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Bleus 98 : les précieux conseils des anciens à l’attention des Bleus 2018, les futurs champions du monde.

Alors que la victoire de la France en finale de la Coupe du monde, en 1998, est encore vive dans toutes les mémoires, d’anciens tricolores profitent, involontairement, de la notoriété apportée par l’exploit historique réalisé par leur équipe au siècle dernier. Ils tiennent à conseiller les Bleus 2018, afin qu’ils ne tombent pas dans les mêmes pièges.

 

La France a été championne du monde, pour la première et seule fois, jusqu’à dimanche prochain, de son histoire sportive, en 1998. Cette magnifique victoire apporte, encore maintenant, vingt longues et ennuyeuses années plus tard, une joie immense et incommensurable à des millions de français.

Alors que l’équipe de France, version 2018, s’est qualifiée pour la finale de Coupe du monde, qui a lieu en ce moment même en Russie, les anciens viennent donner de précieux conseils aux futurs jeunes champions du monde. L’équipe de France, coachée par Didier Deschamps, affrontera la tenace équipe de Croatie, dimanche 15 juillet, à 17 heures, à Moscou.

« Fier d’avoir soutenu les Bleus en 98 »


Les fans français de football sont heureux d’avoir participé, indirectement, à la victoire des tricolores en 1998. « Moi, j’ai gueulé comme un fou, au point d’avoir eu une hémorragie du larynx. Je suis fier d’avoir soutenu les Bleus en 98, de les avoir aidés, avec mon enthousiasme et mes cris d’encouragement, malgré le cancer du larynx que j’ai choppé tout de suite après. Le docteur avait dit que c’était tout à fait normal car j’avais gueulé comme un dingue, durant tous les matchs de la Coupe du monde 98, quand la France jouait. Je gueulais même en dehors des matchs, tout le temps, à la maison, au boulot et même à l’église. Mais cela en valait la peine, car j’ai aidé l’équipe de France à remporter la précieuse coupe. Malgré le cancer que j’ai chopé à cause de la victoire en Coupe du monde, je ne remercierai jamais assez les Bleus pour la joie et la fierté d’être français qu’ils m’ont apporté, à moi et à tous les fans de foot, à tous les citoyens et en particulier à tous ceux qui ont chopé le cancer du larynx à force d’avoir hurlé, en France, mais aussi à l’étranger. Si c’était à refaire, je le referais, je rechopperai un cancer du larynx », souligne un supporter, d’une voix rauque, à travers l’ouverture placée en plein centre de son cou.

Il faut dire que cette victoire française est historique. Du moins, elle l’a été, car les Bleus 2018 semblent être en passe de « rendre la victoire de 1998 historiquement caduque », selon plusieurs journalistes sportifs, nés après 1998.

« Les Bleus 98 resteront dans l’histoire comme étant les seuls français à avoir remporté pour la 1ère fois une Coupe du monde dans un sport collectif, ce qui n’est pas rien, il faut le dire. Il y a d’autres victoires françaises en coupe du monde dans des sports d’équipe, mais dans des sports dits ‘subalternes’, d’après le lexique officiel du ministère des Sports, comme le handball, le Rythmic Twirl, le judo, le para-tennis, l’athlétisme, le hockey sur glace, la pétanque, la dégustation de vin à l’aveugle, le slalom, le ski-bosse ou le tambourin et bien d’autres sports minimes. Le foot est considéré comme un sport majeur. En fait, c’est le seul sport majeur agréé par le ministère des Sports », indique un professeur-chercheur en Histoire du sport à l’Université Just Fontaine, située à la périphérie de la ville de Clairefontaine.

« Ils m’obligent à bouffer chez eux »

