Brexit : les roux devront remplir une attestation sur l’honneur pour certifier qu’ils n’ont aucun lien avec le Diable avant d’aller en Angleterre.
Depuis le 1er janvier dernier, il n’est plus aussi facile qu’avant pour les non-britanniques de se rendre au Royaume-Uni. En effet, Brexit oblige, nos amis outre-Manche durcissent légèrement les règles pour les citoyens étrangers, européens compris. Pire, les personnes rousses, quant à elles, devront se plier à une autre formalité, inédite dans la longue histoire des migrations mondiales.
Les rousses et les roux non-britanniques devront remplir une attestation sur l’honneur avant de mettre ne serait-ce qu’un cheveu en Angleterre, en Écosse, au Pays de Galles, en Irlande du Nord, ainsi que dans les célèbres, et dynamiques industriellement, îles anglo-normandes Jersey et Guernesey, où se situent un nombre incalculable de sièges sociaux d’entreprises. « Ce n’est pas le sujet de votre article, je sais, mais je voulais préciser que nous sommes un modèle d’écologie. Dans notre territoire, il y a des centaines de milliers d’entreprises, dont un grand nombre de sociétés industrielles, et pas un gramme de CO² rejeté dans les airs. Malgré cela, nous n’avons pas reçu le moindre prix, ni même une vulgaire médaille pour nous récompenser de nos efforts pour la protection de l’environnement », fait savoir, attristé, un ministre de l’île de Jersey.
« Le Royaume-Uni avait dépénalisé les chevelures rousses depuis le 1er janvier 1973 »
Les autorités anglaises précisent les modalités. « Un modèle d’attestation sur l’honneur est disponible sur les sites internet de nos consulats. Les personnes qui voudront voyager en Angleterre trouveront également des formulaires imprimés dans nos postes de douanes, ainsi que dans les meilleurs pubs de la planète », annonce un élu britannique, accessoirement Lord, dont les ancêtres à chevelure couleur feue avaient miraculeusement réussi à éviter le bûcher grâce à leur fuite vers la France au 15ème siècle. Des exemplaires papier de cette attestation hors normes sont également mis à la disposition des visiteurs étrangers dans les offices de tourisme et les chambres de commerce britanniques situés aux quatre coins de la planète.
Ainsi, grâce à l’imprimé en question, touristes et gens d’affaires roux pourront entrer en Grande-Bretagne en toute simplicité, « sans devoir finir au poste pour interrogatoire », selon un ministre britannique. Le Royaume-Uni avait dépénalisé les chevelures rousses depuis le 1er janvier 1973, date de son entrée dans la Communauté économique européenne, ancienne Union européenne. « C’est surtout au Moyen Âge que les roux ont le plus morflé, les pauvres. Les rousses étaient accusées de sorcellerie et également d’avoir copulé avec le Diable. Les hommes roux, quant à eux, devaient prouver qu’ils n’ont pas Satan pour géniteur. Il n’y avait même pas de tests ADN à l’époque, en plus. Je vous laisse imaginer la difficulté devant les juges », a invité un éminent historien de la douleur, auteur de nombreux ouvrages sur les sévices gratuits et sur la torture physique de l’inquisition à nos jours.
« A la messe tous les dimanches,
mais les douaniers n’ont rien voulu savoir… »
A Bruxelles et à Strasbourg, les élus de l’Union européenne restent sans voix face à ce décret aussi inouï que soudain. « Quand les rosbifs (anglais, ndlr) étaient encore dans l’UE, des élus britanniques avaient déposé des propositions de loi pour faire signer une attestation aux roux à leur frontière, mais nous pensions qu’ils plaisantaient. Pour rigoler, nous votions contre à chaque séance au Parlement, histoire de les narguer. Mais en fait, ils voulaient vraiment appliquer cette mesure pour de vrai, les bougres », s’est étonné un élu européen français.
Même stupéfaction chez les premiers voyageurs roux à franchir les frontières anglaises depuis le 1er janvier dernier. « J’ai cru à une caméra cachée de la BBC, mais pas du tout. J’ai dû écrire ‘Lu et approuvé’ et signer en bas de leur feuille à la noix. Je suis fier d’être rouquin, mais j’ai rempli leur formulaire. Avais-je le choix ?, questionne un roux belge. J’avais beau dire aux agents des douanes que je ne suis pas possédé par le Vilain, ni que je suis un sorcier, ni que mon papa est le Diable, mais rien. Mon papa s’appelle André, il va à la messe tous les dimanches, mais les douaniers n’ont rien voulu savoir. Ils m’ont ordonné de signer leur papelard sinon je ne mettais pas un cil en territoire british. «
« Nos voisins depuis des siècles,
mais ils sont de plus en plus bizarres »
« Moi, avec mes cheveux roux, j’ai coché la case ‘Je certifie que je ne suis pas une sorcière’, sinon j’étais bonne pour faire demi-tour », explique, dépitée, une rousse irlandaise.
De plus, à partir du 1er octobre prochain, en plus de jurer sur l’honneur, et de remplir le formulaire dédié, pour garantir qu’ils n’ont aucun lien avec le Malin, les rousses et les roux devront présenter un passeport valide pour voyager au Royaume-Uni. « D’ici-là, ils n’ont à présenter que leur carte d’identité valide. Mais attention, il n’y a aucune discrimination capillaire. J’ai des voisins roux. Mais que voulez-vous, chat échaudé craint l’eau froide. Les rouquins ont fait des ravages au Moyen-Âge, ce n’est pas le moment qu’ils recommencent. Nous ne voulons pas qu’ils profitent du Brexit pour nous ensorceler », avertit un membre du gouvernement.
« Écrivez bien que nous n’y sommes pour rien dans cette décision au sujet des rouquins. Vivement qu’on vous rejoigne, vous les européens. Je ne sais pas combien de temps nous allons tenir, émotionnellement parlant. Les anglais sont nos voisins depuis des siècles, mais ils sont de plus en plus bizarres. A croire que le ciel leur est tombé sur la tête », confie un écossais.
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