oiseaux de mauvaise augure (parlementaires LaREM, ndlr) de l’Assemblée nationale votent pour nous faire rester le bac dans l’eau. On fera le pied de grue s’il le faut, quitte à y laisser des plumes », hurle un Gilet jaune, tout en contemplant avec gourmandise une dodue manifestante oie cendrée au ravissant plumage gris-brun.

« Traverser toute la France d’une seule traite en formation en V »

En plus de bloquer les rond-points, les oies cendrées fientent sur les bâtiments de la présidence et des ministères. L’Elysée et Matignon n’ont pas encore fait de communiqué, suite à ce ralliement inédit dans l’histoire de la 5ème République, ainsi que de celles qui la précèdent. « La dernière fois que des volatiles ont déféqué que des êtres humains et sur des habitations ou des commerces, volontairement, ce fut durant la Grande famine de 1709. C’était compréhensible de la part de ces oiseaux. Ils devaient traverser toute la France d’une seule traite en formation en V, sans poser une patte au sol. Sinon, c’était direction l’estomac, sans escale sur le grill pour la cuisson. Les gens avaient tellement faim qu’ils n’attendaient pas que la viande soit suite. Ils la mangeaient crue », indique un historien de la viande.

« Au sens propre, pas uniquement au figuré »

La joie est à son comble au siège politique des Ecologistes-Les verts, mais également dans les foyers éco-responsables sans pertes de chaleur de tous les écologistes de France. « Des dizaines de milliers d’oies qui chient sur l’Elysée et Matignon, à l’unisson, c’est génial, mon rêve est enfin devenu réalité. Depuis que Macron a caressé dans le sens du poil ces enfoirés de chasseurs avec la baisse du permis de chasse, je rêve d’un tel acte revendicatif. Ces gentils palmipèdes chient sur les bâtiments et dans les cours de l’Elysée et de Matignon, mais vraiment, pour de vrai, au sens propre, pas uniquement au figuré. D’autant, je suis contre la violence, mais ces actes, je les approuve et je les encourage. Merci les oies cendrées, je suis fière de vous », explique une écologiste convaincue, accessoirement manifestante Gilet jaune pour nourrir les oies cendrées entre deux jets de fientes à l’Elysée ou à Matignon.

« Pour une fois que l’on faisait plaisir à quelqu’un »

« On augmente les prix des carburants, on nous gueule dessus. On fait monter la CSG, on nous hurle dessus. On baisse les APL, on nous crie dessus. Pour une fois que l’on faisait plaisir à quelqu’un, en l’occurrence les chasseurs, voilà que ces connasses d’oies cendrées s’y mettent aussi. D’autant, les chasseurs ne nous effraient pas, mais ces satanées volailles (oies cendrées, ndlr) oui. C’est bourré de microbes leurs fientes de merde. Si on ne peut plus faire plaisir à personne, où va-t-on là ? », demande un élu parlementaire de la majorité libérale, tout en engloutissant son club sandwich à la dinde.

Les manifestants s’apprêtent déjà à célébrer, dans tous les rond-points de France, les premières éclosions de bébés oies cendrées qui auront lieu à partir du 24ème acte des Gilets jaunes, en mai prochain.

 

 

 

Crédit-photo : minka2507, pixabay, cc0.

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