« Vivre quitte à mourir » : « Le message de M. Bedos sur les mesures covid pourrait être interprété comme un appel au suicide collectif, mais non, pas du tout, foi de gourou », éclaire le CEO d’une secte.
Le message diffusé par l’acteur-dramaturge-auteur-scénariste-metteur en scène-réalisateur Nicolas Bedos a affolé la toile. Dans un long message, il appelle à ne pas respecter les mesures anti-covid pour « vivre » plutôt que « mourir ».
Dans une lettre postée sur les réseaux sociaux, le doué Nicolas Bedos a fustigé les mesures barrières. Il a appelé à enlever les masques, quitte à voir de la fièvre. « Il n’a pas parlé des tubes des appareils respiratoires artificiels, gros comme des canalisations, que les maladies du covid ont d’intubé dans la bouche, pourquoi ? », demande un ancien malade du covid, qui est passé à deux doigts d’oxygène de rencontrer Saint-Pierre.
« »Il est bien gentil le petit Nicolas, mais… »
Appelant à faire fi du confinement, à l’exception des « parents fragiles », le talentueux humoriste souffle de « vivre à fond », et conseille d’aller au restaurant, quitte à engueuler les « flicaillons » ou contredire les patrons. « Il est bien gentil le petit Nicolas, mais ça se voit qu’il ne connaît pas mon patron. Même quand j’ai la gastro, il m’ordonne de venir travailler. Rien, ni personne ne peut le faire changer d’avis, ce con. C’est pas le covid qui va l’empêcher de m’engueuler pour ne pas avoir mis mon masque de protection au bureau ou pour avoir le gueule de bois, le matin, après une soirée trop arrosée », se désole un salarié de 56 ans.
« Ça donne presque envie de finir aux urgences »
Cravachant les « lâches directives gouvernementales », urinant de manière imagée sur les « pisse-froid », balayant « les tweets mélodramatiques » et admonestant « les donneurs de leçons », le réalisateur de talent, et vainqueur du César du meilleur scénario original pour le sublime film « La Belle Époque », recommande de vivre « à fond », et même de « tomber malade ». « C’est super sympa de sa part, ses conseils. Franchement, ça donne presque envie de finir aux urgences, son message à Bedos, mais je vais passer mon tour. Il ne pense pas à mal en conseillant de profiter de la vie et de chaque instant, mais je dois être à jour dans mes cours. En plus, mes parents n’ont pas les moyens de payer mes obsèques. Ils n’ont même pas de quoi s’enterrer eux-mêmes. Déjà qu’ils paient mon studio qui coûte la peau des fesses », explique une étudiante, qui ne peut pas se permettre de redoubler en raison des montants exorbitants des loyers parisiens.
« Je vais niquer à tout-va, avec supplément cunnilingus »
Urgentistes, réanimateurs, anesthésistes, infirmiers et virologues sont dépités. Ils n’arrivent pas à comprendre ce qui a pu passer par la tête du « mec marrant » à appeler les gens à prendre des risques « inconsidérés, au détriment de toutes règles sanitaires logiques », selon une infirmière. « Il est chtarbé le mignon bobo (Nicolas Bedos, ndlr) ! Ça se voit que ce n’est pas lui qui a travaillé pendant plus de 2 mois en dormant 3 heures par nuit, les bons jours. Il faut savoir raison garder. En période de confinement ou pas, qu’il vienne voir nos conditions de travail, et surtout, l’état dans lequel est chacun de nos malades et de leurs familles », ajoute-t-elle.
« Il pense à nous »
Mais d’autres ont entendu ses précieux conseils. « Il a raison à 100%. Je vais vivre à fond, rien à foutre ! Nous ne sommes pas en dictature, à ce que je sache ? Bon, je tousse déjà, j’ai 39° de fièvre en moyenne tous les jours, des nausées à n’en plus finir, en plus des cascades de diarrhée, mais je vais sortir, dès ce soir. Je vais embrasser à plus soif. Je vais niquer à tout-va, avec supplément cunnilingus. J’aurais tout le temps de récupérer quand je retournerai à ma chambre d’hôpital, indique un trentenaire en stade 5, atteint d’une maladie rare. On n’est pas nombreux à avoir ma maladie, donc les labos pharmaceutiques s’en fichent de nous. Ils ne sont pas comme Monsieur Bedos. Il est gentil, lui. Il pense à nous. »
« Mourir le plus tard possible »
Pour une fois, les discrètes sectes ne sont pas restées silencieuses. Le chef d’une célèbre, mais obscure, religion non-reconnue par tous les états de la planète, à l’exception du Delaware aux États-Unis, a tenu donner son avis sur les suggestions de Nicolas Bedos. « Le message de M. Bedos sur les mesures covid pourrait être interprété comme un appel au suicide collectif, mais non, pas du tout, foi de guru. Nous, par exemple, jamais nous n’appelons à enfreindre les règles sanitaires. Pourtant, nous déconseillons la prise de médicaments ou de se faire vacciner. Monsieur Bedos fait pareil. Il appelle à vivre, mais sans certaines contraintes. Mais, contrairement à lui, je pense que les masques sont primordiaux. Et puis, sans les dons de nos dociles fidèles, comment pourrions-nous construire un temple par mois dans le monde ? En plus, les villas attenantes où logent nos chefs religieux coûtent une blinde. Sans parler des jets privés, grands consommateurs de kérozène. Non, il faut respecter les gestes barrières, coûte que coûte. Ce n’est pas parce que nous demandons à nos fidèles et maniables disciples de ne pas manger pendant 5 jours d’affilée, de faire des nuits de 10 minutes ou de vider leurs comptes bancaires dans les nôtres pour qu’ils se délestent des nocifs biens matériels, qu’il faudrait, en plus, les envoyer à la morgue, ces imbéciles heureux. Il faut vivre, mais surtout, mourir le plus tard possible. »
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