Tout comprendre de l’inintelligible Ligue des Nations de football.
Nombreux sont les spectateurs et téléspectateurs, hommes et femmes, qui regardent avec attention, admiration, mais aussi gourmandise, les rencontres sportives de la très médiatique Ligue des Nations (Nations League), organisée par l’éminente UEFA, filiale commerciale européenne de la FIFA. Mais, en réalité, peu de personnes savent comment fonctionne concrètement cette nouvelle compétition économico-sportive d’envergure. Lejournalnews.com vous explique de manière simple et détaillée le fonctionnement de cette implexe épreuve.
Cette année 2018 voit l’arrivée d’une nouvelle compétition de football, la Ligue des Nations de l’UEFA (UEFA Nations League), qui mettra en transe les fans de 55 équipes européennes. Jusqu’ici, seules les rencontres amicales faisaient patienter les supporters de foot européens, en constante quête d’adrénalines émotionnelle et sportive, pour voir les vrais matchs qui ont lieu tous les 4 ans, lors du Mondial et de l’Euro.
« Heureusement qu’il y a la Coupe des clubs champions (Champions League, ndlr) », précise un fan de foot, sa télécommande à la main. Mais l’UEFA a trouvé un moyen innovant pour contenir les ardeurs des supporters des 4 coins d’Europe et d’Asie. « Hé !. Connard !. Tu parles de quel pays quand tu dis Asie ?. Même si elle est éloignée de ton pays, ma nation est européenne. En tout cas, l’UEFA l’a dit », m’explique un supporter d’un pays très lointain, situé dans les steppes, à seulement quelques kilomètres des côtes du Pacifique. Il ajoute, « mon pays n’est pas dans l’Union européenne, mais ce n’est pas une raison pour être condescendant. Il y a bien des 2ème, 3ème ou même 4ème de championnat, parmi tes pays européens, qui sont en Ligue des Champions. C’est pas contradictoire, ça ?. Ils ont gagné quoi ?. Rien !. Et pourtant, ils sont en Champions League. Dans Ligue des Champions, il y a champions, je te signale. Tu la ramènes moins là, enculé. Oui, c’est ça. Casse-toi. Pars en courant tête de con ».
« C’est mieux pour le business »
Dans le cadre de ses stratégies BtoB et BtoC, la renommée start-up UEFA a donc lancé sur le marché, pourtant très concurrentiel du football, la novatrice Ligue des Nations. « Les centaines d’études qualitatives et quantitatives que nous avons réalisées le montrent très bien. Ça fait chier les consommateurs (fans de foot, ndlr) de chacun des pays développés, comme la France, l’Allemagne, l’Angleterre, la Suisse, les Pays-Bas ou les pays scandinaves, de voir leur équipe affronter de petites nations pauvres économiquement, mais aussi un peu sportivement. Mais juste un peu pour le volet sportif. Mais maintenant, il faudra ôter l’Allemagne de nos sondages. Avec ses résultats depuis le début de la compétition, la Mannschaft sera bientôt en Ligue C ou D, malheureusement. Quelle tristesse et quelle désolation. Vraiment quel dommage. Ça nous fera des manques à gagner énormes pour l’UEFA. Les sponsors et annonceurs allemands sont de très bons payeurs en plus. Nous serons obligés de baisser nos prix. Quand vous voyez l’équipe actuelle d’Allemagne, elle a toute sa place dans la poule D, sans manquer de respect aux nations de la poule D. Donc, pour parler plus sérieusement, notre idée de génie a consisté à créer une compétition qui puisse regrouper les équipes par niveau à la fois footballistique, mais aussi et surtout financier. Et puis, les sponsors préfèrent. Le tarif d’un panneau publicitaire ne sera pas le même si la publicité est en Angleterre ou si elle est au machintrucistan ou dans je ne sais quel bled perdu où l’éclairage des stades fonctionne grâce à des groupes électrogènes ou au charbon. Classer les équipes par niveau, c’est mieux pour le business », constate un cadre financier.
« C’est très bien cette répartition. J’en avais marre de me faire voler mes affaires, dès la sortie de l’avion, sur le tarmac, avant même d’entrer dans l’aéroport. Il faut savoir qu’il y a des pays où les mafias ne contrôlent pas les services des douanes. Non !. Dans certains pays que je ne nommerai pas, les mafias gèrent carrément tous les services aéroportuaires, douanes comprises. Résultat, les agents des douanes se servent directement dans nos valises et dans nos bagages à main, devant nous, lors des contrôles aux frontières, à l’arrivée. Moi, ce n’est pas le fait qu’ils portent une arme qui me fait le plus peur. C’est davantage les tatouages que certains agents aux frontières ont autour du cou ou sur le visage. Quand tu vois une tête-de-mort tatouée sur un gars qui fait son marché dans tes bagages, tu ne penses pas à faire une réclamation, non, tu ne penses qu’à voir ton match et à vite repartir chez toi. Une fois, c’était même un parlementaire qui a fouillé dans mon porte-feuille et qui m’a emprunté 6.000 euros, sans me le demander avant, soit dit en passant. D’ailleurs, vous me faites penser qu’il ne m’a toujours pas remboursé. Il faut dire qu’il ne m’a pas demandé mon numéro de téléphone. Je n’ai rien osé lui dire. Il ne parlait pas notre langue en plus. Il avait un gros tatouage en forme de crucifix sur le front. Mais il a sûrement dû oublier. Mais attention, je sais que tous les pays des ligues B, C et D ne sont pas comme ça. Ils ne sont pas tous dirigés par les mafias locales », indique avec insistance un fan de foot suisse.
