Vêtue de son gilet jaune tout neuf, Anne Hidalgo empêche les locomotives diesel de la SNCF de rentrer dans Paris intra-muros.
La scène est à la fois inédite et surprenante. La Mairesse (Maire, ndlr) de Paris, Anne Hidalgo, a été aperçue en train de bloquer l’entrée en Gare d’Austerlitz à toutes les locomotives fonctionnant au diesel de la SNCF.
Anne Hidalgo, accompagnée de dizaines de fonctionnaires de la Mairie de Paris, a ordonné de bloquer les voies ferroviaires menant à la Gare d’Austerlitz, au niveau de l’Avenue de France, dans le 13ème arrondissement de la capitale. En ce moment même, ces inattendus Gilets Jaunes sont tous vêtus de leurs fluorescents gilets jaunes tout justes sortis de l’emballage, car spécialement achetés pour l’occasion. « Je ne comprends pas. Normalement, ils sont de notre côté normalement les bobos (socialistes, ndlr) de la Mairie de Paris. Pourquoi ils nous font ça ?. Et surtout, pourquoi maintenant ? », s’étonne un élu LaREM.
« Le diesel, c’est beurk »
« Personne n’a de voitures à la Mairie de Paris. On roule tous à vélo. Pour nos voyages, nous ne prenons que les trains électriques ou les avions qui volent au kérosène. Le diesel, c’est beurk. Ça pollue et ça gâche l’environnement. Le gâchis, c’est anti-écologique. Et les écologistes sont nos amis électoraux, écrivez-le bien dans votre article. On veut être réélus en 2020 », murmure avec une frénésie contenue un élu socialiste, sous le regard émerveillé de Gilets Jaunes qui bloquent le périphérique voisin.
« A Paris, nous n’aimons pas attendre »
La Mairesse de Paris (Maire de Paris, ndlr) demande l’interdiction de pénétrer dans l’enceinte de Paris intra-muros aux locomotives fonctionnant au diesel. Le PDG de la SNCF, Guillaume Pépy, avait annoncé, la semaine dernière, que les locomotives marchant au diesel seraient hors-circulation à l’horizon 2035. « 2035, c’est trop. A Paris, nous n’aimons pas attendre. Nous faisons tout vite, très vite même. On marche vite, on mange vite, on boit vite, on pense vite, on parle vite, on fume nos cigarettes électroniques vite, on travaille vite, on lit vite, on pianote sur nos smartphones vite, on pisse vite. Il n’y a que les préliminaires qu’on ne fait pas vite (rire) », fait savoir un élu parisien, accessoirement éjaculateur précoce.
« Ça fera bien chier Macron, Castaner et l’autre qui a deux prénoms »
Les vaillants automobilistes Gilets Jaunes sont à la fois époustouflés et irrités par les scènes en plein milieu des rails. « Pourquoi est-ce que les CRS ne leur balancent pas de la lacrymogène en pleine tronche comme ils le font à nous ?. C’est parce qu’il y a la Maire de Paris (Mairesse de Paris, ndlr) ?. C’est de la dispersion de manifestants à deux vitesses, là. T’es d’accord avec moi ou pas mon petit ? », me demande un Gilet Jaune de 63 ans, triplement affecté, à la fois par la hausse de la CSG qui réduira sa future mince retraite, affecté par la hausse du prix du carburant et également touché par le gaz liquide de lacrymogène incorporé dans ses yeux. Il ajoute, « Bordel, j’y vois plus rien !. En plus, ma mutuelle ne rembourse pas les lunettes. S’il te plaît gamin, tu peux m’aider à garer mon 64 tonnes au milieu du périphérique ?. Mais gare-le sur le flanc comme ça leur putain de remorqueuse de la fourrière mettra plus de temps pour le déplacer sur le côté. Le mieux serait de foutre mon bahut les 24 roues en l’air. Les 8 essieux doivent mâter le ciel, c’est préférable. Ça fera bien chier Macron, Castaner et l’autre qui a deux prénoms, celui du gouvernement dont personne ne connaît le nom de famille. Tu sais, l’autre qui a deux prénoms, comme les bourges. Tu sais l’autre là, celui qui est Premier ministre (Edouard Philippe, ndlr). Tiens les clés. Tu verras, ça sera fastoche. Il y a du verglas en plus. Le camion se renversera sur le periph’ en 2 petits coups de volant brusques ».
Le gouvernement va envoyer un négociateur pour parlementer avec Anne Hidalgo dans les prochaines heures. « Nous allons envoyer un émissaire breton ou corse. Tous nos autres fonctionnaires LREM de province sont à chaque fois subjugués quand ils entendent une parisienne ou un parisien parler. Il n’y a qu’en Bretagne ou en Corse que les gens ne sont pas hypnotisés par les parigos. Ne me demandez pas pourquoi, je n’en sais fichtre rien », précise un haut cadre de LaREM.
« Savoir qu’on ne plaisante jamais avec les bobos »
A 18 heures, ce mercredi, plus de 8.200 TER, RER, Intercités et trains de Fret de la SNCF sont bloqués aux portes de la capitale française. « Putain, j’ai 2.000 tonnes de légumes bio dans mes wagons. Les parisiens deviendront dingues s’ils n’ont pas leurs putains de légumes sans pesticides. Les personnes qui bloquent doivent savoir qu’on ne plaisante jamais avec les bobos bouffeurs de produits bio. Une étude a révélé que le bio rend aussi addict que le crack. J’ai lu ça dans une revue quand on faisait grève avec mes collègues cheminots », révèle un conducteur de train de marchandises.
Crédit-photo : Eole99, Wikimedia Commons, cc by-sa 3.0.