Les fédérations de Gilets jaunes demandent aux manifestants qui s’appellent Emmanuelle ou Emmanuel de changer leur prénom au plus vite à l’Etat civil.
Les revendications des Gilets jaunes sont suivies d’actes autres que les blocages, les slogans scandés au porte-voix et les apéros-barbecues joyeusement et rageusement conviviaux. La preuve en est avec cette nouvelle affaire, dite des « prénoms des GJ ».
Pour une fois, ce ne sont ni les annonces du Président de la République, ni les bulletins officiels de telle ou telle hausse de taxe de la part de Matignon qui ont provoqué l’ire et la tristesse des redoutables, mais non moins sympathiques, Gilets jaunes. Leur toute nouvelle colère vient d’un adorable tout petit bout’chou, haut comme 3 pavés, qui a vu le jour sur un rond-point bloqué par les Gilets jaunes dans le cadre de la révolution qui se produit actuellement en France. Les parents du petiot l’ont innocemment, mais malencontreusement, appelé Emmanuel, comme nous vous l’annoncions dans l’un de nos articles. Il ne s’en est fallu pas davantage pour faire réagir les manifestants, déjà bien assez comme ça à fleur de peau.
« C’est Macron ?. Non, c’est bibi ! »
« Comment peut-on oser ?. Chacun est libre, mais qui a apporté l’eau chaude quand la maman a eu ses contractions ?. Qui a fait sentir des émanations de gnole, qu’on fabrique avec notre alambic, au papa pour lui éviter de tomber dans les pommes tellement il était paniqué ?. C’est Macron ?. Non, c’est bibi ! », explique un Gilet jaune présent lors de l’accouchement.
Aussi, toutes les fédérations de Gilets jaunes demandent à « toutes les manifestantes et à tous les manifestants qui s’appellent Emmanuelle ou Emmanuel de changer leur prénom dans les plus brefs délais ».
« Un nouveau prénom qui ne fasse ni beauf, ni bourgeois du 18ème siècle »
« Je m’appelais Emmanuel. Même si j’aimais bien mon prénom, ça m’arrange de le changer, car dès que j’entends quelqu’un m’appeler Emmanuel, ça me fait penser à Macron et je sursaute de peur. Je n’ai rien contre lui personnellement. Je suis sûr que c’est un gars très sympa dans la vie de tous les jours. Il est très drôle et très cultivé, et même un peu trop cultivé au goût des Gilet jaunes. Par contre, sa politique, je ne la trouve pas sympa du tout », confie un Gilet jaune, en recherche d’un nouveau prénom qui ne fasse ni beauf, ni bourgeois du 18ème siècle.
« François comme nouveau prénom »
« Dès que j’ai lu votre article au sujet du mioche que ses parents, ils l’ont appelé Emmanuel, j’ai couru à la mairie de ma ville et j’ai changé de prénom. Comme les fonctionnaires sont tous avec nous, les Gilets jaunes, on n’a pas à dire pourquoi on veut changer de prénom. On n’a même pas besoin de fournir un acte de naissance et un justificatif de domicile. Tu présentes juste ta pièce d’identité où il y a écrit Emmanuel dessus et le tour est joué. Même la lettre où il faut écrire l’intérêt légitime à demander le changement de ton prénom, il n’y en a pas besoin. C’est très rapide et c’est pour la bonne cause, la cause de nos sous et au nom de notre fierté et de notre honneur. Moi, j’ai choisi François comme nouveau prénom, c’est bien je trouve, mais c’est pas à cause de François Hollande. Hollande, même s’il est inscrit à gauche, il est de droite, c’est de notoriété publique, même si les gens de droite ne veulent pas l’avouer. C’est plutôt à cause de Mitterrand que j’ai choisi mon nouveau prénom. Mais le François Mitterrand d’avant 1983. Le Mitterrand de 1981, le vrai, pas le Mitterrand libéral de la rigueur », explique François, un manifestant.
Les services d’Etat civil sont débordés et au bord de la crise de paperasse administrative. « J’avais prévu de faire grève, mais je resterai en poste jusqu’à ce que toutes les Emmanuelle et tous les Emmanuel qui m’en feront la demande aient changé de prénom. Nous ne nous laisserons pas faire », prévient une fonctionnaire, dans son beau gilet jaune, tout en remplissant des formulaires de changement de prénom.
Mais tous ne sont pas du même avis que la déterminée fonctionnaire que nous avons interviewé. « Moi, je l’aime bien mon prénom. Mais comme mes parents sont retraités et qu’ils en ont après la politique de Macron et de l’autre qui a deux prénoms (Edouard Philippe, ndlr), donc je vais changer de prénom. Mes parents m’ont forcé à le faire. Le plus chiant est de trouver un nouveau prénom », se demande l’ancien Emmanuel.
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