« En fonction de leur coefficient UEFA »
Mais au lieu de tirer au sort les équipes, la riche UEFA a fait les choses différemment cette fois-ci. Les équipes sont réparties en 4 ligues, A, B, C et D, chacune composée de 4 groupes. Les chercheurs ont classé les 55 équipes nationales en fonction de leur coefficient UEFA, mais aussi en fonction d’autres critères, tout aussi importants. Ainsi, s’ajoutent diverses données sportives (nombre de cartons jaunes et rouges, nombre de buts marqués et encaissés, nombre de simulations, nombre d’insultes et de menaces à l’encontre des arbitres et des agents de la VAR…), PIB, classement à l’ONU, avec un avantage pour les pays siégeant au Conseil de sécurité à New York. « Nous avons aussi pris en compte le taux de criminalité et le nombre de prostitués par habitant, pour chacun des pays, pour faire les poules et les groupes. Les pays de la Poule A ont moins de putes, pour mille habitants, que les autres poules. C’est par ordre décroissant. Les tarifs pour les publicités sont aussi décroissants de la Ligue A à la Ligue D. La Ligue D étant notre marque de distributeur (MDD, ndlr), avec des prix très bas. C’est nettement moins cher », explique un expert de l’UEFA.
« Capter la substantifique moelle »
Alors que les ligues et les groupes sont compréhensibles par le commun des mortels, nombreux sont les spectateurs et téléspectateurs à ne pas réellement capter la substantifique moelle et le fonctionnement, les tenants et les aboutissants de cette prestigieuse compétition sportive. « Moi, je regarde mon équipe, je veux qu’elle gagne à chaque match, c’est tout. Je sais pas pour quoi ils jouent exactement et je m’en fous un peu beaucoup. Je gueule comme un fou à chaque match, devant ma télé, et peu importe l’objectif. Il gagne un truc à la fin ?. Tu sais ou pas ?. Bref, les joueurs doivent mouiller le maillot, point barre transversale. Je dis ça à ma femme, à chaque match, quand je suis confortablement assis dans mon canapé avec de bonnes petites bières bien fraîches et du saucisson préparé le matin par mon charcutier, en bas de chez moi. Je te donne l’adresse à mon artisan-charcutier si tu veux », me propose gentiment un fan des Bleus.
Le fonctionnement de la Ligue des Nations (Nations League).
Les équipes de groupes de chaque poule s’affrontent lors de matchs allers et retours. Les vainqueurs des groupes de la Ligue A sont directement qualifiés en phase finale, appelée « Final Four » pour des raisons marketing. « Phase finale, ça fait trop penser au cancer ou à je ne sais quelle maladie grave. Les téléspectateurs doivent être détendus pour assimiler les publicités qu’il y a aux abords des pelouses ou les spots tv qui passent à la télé durant les mi-temps. Les fans pourront aussi, accessoirement, regarder les matchs sans penser aux tumeurs », confie un chargé de communication.
