Retraite à 64 ans : le secrétariat aux Personnes âgées a été rattaché au ministère du Travail et de l’Économie.
Jusqu’ici dépendant au prévenant et protecteur ministère des Solidarités et de la Santé, le placide secrétariat s’occupant des personnes âgées changera de place dans l’organigramme gouvernemental. En cause, le très controversé relèvement de l’âge de départ à la retraite.
Pour les personnes nées après 1955, il est possible de prendre sa retraite à 62 ans. « En théorie, oui. Mais pour avoir la retraite à taux plein, il faut avoir validé entre 160 et 172 trimestres selon ton année de naissance. Une éternité, quoi. Avant, tu pouvais travailler chez le même patron pendant toute ta vie, de tes 14 ans à ta mise en bière. Mais depuis un petit bout de temps, ça a changé. Surtout avec les périodes de chomedu dans le CV », prévient un futur retraité de 59 ans qui a cumulé, pour l’instant, 80 trimestres.
« Un beau bordel, oui ! »
Le calcul de l’âge pour partir à la retraite dépend donc de l’âge légal, mais également de l’âge du taux plein et de l’âge du taux plein sans malus du régime complémentaire. Mais, pour simplifier les choses, des critères ont été mis en place pour faciliter le calcul : année de naissance, statut professionnel et durée d’assurance retraite. « Faciliter, faciliter, comme vous y allez ! C’est un beau bordel, oui ! Il faut des tonnes d’équations pour s’y retrouver », explique un Professeur universitaire, détenteur de plusieurs doctorats d’État en mathématiques appliquées et en physique quantique.
« C’est quoi le complément différentiel ? »
En plus de faire passer l’âge de la retraite de 62 à 64 ans, voire à 67 ans si affinités, le gouvernement a décidé de rattacher le paisible et affable Secrétariat d’État aux Personnes âgées au dynamique ministère de l’Économie et du Travail. « Je ne savais pas que les ministères du travail et celui de l’économie avaient fusionné. Ils ont voté ça quand, les parlementaires ?, pendant les vacances, comme d’habitude, quand tout le monde est concentré sur l’apéro ou sur les lieux à visiter en vacances ?, demande une sympathique retraitée, tout en remplissant les formulaires pour toucher sa retraite de 1.035 euros. J’en profite que tu sois là, gamin. C’est quoi le complément différentiel ? Il y a aussi le coefficient de minoration que je ne pige pas. Après, tu m’expliqueras cette phrase : ‘le montant du complément différentiel de points de retraite complémentaire obligatoire’. C’est d’un compliqué leur truc aux ronds-de-cuir. »
« Satanées indemnités de licenciement »
Avec l’allongement du temps de travail, le gouvernement se devait donc d’être à « l’écoute des personnes actives en âge avancé », selon un jeune cadre du Medef. « Nous sommes quasi contraints de prendre en compte les personnes âgées. Il faut savoir que des boîtes ont failli couler quand elles se sont délestées de leurs seniors de plus de 50 ans. Satanées indemnités de licenciement. Le système US est la référence dans le domaine. Ils sont très forts, les ricains. Le code du travail américain fait un quart de page A4, titre en gras compris. Le top du top. Il offre davantage d’opportunités. Là-bas, ils sont moins empathiques. C’est notre faiblesse à nous, l’empathie. Ça nous perdra si les choses ne changent pas », a-t-il vociféré, tout en consultant les programmes économiques des candidats de gauche.
« Ils ne manquent pas de culot »
« Ils sont bien gentils à vouloir nous faire bosser jusqu’à pas d’âge, mais je fais comment pour bosser à l’usine avec ma prothèse de la hanche ? Et je ne parle même pas de mon début d’ostéoporose et de mon incontinence qui commence. Tu peux me redire de quoi on parle, s’il te plaît. J’espère que je n’ai pas la maladie comme celle de monsieur Alzheimer. Ils sont gentils, ceux qui font les lois, mais j’aimerais qu’ils viennent bosser avec moi juste une journée pour voir si on peut bosser jusqu’à 64 ou 67 ans », convie un ouvrier de 61 ans. L’une de ses collègues a tenu à ajouter : « A cause de ma sarcopénie, j’ai l’impression de porter une altère rien que quand j’ai l’agrafeuse dans la pogne. Et les ministres et les parlementaires veulent nous faire bosser plus longtemps ? Ils ne manquent pas de culot ! Bon, il faut que je me calme, car je n’ai pas trop envie de refaire un autre AVC. Mon supérieur va encore gueuler », analyse-t-elle.
Du côté du ministère de la Santé, c’est la tristesse. Entre deux crises de larmes, un haut-fonctionnaire confie : « J’espère de tout cœur qu’ils nous les confieront en bon état, nos p’tites mamies et nos p’tits papis. Deux ans, c’est peut-être rien pour celles et ceux qui votent les lois, mais quand tu bosses à ta soixantaine : le temps paraît long, très long, même. »
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