Journée sans voiture : toutes les herses cloutées seront enlevées des rues parisiennes d’ici quelques jours.
La Mairie de Paris et la police nationale avaient vu les choses en grand. Alors que Paris célébrait, avant-hier dimanche, la Journée sans voiture, un vaste dispositif avait été mis en place pour obliger les récalcitrants à ne pas faire rouler leur véhicule dans Paris intra-muros.
Alors que durant les éditions précédentes, seuls les brochures, aussitôt jetées par les fenêtres des véhicules parisiens, ainsi que les éléments de langage, méprisés par les conducteurs, avaient été utilisés par les forces de l’ordre, la Journée sans voiture 2018 a été plus stricte. Nous avons rencontré un agent des forces de l’ordre, dimanche matin, dans une grande avenue très fréquentée de la capitale. « L’an dernier, on avait pour ordre de sourire, lors des interpellations d’automobilistes et de conducteurs de 2 roues. Mais cela ne fonctionnait pas trop. Les conducteurs croyaient qu’on les narguait ou qu’on se moquait d’eux. Cette année, c’est autre chose. Nous sommes dans le vrai, efficacité maximale, zéro défaut. Fini la rigolade et le laisser-aller. Ça sera plus drastique et intransigeant pour les possesseurs de deux ou quatre roues qui rendent abîment les poumons des franciliens. Ces connards (les conducteurs, ndlr) n’ont pas intérêt à démarrer leur putain de véhicule lors de cette Journée sans voiture, sans moto, sans scooter, sans mobylette, sans moteurs polluants », explique un policier, tout en installation le dispositif anti-véhicule, en plein milieu d’une grande avenue parisienne, sous le regard étonné de touristes, de riverains, de pickpockets et de SDF.
« Ici, c’est Marseille, enculé ! »
Dans la nuit de samedi à dimanche, des dizaines de milliers de herses cloutées ont été posées un peu partout sur les routes de la capitale française. Jusqu’ici utilisées pour appréhender les stars du grand banditisme lors des poursuites en voiture, les herses à clous ne sont cependant pas en nombre suffisant, dans les stocks de la Préfecture de police de Paris, pour parsemer abondamment la luxueuse et élitiste capitale française. « Des herses cloutées ?. Nous en avons une vingtaine à tout casser. C’est pas comme chez ces fadas de marseillais. En même temps, c’est normal, vu la violence qu’il y a là-bas. Paris, c’est Venise à côté. Il faut savoir que nous, les flics, on ne dit pas Marseille, on dit ‘La Juárez française’. Même les chefs de gangs latinos, qui y vont pour affaires, ne restent pas plus de 4 heures, là-bas, à Marseille. L’un des leurs ne sort même pas de l’aéroport. Un chef de gang redoutable pourtant, Miguel Angelo Ignacio ‘El Diablo’ Diaz Gimenez Sanchez, qu’il s’appelle. Mais ‘El Diablo’ ne met pas un pied en dehors de l’aéroport de Marignane, tellement Marseille lui fout les chocottes », précise un haut fonctionnaire municipal parisien. Face au désarroi de la Mairie de Paris, la ville de Marseille a accepté de prêter son imposant stock de herses cloutées, ordinairement utilisé dans les rues et les avenues de la ville la plus dangereuse d’Europe, pour appréhender, quotidiennement les grands trafiquants de la cité du foot et des règlements de comptes. Marseille figure également, dans le top 20 des villes mondiales les plus risquées pour la vie humaine. « On craint dégun à Marseille. Droit au but. Nous sommes les marseillais. Nous sommes les meilleurs et pas uniquement au foot. Notre cité phocéenne a devancé la ville américaine de Detroit dans le prestigieux classement des villes les plus nocives pour l’être humain. Dans leur cul les ricains !. Ici, c’est pas Paris. Ici, c’est Marseille, enculé !. Mais attention. Nous mettons tout en oeuvre pour combattre le crime organisé et toutes les formes de délinquance, en dehors des magouilles lors des appels d’offres. Ça, les marchés publics, on n’y touche pas. Nous tenons à rester en vie, quand même. Nous ne sommes pas fadas à ce point. C’est comme pour le ravalement des écoles publiques situées dans les quartiers défavorisés. Ça non plus, pas touche. C’est un sujet sensible à Marseille. Cependant, la sécurité de nos concitoyens est l’une de nos priorités, tout juste derrière le classement de l’OM en championnat, bien évidemment. Le bien-être des marseillais et des rares touristes qui osent s’aventurer dans notre belle et tendre ville de Marseille, est en dehors d’être un mythe, c’est aussi une foi et un combat », fait savoir un élu de la Mairie de Marseille, en charge des relations internationales.
