Société

Sam le conducteur désigné sobre cherche un chauffeur car il veut se soûler à Noël et au réveillon du nouvel an.

Les temps sont durs, à la fois pour les automobilistes, mais également pour les conducteurs désignés. Le plus connu de tous, Sam, fait un appel à toutes les bonnes âmes dotées d’un permis de conduire.

Créé par la DSCR, la Direction de la sécurité et de la circulation routières, rattachée au ministère de l’Equipement, le statut de conducteur désigné sobre, à ne pas confondre avec le conducteur désigné semi-sobre, est chargé de « raccompagner, dans les conditions optimales de sécurité, les éléments alcoolisés », selon un gendarme, un alcootest dans une main et un carnet de verbalisations dans l’autre. »

Sagement et silencieusement, Sam lutte contre ses envies de faire la fête et, intrinsèquement, il résiste aux appels à l’ivresse spontanée et sincère. En secret, avec pudeur et pondération, il est toujours attiré par les évènements festifs, musicaux ou non, et surtout, il est toujours appâté par tout ce qu’il y a autour de la nouba, à savoir l’alcool, ébriété engendrant relations sexuelles alcoolisées compris. Cependant, qu’il soit seul ou en compagnie de ses ivrognes d’amis, le prévenant conducteur désigné sobre a toujours, sans relâche et avec une assiduité de militaire, délaissé l’ivresse et ses alléchantes répercussions positives, tels que la sociabilité démesurément incontrôlée, l’énergie extraordinairement décuplée, la confiance en soi anormalement élevée ou encore le sexe excessivement recherché, qu’il soit, oral, vaginal ou anal, voire les 2 ou les 3 à la fois, parfois en simultané, techniquement parlant. « Moi, je n’ai pas besoin de l’alcool pour être en forme. Mais j’ai lu un article scientifique dans la revue technique Dorcel magazine qui disait qu’avec l’alcool, les hormones sexuelles sont multipliées par 100. Nous, dans notre secteur d’activité, nous avons des taux élevés naturellement. Même le fait de prendre du Viagra n’augmente pas nos performances, car nos performances sont déjà au maximum », fait savoir un acteur professionnel de films pour adultes.

« A la morgue ou pire, aux urgences bondées »


Aussi, le vertueux Sam passe ses soirées festives à se concentrer sur la musique diffusée lors des évènements auxquels il assiste, mais également sur la sécurité de ses compagnons de sortie et sur l’étude du comportement bizarre des personnes présentes autour de lui. « Ça doit être pour ça que je fais des études en psychiatrie. J’étudie le comportement des gens autour de moi dans le cadre de ma thèse. J’en suis à 2.500 pages, pour l’instant. Mais, il y a quelques années, quand j’étais bourré tout le temps ou quasiment tout le temps, c’est moi qui draguais les nanas à tout-va, même celles des autres. Maintenant, j’ai honte de moi mais avant, je ne me rendais pas compte de la tristesse que je pouvais causer chez leurs petits amis ou leurs maris. Je déconnais grave. Si vous saviez le nombre de torgnoles que je me suis ramassé de la part de leurs copains jaloux et chagrinés par mes actes, mais c’est fini tout ça. Maintenant, c’est moi qui distribue les leçons de moral à mes potes pour qu’ils ne fassent pas de conneries qui les emmèneraient à la morgue ou pire, aux urgences bondées. Même si je sais que mes potes oublient tous les bons conseils que je leur prodigue dans la seconde qui suit, je continue mes prêches amicaux, explique le sage Sam. Mais, entre nous, ce n’est pas l’envie qui me manque de prendre une bonne cuite. Mais je dois me contrôler, savoir être maître de mon esprit et surtout de mes pulsions festivo-sexuelles. C’est un combat de chaque jour, pour ne pas dire de chaque heure ou même de chaque minute, quand tu es entouré de gens qui trinquent en rigolant. Des fois, je le sais, j’ai l’air con avec ma boisson énergisante nature. Les filles s’éloignent de moi automatiquement, je ne sais pas pourquoi, d’ailleurs ».

« Un traître ou un faible ? »

Ainsi, ces temps de furie alcoolique sont révolus depuis qu’il s’est porté garant de la sécurité des conducteurs en état d’ivresse avancée pour qui il conduit en respectant scrupuleusement le code de la route. « Moi, je roulais à 70 km/h au lieu des 80 bien avant que la loi change. Je ne dirais pas que je regrette ma décision d’arrêter de picoler, mais si c’était à refaire, je vais dire que, parfois, pas souvent heureusement, je me demande si j’ai fait le bon choix », reconnaît le valeureux Sam. Cependant, il ne peut rebrousser chemin, car, selon lui, « quel exemple cela donnera aux autres conducteurs désignés sobres ?. Les gens diront que je suis que je suis un traître ou un faible ?. Ah, non, hors de question ». Sam continue donc son chemin de croix, « pour la bonne cause », comme il aime tant à le dire et le redire.