Cette victoire en 1998 a profité à bon nombre de joueurs. « Avant, personne ne me connaissait. Dès le 13 juillet 1998, on voyait ma tête partout dans les magazines et à la télé », confie un Bleu, sa médaille autour du cou. La prestigieuse coupe leur a apporté joie, reconnaissance, mais aussi d’autres gratitudes, plus concrètes. « Moi, c’est bien simple. Dès que je vais au restaurant, au supermarché ou même chez le garagiste, les clients que je rencontre m’invitent à manger chez eux. Sans même que je demande et sans même les connaître, ils m’obligent à bouffer chez eux. On n’était pas habitué. Avant le Mondial, les gens nous méprisaient car on n’arrivait pas à gagner un seul match. Mais dès qu’on a gagné la coupe, le regard des gens a changé, en bien. Même encore maintenant. Ils sont très gentils, ils m’invitent avec un sourire gentil, gourmand, presque amoureux, à la limite du pervers, avec leurs regards mélancoliques, mais je ne sais même pas qui ils sont. Cela m’a fait très plaisir, sincèrement, mais au début. Rentrer dans l’intimité des gens, le fait qu’ils me fassent confiance quand ils me montrent leurs photos de vacances, les bijoux de leurs ancêtres et les liasses de billets qu’ils cachent au fisc. Mais au bout d’un moment, je suis désolé de le dire, cela ne m’amusait plus. Mais bon, je ne peux pas dire non, même encore aujourd’hui, sinon mon capital sympathie risque de disparaître. Je ne perds pas espoir pour faire une publicité. D’ailleurs, si des sponsors sont intéressés, on est pas mal à accepter, parmi les anciens de 98, même pour des produits d’hygiène. On est beaucoup à être au ras des pâquerettes, financièrement parlant. Financièrement seulement, car sportivement, on est dans l’histoire du football français, au moins jusqu’à dimanche prochain. Allez les Bleus 2018 ! », entonne un champion du monde 98.

« A la vitesse d’une accélération de Mbappé »

Plusieurs Bleus 98 interrogés tiennent à mettre en garde les futurs champions du monde 2018. La notoriété apportée par ce trophée « ne doit pas les pousser à faire plaisir à tout le monde ». Ils conseillent de ne pas accepter toutes les invitations proposées par les fans. « Tu peux dire oui à la famille, aux amis et aux voisins, mais il ne faut pas habituer les fans. A l’époque, il n’y avait pas les réseaux sociaux. Il y avait juste le Minitel et heureusement. Mais maintenant, avec les Instagram, les Facebook, les Twitter et les Snoopchat (Snapchat, ndlr), toute information se propage à la vitesse d’une accélération de Mbappé. Il faut réfléchir à deux fois avant d’aller chez des gens, que tu ne connais même pas. Ils doivent être très sympathiques, mais si tu dis une fois, tu seras obligé de dire oui tout le temps. Sinon tu passes pour une ordure, voire pire, tu peux facilement passer pour un snob. Les Bleus 2018 pourront accepter de signer des autographes ou de faire des selfies. Nous, à l’époque, les téléphones ne faisaient pas appareil photo. On faisait les selfies avec des appareils photos argentiques ou avec des Polaroïd. C’était pas pratique, mais on ne disait jamais non. Mais les jeunes doivent faire attention, car leur notoriété sera multipliée par un milliard, dimanche prochain, quand ils seront champions du monde », révèle un ancien champion du monde 98.

« Le gars voulaient mon avis »

Il faut dire que les français aiment leurs Bleus 98, au point de leur demander des conseils, de l’ordre de l’intime, que seuls les sexologues entendent d’habitude. « C’était en 2015. Un mec m’invite, presque de force à déjeuner chez lui. Il était avec sa femme. Jusque là, rien d’anormal, Les Bleus de 98 sont invités même pour prendre le petit-déjeuner, en allant chercher les croissants à la boulangerie, le matin, vers 11 heures, midi. Les gens nous le proposent avec le sourire, gentiment. Au début, tu dis non, mais tu sais très bien que tu ne pourras pas refuser au bout de la 20ème fois que la personne te le propose, dans la même phrase. L’avantage, c’est qu’en allant chez les gens, on a davantage d’idées de décoration. Les gens nous montrent leur cuisine, leur salle de bain, leurs toilettes et même leurs caves. Mais là où je suis resté scotché et gêné, c’est quand le mec et sa femme, qui m’avaient invité, se sont déshabillés et ont commencé à faire l’amour, devant moi. Sans prévenir. Le gars voulait avoir mon avis sur la manière à laquelle il faisait l’amour à sa femme. Il voulait l’avis d’un Champion du monde. On est champions du monde, de football, pas de sexologie. Même si on se défend très bien dans ce domaine aussi (rire). On est invité, on prend le café ou l’apéro, on mange gratuitement, alors qu’on a les moyens de se payer nos repas, mais il y a des limites quand même. Direct, je suis ressorti, en courant, de chez ce couple, fort sympathique d’ailleurs. Dès que je l’ai raconté à ma femme, elle a décidé qu’on emménage illico-expresso à l’étranger », explique un Bleu 98.

