France : le beurre remplace les cigarettes de contrebande.
Avec la pénurie de beurre qui sévit en France, les consommateurs font face à des étalages vides. Les contrebandiers, y voyant une opportunité, commercialisent le beurre à la place des habituelles cigarettes, entrées illégalement des pays voisins.
La crise du lait, qui a obligé les agriculteurs à réduire leur production, ainsi que le dérèglement climatique, ont entraîné une baisse de beurre produit. Le secteur de la contrebande en a profité pour vendre ce produit sous le manteau.
« Même la drogue nous rapporte moins ».
Les services des douanes ont fait ce constat alarmant, le beurre est le premier produit de contrebande en France. Alors qu’auparavant, les cigarettes et l’essence occupaient les pôles positions du classement des produits importés illégalement en France, le beurre est devenu leader. En effet, avec la pénurie de beurre, son prix a légèrement augmenté, mais ce n’est qu’un début. Le prix du beurre va s’envoler », prévient un contrebandier belge. « Les marges sont étonnement plus élevées avec le beurre. Les cigarettes sont moins rentables et même la drogue nous rapporte moins. On n’a jamais vu cela dans le secteur. De temps en temps, j’apportai de la MDMA, essentiellement de Belgique, mais là les chargements ne sont constitués que de beurre. Nous proposons également du beurre bio de contrebande. Pour la conservation, j’ai acheté un camion réfrigéré récemment », indique le trafiquant.
Les vendeurs à la sauvette utilisent des pochettes isothermes.
Toujours aussi ingénieux, les contrebandiers et les vendeurs à la sauvette utilisent des pochettes isothermes pour conserver le beurre. « La sécurité alimentaire est très importante pour nous. Nous ne ferons courir aucun risque sanitaire à notre clientèle, par valeur morale, mais aussi parce que nous jouons sur le long terme. Cette crise du beurre, avec les aléas climatiques et les contraintes imposées par l’Union Européenne, durera des années, voire des décennies », souligne Farid, vendeur à la sauvette à Barbès-Rochechouart, dans le 18ème arrondissement de Paris. « Mes collègues et moi ne vendons plus de cigarettes en provenance essentiellement d’Algérie. La valeur ajoutée pour le beurre est bien supérieure à la cigarette, impactant positivement sur l’excédent brut d’exploitation », confie Farid.
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