Certains humoristes et rappeurs français demandent aux stand-uppers et aux stars de rap américains d’être plus créatifs afin de s’inspirer de leurs créations.
Les artistes dans le domaine du stand-up, mais également dans le secteur de la musique rap, sont au bord de la crise de nerfs. Ils n’arrivent plus à être productifs. La faute aux artistes américains, qui ne produisent pas assez vite, au goût de certains stand-uppers français.
Mis à jour.
Les réunions s’enchaînent de la part des humoristes, mais également de la part des rappeurs français, pour sortir de cette crise, inédite dans toute l’histoire culturelle française. Humoristes et rappeurs de l’hexagone rédigent un communiqué de presse commun pour demander aux talentueux artistes US de faire preuve de davantage de créativité et de productivité.
« Laisse tomber mon frère, ils t’envoient à Guantanamo direct »
Plus rien ne sort de leur cerveau. Ils manquent d’inspiration et sa conséquence directe, d’enthousiasme. « On tourne en rond là. Appelez cela plagiat, copier-coller ou pompage, mais nous, on préfère le terme inspiration. Même quand on copie mot pour mot, ou note pour note dans le cas de certains rappeurs, on préfère dire que l’on s’inspire. Et juridiquement, c’est moins risqué. Surtout avec les ricains. Les condamnations se montent en millions de dollars et surtout à de la prison à Sing Sing avec les tueurs en série et les gros dealers, comme dans Prison Break, mais en 10 fois pire. Je veux pas être la poupée gonflable des prisonniers de là-bas. J’ai des hémorroïdes en plus, ça me fera doublement mal. En plus, si t’es d’origine arabe ou avec une barbe en mode Hipster, laisse tomber mon frère, ils t’envoient à Guantanamo direct, même pour 2 ou 3 petites blagues que t’as plagié. Jusqu’à preuve du contraire, il n’y a pas de droits d’auteur sur les paroles des humoristes ? je vous le demande. Si ? ah bon ? je ne le savais pas. Je croyais qu’on pouvait y aller en mode freestyle, sans demander et sans rien verser. Puisque les américains sont si forts en marketing et en réseaux sociaux, ils n’avaient qu’à mieux diffuser l’information comme quoi il ne faut pas copier les sketchs des comiques. C’est pas tout ça, mais on fait comment maintenant ?. Je ne vais pas reprendre des sketchs de Kev Adams, avec tout le respect que je lui dois. Mais lui, ça se voit qu’il n’a pas copié sur les stand-uppers des USA. C’est pas tout ça mais j’ai des crédits à payer et un train de vie, bien au-dessus de mes moyens intellectuels, à assurer. Donc, que les Chris Rock, Ben Stiller, Nick Swardson, Kevin Hart, Sarah Silverman, Martin Lawrence, Jon Stewart, Patton Oswalt, Jerry Seinfeld, Paul Scheer, Dave Chappelle, Jimmy Fallon, Ellen DeGeneres, Kevin Brennan, Howard Stern, Aziz Ansari, Ardal O’Hanlon, Jeff Dunham, Judy Gold, Andy Samberg, David Brenner, Elvira Kurt, Todd Glass, Ted Alexandro, Dane Cook, Gilbert Gottfried, Jim Carrey, Seth Meyers, Jay Leno, Rosie O’Donnell, Marc Maron, David Cross, Margaret Cho, Jim Gaffigan, Amy Schumer, Tracy Morgan, Eric Price, Bill Dwyer, Mo’Nique, Mike Birbiglia, Louis CK et autre Zach Galifianakis. Oui, je sais, c’est impressionnant de parler aussi longtemps sans reprendre son souffle. On peut tenir de 5 à 7 minutes nous, les stand-uppers. On peut aussi s’inspirer des comiques morts, comme Richard Pryor, Mitch Hedberg, Bernie Mac, Robin Williams, Robert Schimmel, Richard Jeni ou même Bob Hope. On aimerait bien avoir leurs calepins de blagues non diffusées, c’est pas interdit par la loi. Vous savez, comme dans le film Incognito avec Dubosc et Bénabar. Oh putain, ça va plus. Je viens de citer une source. T’as vu ?, j’ai dit ‘comme dans Incognito’. Je dois me ressaisir bordel. Je cite jamais mes sources d’habitude, sauf quand je me fais griller et encore. A ce moment-là, je dis que je m’inspire des sketchs copiés. Que les rageux ne se foutent pas de notre gueule. Il n’y a que nous qui avons le droit de nous moquer des autres. Personne ne doit rire de nous », indique un grand humoriste français, récemment aperçu dans une vidéo de la chaîne Youtube #CopyComic, qui rend hommage aux comiques français les plus prolifiques artistiquement et intellectuellement.