« Je n’y suis pas allé par le dos de la cuillère coudée à cocktails »

Il faut dire qu’avant son statut de garçon modèle, Sam était un jeune féru de boissons enivrantes. « Entre le binge drinking (biture express, ndlr) et les cocktails du genre du rhum-vodka–tequila-GBL, je n’y suis pas allé par le dos de la cuillère coudée à cocktails. Mais j’ai su dire stop au bon moment. Il faut dire que le type que j’avais écrasé, un peu avant d’arrêter de boire, lorsque je conduisais avec plusieurs grammes dans le sang, s’est remis à marcher normalement au bout de 2 ans seulement. Je dis seulement, car je l’avais quand même percuté alors que je roulais à 280 km/h en centre-ville. C’était écrit je sais pas où que c’était pas son heure de partir tout là-haut dans les cieux, même s’il a quand même été projeté à 10 mètres au-dessus du sol après l’impact avec ma caisse. Quand je dis ma caisse, en fait, c’était avec mon ancienne caisse. Ce connard a bousillé mon moteur au moment du choc. J’ai même pas pu revendre les pièces de mon moteur à l’unité en pièces détachées. Les éléments moteurs étaient tous broyés après l’accident, comme du café moulu. Mais je ne lui en veux absolument pas à cet enflure car il a eu de la chance de rester en vie. D’ailleurs, ce con a gagné l’Euromillions après son réveil, quand il a pu parler et utiliser ses mains et son cerveau, quand il est sorti du coma. Quel veinard !. Je lui ai porté chance quand je l’avais involontairement renversé. En quelques sortes, je suis son trèfle à quatre-feuilles. C’est indirectement grâce à moi que ce connard est millionnaire maintenant. Mais il ne m’a jamais appelé pour me remercier. Pas un merci, pas un petit cadeau ou une petite enveloppe de fric. Quel ingrat ! », fait savoir Sam.

« Ce petit con achetait de l’eau minérale »

Mais bien avant qu’il ne soit le conducteur désigné le plus célèbre de France, Sam était déjà très apprécié par ses concitoyens. « Un bon gars ce gamin. Le Sam, c’était mon meilleur client. Il achetait tellement de mes produits de nettoyage pour jantes que j’ai reçu plein de cadeaux de la part de mon fournisseur. Quand il venait à mon magasin, les jantes de sa voiture étaient tout le temps sales. Ce Sam devait rouler dans les champs pour son travail, sûrement. Mais depuis que ce petit connard a arrêté de travailler dans les champs avec sa bagnole, il n’est plus venu d’un seul coup, comme ça, sans même me prévenir. J’en fais quoi de mes putains de stocks de nettoyant pour jantes que j’avais commandé exprès en prévision de ses visites ?. Une fois, je l’ai croisé au supermarché. Ce petit con achetait de l’eau minérale. On s’est dit bonjour et il m’a juste dit qu’il avait changé, avant de s’éloigner de moi avec son pack de bouteilles de flotte. Je l’ai suivi dans le parking. Ses jantes étaient toutes propres, on aurait dit des jantes neuves, sorties de l’emballage. C’est là que j’en avais déduit qu’il avait changé de boulot. Donc, depuis, les ventes de GBL ont dégringolé, comme dégringolent les ventes de voitures diesel à cause de ces enfoirés du gouvernement qui ont augmenté le prix du mazout (diesel, ndlr) », indique un vendeur de pièces détachées.

« Sans contreparties, un peu comme le font les gens de gauche »

Adulé par les parents qui ne veulent pas avoir à débourser les lourds frais d’obsèques inhérents à un décès de leur progéniture, mais très apprécié également des jeunes et moins jeunes qui peuvent boire à foison, sans modération aucune, aussi bien en boîte de nuit, au bar, au pub, chez des amis ou bien dehors dans les jardins publics à côté de sympathiques et bavards SDF, Sam a arrêté l’alcool pour se consacrer au bien-être de ses concitoyens. « J’ai besoin d’aider mon prochain, sans contreparties, un peu comme le font les gens de gauche. Pourtant, je suis de droite depuis mon adolescence. Normal, mes parents sont plein d’oseille », confie l’exemplaire Sam.