« La mairie veut mes burnes posées sur un plateau d’embrayage ? »
Malgré tout, la précieuse aide de la ville de Marseille ne fait pas que des heureux. « Putain, j’ai bousillé les pneus de ma voiture électrique. Pourquoi il y a marqué ‘Propriété de la ville de Marseille’ sur ces putains de herses ?. Encore un coup des fans de l’OM contre Paris, mais surtout contre le PSG. Là, c’est clair, les olympiens de Marseille n’aiment pas les parisiens du Paris Saint-Germain. Ce qui est encore plus dingue dans cette histoire de herses, c’est que même les véhicules fonctionnant à l’électricité sont interdits aujourd’hui (dimanche, ndlr). C’est un truc de fou cette Journée sans voiture. Je ne pollue pourtant pas avec ma voiture propre. En plus d’avoir eu une putain d’amende, je dois changer tout mes pneus tous neufs. C’est vraiment pas juste. Je ne sais pas ce qu’ils veulent à la Mairie. Ils veulent rendre la ville moins polluée ?. J’ai une putain de voiture électrique, bordel. Ils veulent rendre Paris plus agréable ?. Ma putain de voiture ne fait aucun bruit désagréable, pas comme ces putains de diesel, avec leurs bruits de tracteurs. Ils veulent que la capitale soit plus apaisée ?. Ma putain de caisse ne dépasse pas les 30 km/h, même à pleine charge. J’ai fait tout ce qu’ils demandent et me voilà à racheter des putains de pneus. A la rigueur, ce n’est même pas le fait de changer tous mes pneus qui me fait chier. C’est surtout le fait de m’être fait peloter dans le métro quand je suis parti chez moi pour chercher mon chéquier. Ils devraient faire une Journée sans métro et sans RER, les gens de la mairie. Il faut savoir que les frotteurs mettent des mains au cul des mecs maintenant. Ils savent que toucher une nana les mène en prison. En frottant leur sexe sur des hommes, ils évitent la tôle. J’en peux plus. La Mairie de Paris veut quoi de plus de moi ?. La mairie veut mes burnes posées sur un plateau d’embrayage ? », m’interroge un automobiliste, les larmes aux yeux, tout en essuyant vigoureusement des tâches de sperme incrustées dans son pantalon.
« Revoir la vitesse autorisée pour les ambulances »
La vitesse, pour les véhicules à moteur autorisés à rouler a été limitée à 30 km/h. « Dimanche, dans Paris intra-muros, c’est-à-dire les 4 premiers arrondissements de la capitale, la vitesse maximale autorisée a été de 20 km/h, pas plus », souligne un chargé de mission de la Mairie de Paris. Les véhicules de services de secours, comme les ambulances, les camions des pompiers et les voitures de police ont pu circuler librement dans la Ville lumière. « Emmener un grand malade à l’hôpital, tout en roulant à 30 km/h max, c’est pas du gâteau. En 4 heures, on a failli avoir près de 30 morts dans notre ambulance, à cause de leurs conneries. On a expliqué aux proches qu’on ne pouvait pas rouler plus vite. Ils doivent revoir la vitesse autorisée pour les ambulances l’an prochain », conseille un ambulancier, tout en réconfortant le mari d’une femme qui a failli passer de vie à trépas.
« Ils s’en fichent si on roule vite ou pas »
Les véhicules de livraison, de dépannage, de transport de personnes handicapées ont été également autorisés à rouler dans la capitale du romantisme. « Pour nous, cette Journée sans voiture est une journée comme les autres. On roule toujours à moins de 30 km/h. Nos clients n’ont plus, malheureusement pour eux mais heureusement pour nous les conducteurs, la notion de temps depuis longtemps, pour certains. Ils s’en fichent si on roule vite ou pas. Pour nous, c’est temps mieux, on a toujours tous nos points de permis. On n’est pas obligé d’accélérer les cadences de livraison de notre marchandise », indique le chauffeur d’une société de transport d’handicapés.