Le stand-upper français, qui a accordé l’interview à notre site lejournalnews.com, n’a pas voulu nous révéler de noms de comiques demandant aux stand-uppers américains d’être plus productifs. Cependant les artistes Tomer Sisley, Gad Elmaleh, Jamel Debouzze, Mickael Quiroga, Yacine Belhousse, Arthur, Walter, Paul Séré, Michel Leeb, Roland Magdane, Marie S’infiltre, Malik Bentalha et Rémi Gaillard ont été aperçus, dans un prestigieux café de la capitale, discutant et rédigeant une longue lettre, qu’ils ont ensuite envoyé par courrier rapide vers les Etats-Unis dans la poste voisine. « Je les entendu dire ‘il faut vite envoyer cette lettre à l’Association des Stand-uppers aux USA. J’ai pas écris une seule ligne de mon futur One Man Show. J’ai déjà vendu toutes les places en plus. Je suis dans la mouise totale. Comment je vais expliquer ça à mon banquier ? bordel de merde’. Après ils se sont dirigés, tous ensemble en courant, vers la poste d’à côté avant qu’elle ferme. Ils ont même oublié de laisser un petit pourboire, tellement ils étaient pressés. Ça devait être hyper important », se demande l’un des serveurs du café parisien.
« Pour mieux dupliquer leurs sons de oufs »
Les rappeurs français sont nettement difficiles. « Nous, on sait à peine lire et surtout comprendre le français. Alors piger et traduire de l’anglais ? non, impossible pour nous. Pas contre, on demande aux rappeurs US de créer d’autres sons, d’autres styles. On a fait le tour de tout ce qui existe en rap américain. On n’a plus rien à copier. La belle est dans leur camp maintenant. A eux de jouer. On leur demande d’être encore inventifs, pour mieux dupliquer leurs sons de oufs. On a essayé de copier leurs paroles, mais c’est impossible. On ne vit pas dans le même ghetto. Dans nos ghettos, en France, on a la sécurité sociale pour tous, les allocations familiales, le RSA, l’école publique de qualité avec des profs qui t’écoutent et qui n’ont pas d’armes à feu sur eux, des études universitaires gratuites et plein d’autres choses. Donc, on n’a pas les mêmes difficultés. Même avec les armes, c’est différent. Les rappeurs US ont des fusils de guerre par dizaines dans leurs voitures, alors que nous, en France, on a juste des Beretta des années 60 et des fusils de la 1ère guerre mondiale tout rouillés, mais en état de marche. On les achète chez les antiquaires. On leur dit qu’on est des collectionneurs. Dans un sens, on ne leur ment pas, vu qu’on collectionne les délits et les peines de prison, avec sursis bien sûr. En France, tu ne vas pas en prison pour un braquage sur des civils ou des petits commerces. Tous les avocats vous le diront. Donc, nos armes nous aident à braquer une petite vieille sans défense ou une fromagerie, mais sans plus. Donc, déjà qu’on a du mal avec les textes de nos chansons, dans lesquelles on doit s’inventer des vies de mafieux du grand banditisme, alors si, en plus, on doit composer les musiques, on va pas s’en sortir », précise un célèbre rappeur français.
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