Parcoursup : des milliers de demandeurs d’asile manifesteront en soutien aux lycéens en attente d’inscription dans le supérieur.
Dimanche prochain, plusieurs milliers de demandeurs d’asile, émus par le triste sort des étudiants inscrits sur Parcoursup, marcheront en solidarité avec les futurs bacheliers, dans les grandes villes de France.
Sur les 800.000 inscrits sur la plateforme Parcoursup, près de la moitié n’ont pas encore trouvé d’établissement pour l’an prochain dans le supérieur. Ils attendent qu’une place se libère pour pouvoir passer leur examen du baccalauréat dans les meilleures conditions. Faisant preuve de patience et de dignité, ces lycéens ne tiennent le coup uniquement grâce à de longues heures passées sur les réseaux sociaux et sur Netflix. « C’est dur au début, mais on s’y fait à la longue. C’est pas facile de regarder deux écrans en même temps, je mate des vidéos Youtube et ma page Parcoursup, que j’actualise toutes les 5 secondes pour savoir où je suis accepté », précise une lycéenne savoyarde.
« 180 secondes pour valider ton inscription »
Nous avons rencontré un étudiant parisien qui a accepté de nous parler. Il ne quitte pas des yeux son smartphone, branché sur une batterie de secours de la taille d’une batterie de voiture. « C’est mon père, un ingénieur, qui m’a confectionné cette batterie de secours. J’ai pas intérêt à rater le coche. Dès que tu as l’approbation de l’un des établissements que t’avais choisi, un chronomètre se met en place et tu as 180 secondes pour valider ton inscription. C’est long et court à la fois. Ma copine dit que c’est trop court. Passé ce délai, t’es out. T’as plus qu’à pointer à pôle Emploi, mec », précise Quentin, avant d’aller à l’église voisine pour allumer des cierges.
« Parcoursup, c’est l’enfer des enfers »
Face à cette situation tragique, des demandeurs d’asile, installés en France, ont été touchés par les péripéties des bacheliers inscrits sur Parcoursup. Ils préparent banderoles, chants et slogans pour soutenir les jeunes en attente d’inscription dans le supérieur. « Moi, j’ai traversé des milliers de kilomètres dans le désert. Mais ce qu’endurent les petits blancs est bien pire que tout ce que j’ai subi. J’ai fait un tour sur le site de Parcoursup, c’est l’enfer des enfers. Moi, je stresse pour ma demande d’asile, car si je retourne dans mon pays, mon espérance de vie sera de 30 minutes maximum. Le temps que les autorités de mon pays me transfèrent dans les caves du Ministère des Droits de l’Homme, en Afrique. Mais les jeunes français, ils subissent une torture psychologique inacceptable. Je vois errer, tous les jours, des jeunes, chuchotant ‘Allez, allez, vite, putain, affiche-toi’. Ils marchent seuls et parlent tout seuls aussi. C’est très triste à voir. Ils me font penser à un gars du pays qui s’est fait refoulé plus de 300 fois et qui parle tout seul dans le village. Aux dernières nouvelles, il est en route. Mais ces jeunes petits toubabs innocents me font vraiment de la peine », indique Madidou, un jeune demandeur d’asile.
Plusieurs autres marches de solidarité seront organisées dans plusieurs pays africains et du Moyen-Orient.
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