Sport

Route du Rhum : le skipper du bateau « Les Alcooliques Anonymes » jette l’éponge.

Les 123 skippers se sont élancés sur les beaux flots bleus de Bretagne, hier dimanche, lors de cette 11ème édition de la mythique course en solitaire « La Route du Rhum ». Mais l’un des aventuriers des temps modernes a déjà abandonné, suite à des « raisons extra-océaniques », selon les organisateurs.

Mis à jour. 06.11.18, 15h31.

Saint-Malo n’a pas mis longtemps à retrouver ses skippers, initialement partis vers les beaux sublimes plages de la Guadeloupe. Plusieurs navigateurs ont malheureusement abandonnés, suite à des problèmes techniques. « Si j’avais su que mon bateau allait être fabriqué par une filiale de la SNCF, j’aurais dit non tout de suite. J’en aurais pris un autre. Mais je l’ai su uniquement en pleine mer, quand j’ai consulté la notice de l’un des équipements défectueux. Ils auraient pu me prévenir merde ! »,se désole un skipper, avant de prendre le train en gare de Saint-Malo. Train retardé pour raisons techniques, suite à de légères inondations.

« D’abord faire la Route de l’Eau de source »


Mais l’un des skippers a rebroussé chemin plus tôt que prévu et pour une toute autre raison. Il ne verra pas Pointe-à-Pitre cette année. « Dès la ligne de départ, j’ai senti que j’allais pas tenir longtemps. Le départ est donné à coups de canon. Ca m’a rappelé quand on sabrait le champagne avec la famille, les amis, les collègues, avec les commerçants quand j’allais faire mon marché ou avec les SDF quand je tapais la discussion avec eux avant de rentrer à la maison. Un an que j’ai arrêté de boire. Je suis fier de moi, j’ai tenu bon et ça continue. je suis toujours sobre. Mais c’est pas une bonne idée de faire la Route du Rhum, du moins pas cette année. Je ne suis pas encore prêt. La raison ?. Comme on a internet dans les rafiots (bateaux, ndlr), on peut voir ce qu’il se passe en Guadeloupe. J’ai visionné l’avancement des festivités pour notre arrivée. Résultat, il n’y a que du rhum qui sera servi lors des cocktails de bienvenue. Je comprends maintenant pourquoi ça s’appelle la Route du Rhum. Je crois que je vais d’abord faire la Route de l’Eau de source. Bon, ça ne sera pas facile de naviguer avec un maxi-trimaran Ultime sur une rivière, mais c’est mieux pour moi », explique le skipper qui a voulu rester anonyme.

« Il a le mal de mer »

Une légende bretonne raconte que les meilleurs buveurs arrivent en tête. Déjà, au 18ème siècle, lors des premières expéditions, dans d’imposants navires en bois, les matelots et les voyageurs buvaient du cognac pour atténuer le mal de mer. « Le cognac, c’était pour les plus riches. Les pauvres buvaient de la gnôle. Les esclaves, eux, n’avaient le droit à rien. Juste à un petit peu d’eau pour les faire tenir jusqu’à l’arrivée afin d’en tirer un meilleur prix. Je ne sais pas pourquoi j’ai choisi ce métier, vraiment. J’en pleure à chaque fois », explique un historien.

« Mon beau-frère a une de ces descentes, je ne te raconte pas, mon couillon. Tous les ans, il est dans les 5 premiers. Chaque année, il est pressé de participer à cette course. D’ailleurs, chaque année, il ne fait que cette course. Il a le mal de mer, c’est normal. C’est pour ça qu’il n’a pas voulu naviguer en Ultime. Vous savez, ces bateaux volants. Car mon beau-frère a le mal de l’air aussi. Mais cette Route du Rhum le motive, je sais pas pourquoi », se demande un spectateur.

Après 24 heures de course, un petit monocoque en bois devance les Ultimes. Selon les données satellites de Météo France, il a déjà parcouru un tiers du parcours.

« Vous voyez les ligne qui fend la tempête en deux. C’est un voilier. On n’a jamais vu ça dans toute l’histoire de la météorologie nationale, ni internationale d’ailleurs. Il est vraiment fortiche ce matelot. On m’a dit qu’il était porté sur la bouteille et qu’il avait hâte de s’enfiler des rhum-citrons. C’est vrai ou pas ? », me demande un analyste de Météo France.