« On joue au chat et à la souris »
Même son de cloche du côté des vélos, des trottinettes, des skate-boards et des rollers qui ont pu profiter de Paris sans les véhicules polluants. « De toute façon, on ne peut pas aller vite à Paris, sinon on n’arrive pas à éviter les particules de dioxyde d’azote, de glyphosate et de sulfate de plutonium qu’il y a dans l’air parisien. Ces particules sont grosses comme des mouches et elles se baladent dans l’atmosphère de Paris. Au début, ça fait peur, mais après, c’est comme une sorte de jeu, à la fois pervers et amusant. On joue au chat et à la souris », ironie un cycliste parisien, tout en recrachant des particules d’uranium.
« Il n’y a pas ces enculés de VTC »
Malgré les herses cloutées parsemées dans Paris, dimanche dernier, les taxis sont aux anges. « J’ai changé mes pneus avant, à cause des herses à clous qui ont transpercé les pneus de mon taxi, mais ça va. Ça va même très bien. Il faut dire que c’est la seule journée dans l’année où il n’y a pas ces enculés de VTC pour nous concurrencer. Je suis heureux comme dans les années 90. je me suis fait un max de fric dimanche. Je te raconte pas la trique que j’ai eu en rentrant chez moi. Je lui ai lubrifié le sous-ensemble. Ma femme a cru que j’avais gagné au PMU », confie un chauffeur de taxi parisien.
« Il n’y a pas ces enculés d’automobilistes »
Les chauffeurs de bus n’ont pas été gênés par les herses cloutées posées par la Mairie de Paris. Ils ont pu rouler aisément et gaiement dans les artères de la capitale française. « J’ai mis une petite claque au mec de la mairie qui a posé une des herses, pour lui faire comprendre qu’il aurait dû éviter de poser ses putains de clous sur mon parcours. Mais cette initiative est vraiment super. Pour une fois, il n’y a pas ces enculés d’automobilistes pour nous gueuler dessus, quand on les tamponne un peu, dans les virages. De toute façon, quand ces cons (les automobilistes, ndlr) sont obligés de prendre notre bus, quand leur voiture est en panne, on leur fait sagement comprendre que ce n’est pas bien de nous insulter et de nous faire des doigts d’honneur quand ils sont au volant. Mais globalement, ils sont compréhensifs. En général au bout de la 3ème claque informative, ils se taisent et vont s’asseoir à l’arrière du bus », déclare un chauffeur de bus parisien, fan de l’OM.
« Freiner pour éviter les clous de 10 cm de longueur »
Alors que la majorité des herses cloutées a été enlevée, de nombreuses rues et avenues de Paris, ainsi qu’une partie du périphérique parisien conservent encore le dispositif anti-véhicules polluants. « Nos agents sont occupés à chercher Redoine Faïd, l’ennemi public numéro 1. Nous avons mobilisé l’ensemble de nos policiers, mais aussi près de 90% de nos agents techniques, à nous et également ceux de la Mairie de Paris et de tous les ministères. Ce jeu de cache-cache avec l’homme invisible (Redoine Faïd, ndlr) a été marrant, mais au début seulement. Mais là, ce n’est plus amusant. En plus, de quoi on a l’air, nous, le service public de France, en face de nos homologues européens ou américains, si nous ne sommes pas capables de retrouver ce mec ?. On arrive bien à retrouver un putain de lot alimentaire contaminé à la salmonellose ou un putain de jouet retiré du marché à cause d’un défaut de fabrication. Si on n’arrive pas à choper le braqueur le plus recherché de France, c’est la hchouma (la honte, ndlr). Tu sais, frère, on a vraiment le seum, wallah. Le retrait des herses cloutées peut encore attendre quelques jours ou quelques semaines. De toute façon, avec les embouteillages qu’il y a dans cette putain de ville au bord de l’asphyxie, les conducteurs ne peuvent pas rouler vite. Ils auront le temps de freiner pour éviter les clous de 10 cm de longueur », annonce Gonzague, âgé de 48 ans, l’un des chefs de service technique de la mairie parisienne.
« On n’est pas des cons, nous, les vélos.
Alors que cela devait être leur Journée sans voiture à eux, les cyclistes sont hors d’eux. « Pour une fois qu’on peut rouler les yeux fermés, on se retrouve avec des herses à clous sur notre passage. On ne sera jamais tranquilles, nous les vélos. Toute l’année, on slalome entre les voitures garées sur les passages réservés à la circulation des 2 roues et aujourd’hui, on doit surveiller ces conneries de herses. C’est vraiment pas juste. Heureusement que j’ai toujours sur moi un pneu de secours. Contrairement à ce que disent les automobilistes, on n’est pas des cons, nous, les vélos », explique un cycliste.
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