Paris : confondant le kabuki et le bukkake, il finit au poste de police.
Cela devait être une attrayante et enrichissante pièce de théâtre japonais, mais l’œuvre artistique a tourné au cauchemar. L’homme interpellé, féru d’une catégorie de films pour adultes, a semé la gêne, l’effroi, mais aussi une certaine curiosité, auprès de la cultivée audience.
A Paris, les spectateurs qui se sont rendus au Théâtre national de Chaillot pensaient assister à deux pièces de théâtre kabuki, art ancestral japonais. Durant les œuvres Iromoyô Chotto Karimame Kasane et Narukami, les choses se sont déroulées d’une toute autre manière, loin de la légendaire pudeur nippone.
« Mon beau-père a cru que c’était une pièce interactive »
« Ce monsieur est arrivé en retard. Il est monté sur scène, il s’est mis à poil et il a commencé sa masturbation, devant les comédiens et les spectateurs étonnés. Moi, ça m’a fait rire, mais ma belle-mère n’a pas vraiment apprécié que le type éjacule sur son acteur préféré, un ancien sumo. Beau-papa, lui, il avait commencé à se palucher (se masturber, ndlr), quand le gars s’est foutu tout nu, sur la scène de Théâtre National de Chaillot. Mon beau-père a cru que c’était une pièce interactive », confie un spectateur, tout en nous montrant la vidéo qu’il a enregistré sur son smartphone.
« L’erreur est humaine, non ? »
L’individu, aussitôt emmené au poste de police le plus proche, tout de suite après plusieurs jets de son liquide spermatique sur l’un des acteurs de théâtre, a immédiatement reconnu les faits. « Oui, je me suis masturbé sur scène. De toute façon, je ne peux pas dire le contraire. Il n’y a qu’à voir les photos et les vidéos qui circulent sur le net. Par contre, je prône mon droit à l’erreur. Les politiques se trompent bien et ils ne vont pas une minute en prison. C’est pareil pour moi. J’ai confondu kabuki et bukkake. L’erreur est humaine, non ? », m’interroge le fan de bukkake.
« Un art théâtral japonais très ancien »
Le parisien cinquantenaire qui a éjaculé devant 1.200 spectateurs, confortablement installés dans la Salle Jean Vilar du théâtre de Chaillot, avait confondu le kabuki avec le bukkake. « Le kabuki est un art théâtral japonais très ancien, datant du début du 17ème siècle, mélangeant chants et ballet. Par contre, le bukkake est un tout autre art. Comme le théâtre, il se pratique en groupe, mais il consiste, pour une personne, femme ou homme, à se faire déverser une quantité impressionnante de sperme sur le visage, de la part d’une troupe de plusieurs mâles, présents autour d’elle », précise un professeur universitaire en histoire de l’art. Il ajoute, « mes élèves adorent faire des tableaux de bukkake. Et même un peu trop à mon goût. Une année, ils ne faisaient que peindre des types en train de se masturber et d’éjaculer. J’ai dû mettre le holà, l’an dernier, une bonne fois pour toutes. Les dessins et peintures de bukkake, c’est une fois l’an, pas davantage, en fin d’année. C’est leur cadeau de Noël à mes élèves. Les modèles sont des producteurs de films pornographiques pour adultes sur cassettes VHS. Ces cons ne veulent toujours pas passer au numérique. Ces imbéciles continuent d’enregistrer et de vendre leurs films sur VHS. Ils disent qu’internet est juste une mode et que ça passera, comme les cd et autres dvd. D’ici là, ils arrondissent leurs fins de mois en faisant les modèles pour les élèves en histoire de l’art ».
« Ceinture noire dans plusieurs disciplines de combat »
Les comédiens japonais, présents à Chaillot, sont à la fois amusés et interloqués. « Vous êtes bizarres, vous, les français. Vous poussez le romantisme un peu loin, mais c’est drôle, je le reconnais. Mes amis, à Kyoto, revoient en boucle, le monsieur en train de se masturber devant Hako, le chef de notre troupe théâtral. Mais Hako n’a pas trop apprécié, par contre. Heureusement que l’énergumène qui a commencé à lâcher la sauce (sperme, ndlr) sur Hako court très vite, sinon ils serait à l’hôpital. Hako-Sensei est un onnagata. Il joue des rôles d’hommes ou de femmes. Mais Hako est aussi ceinture noire dans plusieurs disciplines de combat. Le mec qui lui éjaculé dessus sur son visage ne le savait pas. Hako en a tué pour moins que ça. Il faut dire que le masturbateur ne savait pas qu’Hako est un homme, déguisé en femme. Dans l’art du kabuki, tous les comédiens sont de sexe masculin. Ce con a crû que le colossal Hako était un acteur de show bukkake. Au fait, le journaliste du site lejournalnews.com, je voulais te prévenir. La nana que t’as essayé de draguer dans les loges, c’est un homme. Il s’appelle Seito et il adore faire des blagues aux journalistes. Mais, je reconnais qu’avec son déguisement, cela peut prêter à confusion. L’un de vos politiques s’est mis tout nu en face de lui, l’autre jour. On a bien rigolé, mais ça n’a pas fait rire Seito, ni votre homme politique qui a sorti son gros sushi dans les coulisses », prévient l’un des comédiens.
Après avoir fait une démonstration au poste de police, « pour amuser les agents de police, car les reconstitutions ne se font pas lors des gardes à vue », selon un agent des forces de l’ordre, l’individu appréhendé a, ensuite, été relâché.
« Ils sont les bienvenus… »
Le Shochiku Grand Kabuki a lieu du 13 au 19 septembre au Théâtre national de Chaillot, à Paris. Le kabuki est l’un des 4 grands arts du théâtre japonais avec le kyogen, le noh et le bunraku, les marionnettes nippones qui ont notamment inspiré les mangas. « Kabuki. Avec un k, un a, un b, un u, un k et un i à la fin. Pas bukkake. Les amateurs d’éjaculations faciales sont prévenus. Ils sont les bienvenus pour admirer les pièces jouées, les portes de notre prestigieux théâtre leur sont grandes ouvertes. Mais, en aucun cas, ils ne pourront monter sur scène pour déverser généreusement leur semence, comme l’a fait cet abominable personnage. Ce n’est pas le thème des œuvres réalisées sur scène », précise avec insistance l’un des intermittents. Il ajoute, « on n’est pas payé des masses. Nous, les intermittents, on travaille à peine deux mois dans l’année. Si, en plus, on doit se coltiner le ménage du sperme versé sur la scène, non merci !. Nettoyer tout ce foutre a été pire que de subir les regards moqueurs des conseillers de Pôle Emploi, quand on va chercher du boulot, nous les intermittents du spectacle. Ils nous appellent les feignasses ».
Crédit-photo : Max Pixel, cc0.