Inspections des distanciations physiques dans les cafés : le gouvernement demande aux patrons d’arrêter d’offrir des verres aux policiers.
Ce qui ne devait être qu’un contrôle de routine s’est transformé en beuverie aussi cordiale que géante. Cette visite rentrant dans le cadre de la vérification des établissements tels que cafés, bars, brasseries, restaurants et bars, afin de s’assurer qu’ils respectent bien la distanciation physique. Ainsi, un bar parisien a vu le nombre de policiers passer de deux à plus de 60, en l’espace de quelques verres bien dosés. « On a résisté autant que l’on a pu, mais à un moment : on a accepté l’invitation désintéressée d’un patron de bar. Absolument tout était conforme chez lui. Il a même contraint ses clients à porter un masque à l’intérieur de son établissement. C’est du jamais-vu. Il a même posé des parois en plexi. A la fin de notre visite, il nous a offerts à boire un verre. On a quand même fait 20 cafés avant lui, tout en restant sobres, sans rien picoler, explique un agent des forces de l’ordre. Mais à un moment, il ne faut pas oublier qu’on est des humains. Comme tout le monde, à un moment, tu ne dis pas non pour t’hydrater le gosier, comme tout le monde. Et puis, dans les spots télé, ils disent qu’un verre ça. Mais je ne bois jamais pendant le service ». Un consultant, passionné d’œnologie, a analysé cela en expliquant que « l’alcool décuple l’envie de partager les bons moments ». C’est donc la raison pour laquelle les deux policiers ont appelé leurs collègues. Ajoutant que « c’est tout à leur honneur. »
Ainsi, de fil en aiguille, les deux policiers ont invité leurs collègues à les rejoindre pour « être certains que les gestes barrières étaient respectés dans le dit-café », confie un autre policier, arrivé en renfort, toutes sirènes hurlantes. « Je n’ai pas vu un flic accepter un verre offert par un patron de café ou de bar depuis les années 80. A partir de 1990, les policiers sont devenus très stricts, trop même. A l’époque, les anciens, ils nous laissaient même nettoyer leurs flingues quand on picolait avec eux. Même bourré, je faisais reluire un Manurhin comme un sou neuf. Tout ça, c’est du passé, malheureusement », se désole un client âgé de 95 ans.
Pour éviter toutes autres perturbations qui pourraient « ralentir la cadence des contrôles de la part de nos valeureux policiers », selon un membre du ministère de la Santé, le gouvernement a demandé aux propriétaires de cafés, bars, brasseries, restaurants et pubs « de ne plus leur offrir de verres ».
« Un verre, ça remonte le moral, certes. Nous en sommes conscients au gouvernement. De plus, nous savons ô combien est difficile le métier de policier, surtout en ce moment. Ils en bavent, les pauvres. Les patrons de cafés et de bars pensent bien faire, mais non. Nous ne leur jeton pas la pierre, mais ils doivent cesser de proposer des verres à nos policiers », explique un ministre.
« Je ne pensais pas à mal, moi. Nos policiers bossent comme des malades. Ils font des heures supplémentaires. Ils se font insulter à longueur de journées alors qu’ils travaillent pour le bien de tous. En plus, ils subissent des violences contre eux, mais ils gardent tout leur calme, malgré tout. Mon arrière-grand-père portait le képi. Pour un regard de travers, il tirait une balle dans le pied du mec qui ne le respectait pas. Maintenant, ils disent que ce n’est pas réglementaire. Ils doivent même justifier chaque balle de tirée sur les délinquants qui les canardent avec leurs Kalachnikov. Pour les verres qu’on peut plus offrir, si c’est la consigne, j’essaierai de ne plus les inviter, mais ça va être dur. Je les aime bien nos flics, moi. Je te ressers un quatrième verre, le journaliste ? Ne dis pas non, ça me fait plaisir. Tu ne vas pas me fâcher ? Attention, c’est très susceptibles, les cafetiers. Pourquoi on vote à droite, selon toi ? », me demande un sympathique propriétaire de café-bar-restaurant.
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