« … me demander pour qui ils doivent voter »

En dehors des repas, des apéros et des digestifs, les invitations, aimablement forcées, concernent également la politique. « Je ne fais pas de politique, bordel. Que les gens, que je trouve très sympathiques, soit dit en passant, arrêtent de me demander pour qui ils doivent voter lors de chaque élection. Il faut reconnaître qu’au début, c’est distrayant. Tu fais des blagues aux gens. Un type avec une grosse montre à 40.000 euros au poignet, qui sort de sa grosse berline, pour te demander pour quel parti il doit voter et à qui tu conseilles de voter communiste, c’est marrant. Leurs demandes sont touchantes, mais non, je ne veux plus que l’on me questionne sur des choses pareilles », demande un ancien international français.

« Une transe proche de l’hystérie sectaire »

« Dès que quelqu’un pense ballon, on pense forcément et obligatoirement à la victoire des Bleus 98. En psychologie, nous rentrons dans le complexe et sulfureux domaine du cognitivo-comportemental. Les gens qui invitent des personnalités connues ne sont pas atteintes de troubles graves, je les rassure. Ces hôtes sont tout à fait normaux. Même si, en psychologie, personne n’est méthodiquement normal, comme l’avait révélé, dans une étude magistrale, le chercheur émérite Friedrich Volks Benz. Mais le fait d’avoir remporté la Coupe du monde reste et restera dans la mémoire collective française. C’est ancré en chacun de nous, comme sont ancrés les souvenirs au sujet de sa première relation sexuelle, de son premier accident de voiture, de son premier amour, de sa première dépression, de sa première fellation ou de sa première masturbation. Nous rentrons dans le domaine du médico-psychologique. Le fait de se rappeler de 98 et de voir un champion du monde français active la zone du cerveau appelée lobe pariétal. La mobilisation de cette zone du cerveau, ainsi que de ses aires périphériques, met les neurones dans une excitation inouïe. Pour parler simplement, imaginez que vous avez Fukushima ou Tchernobyl dans votre tête. Chaque français, présent au stade de France ou assis nerveusement devant sa télévision,  le 12 juillet 1998, se rappelle de cette finale. Donc, de fait, chaque français, consciemment ou non, entre dans une transe proche de l’hystérie sectaire, en voyant un joueur de l’équipe de France entraînée, à l’époque, par Aimé Jacquet. Les gens se disent alors qu’ils sont redevables envers les Bleus 98, pour la joie qu’ils leur ont apporté. Cela a été prouvé scientifiquement dans de multitudes études psychologiques, faites par d’éminents chercheurs », indique un psychiatre parisien.

« Il était temps, put*** »

Plusieurs anciens internationaux, gentiment et cordialement, harcelés psychologiquement par des fans de foot, ont été obligés de partir à l’étranger. « Tout le monde croit que c’est pour échapper aux impôts, mais non. Quand, tous les jours, les gens t’attendent devant chez toi, nuit et jour, pour te proposer de te déposer. Au début, c’est rigolo. Tu montes dans des Peugeot, des Renault ou des Citroën, comme quand tu jouais en 2ème division ou en National. Mais, au bout d’un moment, ça devenait gonflant. C’est hyper sympa de leur part, mais ça pouvait plus continuer. Donc, on a emménagé à l’étranger. Avec ma famille, on était obligés. Les supporters savaient tout de notre intimité, car on montait dans leurs voitures avec ma femme et nos enfants. On ne voulait pas paraître impolis ou hautains. On discutait avec les fans qui conduisaient, mais aussi entre nous, avec la famille. Une fois, on devait prendre l’avion pour aller à Barcelone. Un supporter nous y a conduits, en voiture, depuis Paris, d’une seule traite. On pouvait pas refuser. On a essayé pourtant, mais il pleurait toutes les larmes de son corps. Mais, heureusement, tout cela va vite finir. Je pourrais enfin rentrer en France car les Bleus 2018 vont remporter cette putain de Coupe du monde 2018 en Russie, dimanche prochain. Il était temps, put***. J’ai vraiment hâte d’être à dimanche pour retourner dans mon appartement. Je l’avais pas vendu, quand on est parti à l’étranger, juste avant la Coupe du monde 2006. On était sûrs qu’avec l’arrivée de Zizou, la France allait broder une seconde étoile sur le maillot tricolore. Pas de bol. On est toujours les seuls champions du monde français de foot. Mais là, ça va changer. Cette fois, c’est la bonne », prévoit un ancien tricolore champion du monde 98.

 

 

 

 

Crédit-photo : Wikimedia, domaine public.

 

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