« C’est très difficile, voire impossible, de résister »

Mais aujourd’hui, le conducteur désigné le plus populaire de France métropolitaine et des DOM-TOM a besoin d’aide. « Chez nous, on a plusieurs conducteurs désignés pour une même personne. Il faut dire que c’est très difficile, voire impossible, de ne pas dire oui à du punch quand une ravissante créature, avec des fesses bien charnues, à la pulpe épaisse, te propose de t’offrir un verre avant de danser et de te ramener chez elle pour la pénétrer avec délicatesse au début, puis avec fougue au milieu jusqu’à la fin de la partie de jambes en l’air. Donc, on a toujours des conducteurs désignés de secours. Pas un conducteur de secours, plusieurs. Note-le bien dans ton site lejournalnews qu’on en a plusieurs de conducteurs désignés sobres. Je ne veux pas que tu croies que je suis bourré pendant l’interview et que je te raconte des conneries. En général, c’est une tante ménopausée depuis très longtemps ou un oncle qui n’arrive plus à bander qui nous reconduisent avec notre partenaire sexuel d’un soir ou de plus, 2 ou 3 nuits maximum. Les tatas nous font toujours la moral, tout le temps, en soirée, mais il faut faire avec. Il y a toujours une contrepartie au plaisir charnel. Mais au bout d’un moment, elles se fatiguent et t’aident à choisir la femme la plus belle et surtout celle qui ne te collera pas le lendemain, après une ardente longue nuit d’amour corporel. J’ai beau avoir un joli palmarès de femmes dans mon lit, je reconnais que seules les femmes savent vraiment ce qu’il y a dans la tête des autres femmes. Je te ferai voir le calepin où je note mon palmarès. Je l’ai commencé quand j’avais 12 ans, soit 2 ans après ma première relation sexuelle avec une très belle jeune fille qui était en terminale. Elle a repassé 5 fois son bac uniquement pour rester avec moi dans le même établissement que moi », me confie un fougueux martiniquais, un verre de punch dans une main et dans l’autre, la fesse droite bien en chair de sa pulpeuse partenaire sexuelle d’un soir.

« Un être humain comme les pochards que je me coltine chaque soir »

Ainsi, Sam recherche un conducteur désigné sobre pour l’accompagner et le raccompagner lors de la festive et ingouvernable nuit du nouvel an. « Je compte me bourrer la gueule dès mon réveil, au matin du 31 décembre. Le 30 au soir, je vais boire une ou deux petites bières pour m’endormir tôt, de bonne heure, et ainsi me réveiller de bonne heure le 31. Une ou deux bières, ça me fait dormir, mais si j’en bois 3 ou plus, là, c’est nuit blanche de folie assurée. Je ne m’arrête plus après, du moins pas avant le surlendemain. Je vais être sobre toute l’année prochaine, il faut bien que j’en profite de ce putain de réveillon où toute la terre entière sera ivre comme un gendarme au repos. J’y ai droit, moi aussi, à l’ivresse incontrôlée et incontrôlable. Je suis un être humain comme les pochards que je me coltine chaque soir, quand je les dépose chez eux, en pleine nuit ou à l’aube. C’est moi qui paie l’essence en plus, à chaque fois. Ne le répétez pas, mais des fois, je leur fais croire que je fais le plein et ils me donnent de la tune, beaucoup de tune, mais vraiment beaucoup. La technique ?. Tu t’arrêtes à une station-service, tu mets 2 ou 3 euros de carburant et tu leur dis que tu as fais le plein. Comme ces imbéciles sont bourrés, ils n’ont aucune notion ni du temps, ni de l’argent. Mes abrutis de passagers s’imaginent que la pompe à essence a tourné pendant des minutes (rires). Par exemple, quand tu raccompagnes 4 personnes en même temps dans ta bagnole, ils te donnent chacun l’équivalent d’un plein de carburant. Ils ont le cerveau en bouillie je te dis. Essaie !, tu me remercieras. Le top, c’est quand les personnes que tu raccompagnes sont en train de baiser à l’arrière de ta voiture. Là, c’est le jackpot mon pote. Comme les passagers sont sexuellement, donc mentalement, occupés, ils te disent de te servir directement dans les poches de leurs vêtements jetés aux quatre coins de la voiture. Comment j’ai tuné ma Peugeot, puis ma Renault, chez Brabus, d’après toi ?. Mais pendant ces fêtes, si un conducteur désigné sobre veut bien se charger de moi pour Noël et le nouvel an, ça serait hyper sympa de sa part. Je signale d’avance que je vérifierai le niveau d’essence sur le tableau de bord de son véhicule avant de partir. On ne me la fait pas à moi. Ce que je fais à mes passagers, on ne me le fait pas à moi. Par contre, je viendrais avec mes sacs en plastique pour vomir dedans quand on roulera. Car c’est vraiment sûr, je vais dégobiller et pas qu’une fois », prévient le courageux et altruiste Sam.

 

 

Crédit-photo : pxhere, cc0.

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