Jurisprudence Benalla : les fonctionnaires, catégories A, B et C, sont désormais autorisés à frapper les citoyens comme bon leur semble.
Alors qu’une partie géante multi-joueurs de ping-pong se joue actuellement, entre les hautes personnalités de l’Etat, pour savoir à qui incombe la responsabilité des pleins pouvoirs accordés à Alexandre Benalla, un privilège inédit vient d’être accordé aux fonctionnaires français.
Un fonctionnaire, alors en poste à l’Elysée, a pu avoir un brassard de la police et un casque de CRS, lors d’une manifestation du 1er mai. Bien qu’observateur pour l’Elysée, il en a profité pour épauler les forces de l’ordre présentes sur place. « On ne lui avait rien demandé. On faisait notre boulot, mais son enthousiasme a eu le dessus. Il était devenu incontrôlable. On a bien voulu lui parler, mais comme il est venu de l’Elysée, personne n’a pas osé le contrarier », explique un CRS, présent sur les lieux du Free fight (combat libre, ndlr). Alors, que les plus hautes personnalités de l’état français se rejettent la responsabilité de cette inédite situation, les fonctionnaires se voient accorder un nouveau privilège. Une première dans la Vème République.
« Dans Liberté, Égalité, Fraternité, il y a Égalité »
La vidéo montrant Alexandre Benalla, alors adjoint au chef de cabinet du président, appréhendant une femme, en l’attrapant par le cou, et frappant un homme à coups-de-poing dans le dos, a incité le gouvernement à autoriser l’ensemble des fonctionnaires à en faire de même. « T’as dit oui pour une personne, donc, tu ne peux pas refuser la même chose à toutes les autres. Dans Liberté, Égalité, Fraternité, il y a égalité. Tous les fonctionnaires sont donc autorisés à frapper, si le besoin s’en ressent, les civils », précise un haut fonctionnaire à l’Elysée.
« Les catégories A seront favorisées »
Toutes les catégories de fonctionnaires sont concernées. Ainsi, les personnels employés par l’Etat, c’est-à-dire les fonctionnaires de la fonction publique d’Etat, ceux de la fonction publique territoriale et hospitalière, pourront user de la force, comme bon leur semble. Cependant, les catégories A seront favorisées. « Les catégories A pourront frapper comme elles le voudront. c’est open bar. Tous les coups sont permis. Ils peuvent y aller, personne ne leur dira rien. Pour vous expliquer de façon simple, les catégories A pourront réaliser l’ensemble des prises de MMA. Pour les catégories B et C, les étranglements sont interdits, mais les coups-de-poing sont autorisés », précise un élu parlementaire de la majorité.
« Cette jurisprudence sera bénéfique »
Les fonctionnaires des administrations centrales, mais également ceux des services déconcentrés, se réjouissent de cette nouvelle, avec, toutefois, une certaine appréhension. « Il est clair que les usagers ne nous écoutent plus. Ils nous crient dessus à longueur de journée, soit disant que ce sont eux qui nous paient nos salaires. Salaires peu élevés, soit dit en passant. Mais ce n’est pas une raison. D’autant, je n’aime pas l’usage de la force, mais cette jurisprudence nous rendra de précieux petits services. Les gens croient que nous sommes en vacances toute l’année, alors que nous travaillons comme ceux du privé, malgré les apparences. Alors, quand un usager veut une réponse immédiate à sa demande administrative, alors qu’il y a des procédures, nous avons beau expliquer que ce n’est pas possible, ils se mettent à hurler, comme hurle un propriétaire sur son locataire qui n’a pas réglé son loyer. Cette jurisprudence sera bénéfique pour nous, fonctionnaires », souligne un fonctionnaire de catégorie B.
Les usagers sont réticents à cette nouvelle mesure. « Là, c’est clair, on y réfléchira à deux fois avant de gueuler sur un fonctionnaire. S’ils sont tous comme le Belanna (Benalla, ndlr), les gens qui iront dans une administration parleront gentiment avec des bonjour, merci, bonne journée et au revoir », indique un citoyen lambda parisien.
Crédit-photo : Max Pixel, cc0.