Au terme de l’ensemble des matchs, les derniers de chaque groupe seront rétrogradés en groupes inférieurs, voire en ligues subalternes pour certaines formations. Et inversement, les premiers de chaque groupe seront promus en catégorie supérieure. Les premiers des 4 groupes de la Ligue A se disputeront une place en pré-finale contre les premiers de chaque groupe des ligues B, C et D, sous condition que le deuxième de leur groupe ait une différence de but supérieure au 3ème du groupe supérieur. Ainsi, une place en pré-barrage, puis en barrage, est possible si le 2ème de chaque groupe a un nombre de cartons jaunes et rouges inférieur au premier de leur groupe. Le 2ème du Groupe 1 de la Ligue B pourra affronter le 1er du Groupe 4 de la Ligue A, uniquement si ce premier a inscrit un nombre total de buts supérieur à celui du 1er du Groupe 2 de la Ligue C. Cependant, le 1er du Groupe 3 de la Ligue D pourra espérer une place en « Final Four » s’il arrive à battre les premiers des groupes de poules supérieures, par 2 buts d’écart minimum, sans aller jusqu’aux prolongations. Ceci, à condition extensive que le 1er du Groupe 2 de la Ligue D ne batte pas le 3ème du Groupe 2 de la Ligue B. Le même 3ème du Groupe 2 de la Ligue B devra battre le second du Groupe 2 de la Ligue C avec 3 buts au goal-average, si cette équipe ne veut pas être rétrogradée en Ligue D. Le même 1er du Groupe 2 de la Ligue D devra faire au moins match nul avec le 2ème du Groupe 3 de la Ligue C. Cependant, la phase des matchs de pré-finale ne comptent pas directement pour le titre. « Cela est juste pour la forme, afin de faire croire aux équipes moyennes qu’elles peuvent remporter quelque chose », ironise avec sadisme un cadre de l’UEFA. Il ajoute, « mais au bout de la compétition financière et sportive, les seconds de chacun des 16 groupes pourront espérer une place en barrages pour le prochain Euro. Après, les équipes doivent savoir qu’elles affronteront des mastodontes en face d’elles pour passer les barrages. Bien des fois, des équipes très fortes se retrouvent en barrages. Elles jouent leur survie. C’est pas gagné pour les petites formations, je vous dis. D’ailleurs, dans cette chienne de vie, rien n’est jamais gagné d’avance. La vie est une putain de salope de jungle, vous m’entendez. Seuls les plus résistants à la douleur et au stress peuvent survivre dans ce monde merdique. Si t’as pas les crocs de la taille de dents de loups affamés depuis des semaines, ce n’est même pas la peine de faire les barrages. Au mieux, les joueurs de pays dits faibles, sportivement parlant, prendront des selfies devant les monuments, quand leurs cars rouleront à pleine vitesse durant les transferts aéroport-stade et stade-aéroport. C’est comme ça les cars low-cost, c’est pas fait pour le tourisme. Ça ne sait que rouler comme des bolides, à la vitesse d’un Mbappé ou d’un Usain Bolt. Je disais quoi déjà ?. Ah oui, ça me revient. La vie est une putain de jungle féroce et sans pitié. Si t’as pas les reins solides, comme ceux de certains attaquants qui se font tacler par des défenseurs de 3 mètres pesant 130 kilos, c’est pas la peine de rentrer dans l’arène… euh, je veux dire dans le stade. C’est ce que je leur dis aux fédérations des petites nations footballistiques, mais ils envoient quand même leurs joueurs se prendre des 10-0. Mais c’est un peu dommage. La magie des tannées sportives disparaît pour laisser la place aux 1-0 et aux 2-1 », soupire un cadre en charge du marketing.
« Pour faire simple. Les meilleures équipes, les cadors, c’est dans la Ligue A que la fête se passe. Mais dans la Ligue A, il y a plusieurs catégories de cadors. Les super cadors sont dans le groupe 1. Les bons cadors sont dans le groupe 2, les moyens cadors dans le groupe 3 et les nuls cadors dans le groupe 4. Et ainsi de suite. Voilà ce que tu devais écrire dans ton putain d’article qui nous fait passer pour des intellos. On a créé cette compétition pour que les gens des grands pays ne s’emmerdent pas à regarder des matchs pourris, qui, en plus, obligent les joueurs pros à jouer dans des terrains qui ont encore des pelouses en béton. Oui, tu as bien entendu. Des matchs européens se sont joués sur du putain de bitume, normalement fait pour que les voitures et les camions roulent dessus. Il y a encore des pays qui n’ont pas assez d’argent pour s’acheter du gazon. Leur budget va je ne sais où. Mais attention, je n’ai pas prononcé le mot corruption et tous les détournements qu’il peut y avoir dans ces pays. Je ne veux pas que ma voiture soit dynamitée, alors que je suis dedans en train de rouler. Et puis, les grands clubs commençaient à gueuler. Leurs joueurs revenaient pleins d’égratignures, d’écorchures, ils pissaient le sang de partout, à croire qu’ils avaient du skate-board ou du VTT en montagne. Tout ça à cause de leurs pelouses en béton », explique un consultant.
Les 4 premiers des groupes de la Ligue A se disputeront le trophée.
Édition 2018-2019 de la Ligue des Nations.
Phase de qualification au « Final Four » : de septembre à novembre 2018.
« Final Four » : du 5 au 9 juin 2019.
« Ils laissent quoi pour les petites équipes ? »
« En fait, si j’ai bien compris votre explication, c’est comme au lycée, à la fac ou en discothèque. Ce sont toujours les mêmes qui se tapent les plus belles gonzesses. La Ligue A, ce sont des enfoirés de première. Ces connards de beaux gosses qui friment, ils laissent quoi pour les petites équipes ?. Je vais vous le dire, moi, ce qu’ils laissent aux petites équipes. Rien !. Les petites nations de foot devront se taper une petite branlette et tout seuls en plus. C’est vraiment pas juste ! », s’insurge un éminent journaliste sportif, qui a étudié le journalisme à l’université.
Crédit-photo : pxhere, cc0.