Affaire Benalla : le gouvernement renonce finalement à ubériser la police et la gendarmerie.
Alors que le tourbillon « Affaire Benalla Fight Club » bloque le Parlement et sème la zizanie dans l’univers, pourtant si paisible, de la politique française, le gouvernement renonce finalement à l’ubérisation de la police et de la gendarmerie.
Ce projet d’ubériser les forces de l’ordre tenait pourtant à cœur au gouvernement. Après les autocars, les voitures avec chauffeur, la SNCF, l’éducation nationale et la Poste, Matignon avait entamé les procédures pour ouvrir à la concurrence le secteur, pourtant si sensible, de la sécurité nationale.
Mais un grain de sable, nommé « Affaire Benalla Fight Club« , a mis un terme à cette réforme de la police et de la gendarmerie. Le projet est finalement abandonné, au grand dam de certains élus libéraux de LAREM. « Notre modèle est le système du Texas. Là-bas, c’est trop génial. Leur gouvernement ne s’occupe de rien. Ils ont tout leur temps libre pour faire ce qu’ils veulent. Nous, on est obligés de venir au Parlement pour leurs réunions et séances à la con. Chez les texans, aux Etats-Unis, tout est ubérisé. Si tu veux être protégé, tu as une application web à disposition. Tu veux te faire soigner ?. Tu as à disposition une application internet. Bon, pour les soins, il faut d’abord avoir du fric, sinon l’application ne te servira à rien du tout. C’est trop cool là-bas. En France, c’est trop sclérosé. C’est vraiment dommage », se désole un élu parlementaire de la majorité.
« Malheureusement, la disruption a ses limites »
« Sur le principe, c’était une très bonne idée, mais nous avons remarqué que les gens ne sont pas prêts. Se prendre un coup de matraque par un CRS est rentré dans les mœurs. Les gens trouvent ça tout à fait normal. Ils se caressent les entrecôtes et ils repartent comme ils sont venus, sans se plaindre. Enfin, presque comme ils sont venus. Ils boitent, ils balbutient et ils gémissent, mais ils s’en vont sans dire un mot. Mais quand cela est fait par un quasi-inconnu, les français n’en veulent pas encore. A notre étonnement, les manifestants ont râlé quand monsieur Benalla a aidé les vaillants CRS à maîtriser un présumé communiste et une présumée socialiste. Tout ça pour s’être vus offerts quelques coups de poing et une manœuvre de la serpillière par le cou de la part d’un chevaleresque et magnanime adjoint au chef de cabinet du président, fonctionnaire de surcroît. Donc, se prendre une série de généreux coups-de-poing par un agent privé, ce même pas la peine d’y penser. Ce n’est pas encore le moment. Il faudra du temps. Malheureusement, la disruption a ses limites. Mais bon, les choses peuvent changer. On ne sait jamais, avec de la chance », indique un haut fonctionnaire du Secrétariat en charge de l’ubérisation des ministères.
Du côté des forces de l’ordre, c’est la joie et même une certaine euphorie. « Les personnes chargées de rétablir l’ordre ne doivent pas foutre une merde encore plus grande que celle des fouteurs de merde qu’il y a en face des forces de l’ordre. Déjà que l’on se ruine la santé à maîtriser les casseurs, les voleurs, les braqueurs et autres criminels. Si en plus, on doit surveiller les uberisés, on ne s’en sortira pas. C’est une bonne chose que cette réforme soit retirée. Nous vraiment sommes très soulagés, nous, les policiers. Je te ressers du champagne ? », me demande un aimable policier.
Crédit-photo : Kevin.B, Wikimedia Commons, cc by-sa 4.0.