« Hâte d’arriver en Guadeloupe »

« Le skipper du monocoque qui est en tête adore le rhum, mais le vrai. Je le sais, c’est un de mes clients. Il raffole du rhum de Guadeloupe, l’authentique. Je savais qu’il était motivé, mais pas à ce point. Il s’est inscrit au dernier moment. Il était tellement bourré qu’il en avait oublié le départ. Il avait commencé à construire son bateau Ultime, mais c’est pas évident à construire ces immenses bateaux et tout seul en plus. Ce con a crû qu’en plus de la navigation, la construction du bateau devait aussi être faite en solitaire. Au dernier moment, il a dégoté un petit bateau d’occasion. Il faut dire qu’il avait bu du Rhum frelaté cet énergumène. Forcément, ça tourne la tête. Il voulait se préparer pour l’arrivée qu’il disait. Mais comme il a mis tout le pognon qu’il avait dans le bateau, il se fabriquait son rhum tout seul. Mais il faut le comprendre, il a hâte d’arriver en Guadeloupe. J’espère que c’est permis les alambics dans les bateaux, car il a emporté le sien. Pour la route, qu’il a dit après avoir offert la tournée dans mon bar », indique un aimable propriétaire d’une licence IV à Saint-Malo.

« Ce connard va plus vite que nous »

« Au début, j’ai cru que c’était un tonneau qui dérivait à toute vitesse à cause des flots de l’Atlantique. Mais non, c’est un petit bateau en bois. Ancien mais rapide. Je me demande si c’est vraiment une bonne idée d’avoir hypothéqué ma maison, celle de mes parents, celle de mes beaux-parents et celles des amis pour acheter ce putain d’Ultime de mes deux bulots, qui vaut une blinde. Il faut dire qu’on a du mal à trouver des sponsors. Ils économisent tous pour s’offrir une publicité avec le gamin qui court vite (Kylian Mbappé, ndlr). Résultat, nous, les skippers, on l’a dans le baba au rhum. Mais on ne lui en veut pas au petit bolide du PSG (Kylian Mbappé, ndlr). C’est la rude loi économique et financière du sport, il faut faire avec. Mais avec son riquiqui bateau en bois, ce connard va plus vite que nous, avec nos bateaux volants ultra-sophistiqués. Je ne sais même pas comment le faire voler cet engin de merde ! », reconnait le skipper d’un Giant-Maxi-Big-King Size-XXXL-Multicoques Ultime, avant dernier au classement.

Le record devrait être battu cette année, selon plusieurs grands spécialistes en œnologie. « Notre épreuve internationale de la Route des Vins, en mer, n’a pas le même succès que les routes des vins qui se pratiquent en amateur sur terre ferme ou encore cette Route du Rhum. Mais attention, on n’est pas jaloux des buveurs de rhum. C’est moins élégant et majestueux que le vin, mais on respecte. Pour ses 40 ans, le record de la Route du Rhum devrait être battu sans aucun doute. Cela se voit que certains skippers ont très soif. Je les reconnais au premier coup d’oeil », annonce un œnologue bordelais.

Le détenteur de la dernière coupe de rhum en or, en 2014, Loïc Peyron, naviguera sur un monocoque au joyeux nom de happy. « C’est comme Happy hour, mais Loïc n’est pas un gros buveur. Il n’est pas alcoolique mais il a quand même gagné la dernière édition de la Route du Rhum. Et c’est lui qui a le record de l’épreuve, en plus, allez comprendre », se demande un sponsor.

« En solitaire, les skippers ne peuvent même pas trinquer »

Le record de la Route du Rhum est de 7 jours, 15 heures, 8 minutes et 32 secondes, selon la rigoureuse société étanche de calcul des résultats. « Peyron, comme Pernaud-Ricard. Mais il navigue jamais bourré. Sur une autre course en bateau, que tu embarques sobre comme un gendarme en service, d’accord. Mais sur le Rhum (Route du Rhum, ndlr), c’est pas juste. C’est pas équitable vis-à-vis de la majorité des autres skippers. C’est une course en solitaire, les skippers ne peuvent même pas trinquer. C’est dégueulasse. La Route du Rhum devrait se pratiquer en duo, minimum. C’est dégueulasse ! », vocifère un fan historique de la Route du Rhum, âgé de 92 ans.

« Le départ de la Route du Rhum a lieu en Bretagne, mais c’est une pure coïncidence. Le parallèle entre Bretagne et picole est sans fondements », insiste un représentant de l’Office de tourisme breton, tout en trinquant avec moi.

 

 

 

Crédit-photo : pixnio, cc0.

 

 

 

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