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Confinement : seules les librairies qui vendront des accessoires de chasse seront autorisées à ouvrir.

Alors que les chasseurs ont bénéficié de largesses lors de ce second confinement, les férus de lecture se sentent bridés par la fermeture des vitales librairies, jugées non-essentielles par le gouvernement.

Les chasseurs sont autorisés à pratiquer leur passion à raison d’une heure au plus par jour, et à moins d’un kilomètre de leur domicile. Cependant, les passionnés de lecture, qui ne bénéficient pas du même traitement, pensent qu’ils valent un pet de lapin aux yeux du gouvernement.

« On est dans le pâté… »


« D’autant, je ne suis pas un perdreau de l’année, mais je les ai cru, ceux du gouvernement, avec leurs yeux de biche, quand ils disaient que la culture était essentielle, avant le confinement, indique, chagriné, un libraire. Comme on est crédules, on s’est jeté dans la gueule du loup. Résultat : on est dans le pâté, sans même avoir picolé. Normal, on n’a plus d’oseille après avoir payé le loyer. Les ingrats ! C’est quand même grâce à nous, indirectement, grâce à nos bouquins qu’ils sont comme des coqs en pâte avec leurs postes de Président et de ministres. Je ne te raconte pas le nombre de ministres que j’ai conseillé en termes de lecture. Tu ne fais pas l’ENA ou Sciences Po en lisant des romans de gare. Avec tout le respect que j’ai pour les livres qui se lisent le temps d’un aller-simple Paris-Nantes en TGV. C’est grâce à nous que les ronds-de-cuir en ont dans le chou, sacré nom d’un e-book. »

Les dindons de la farce…

« Moi, je fais une pause de 10 minutes entre deux séances de tir au cerf, comme ça, je reste dans les clous. Mais ce n’est pas facile, se désole un chasseur, tout en nettoyant son fusil de chasse. Lors des confinements, il y a un nombre fou de joggeurs. Ils pourraient montrer davantage de respect vis-à-vis de la nature quand ils détalent comme des lièvres en faisant leur running à la noix. Ils pourraient laisser le gibier tranquille. Il faut savoir qu’un gibier apeuré, ça donne de la mauvaise viande, par rapport à un chevreuil ou à un sanglier qui se fait canarder alors qu’il rêvasse tranquillement et naïvement. Le sang du gibier stressé est plus gluant quand on le dépèce en forêt. »

S’estimant être les dindons de la farce, les propriétaires de librairies ont manifesté leur colère à travers des séances de lecture de romans à l’eau de rose, faisant le pied de grue devant le Palais de l’Élysée, Matignon, le ministère de la Culture et le Parlement. Le pressing psychologique a atteint son objectif. « Madame Bachelot a adoré nos séances publiques de lecture devant son ministère. C’est une grande romantique », explique un libraire.

« Du plomb dans l’aile »

Le gouvernement les donc autorise à rouvrir, mais sous condition. Ainsi, ils devront vendre des accessoires de chasse, en plus des livres, pour éviter la fermeture pour raison sanitaire. « Sans nous, les libraires, tous les amoureux de lecture seraient sous antidépresseurs. Mais ça, personne ne le dit. En plus, ma passion, c’est de faire découvrir et, accessoirement, de vendre des bouquins, pas de commercialiser des cartouches spécial renard-chevreuil ou des canardouzes. Mais là, je n’ai pas trop le choix, sinon je ferme boutique. Ce n’est plus du plomb dans l’aile que l’on a, mais toute la cartoucherie », confie la propriétaire d’une librairie.

 

Crédit-photo : pxhere, cc0.

 

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