Economie

Confinement – Noël : faute de jouets, les parents se rabattent sur les oranges et les clémentines d’antan.

Publié le 12.11.2020 à 03h52mn. mis à jour à 04h01mn.

A Noël inhabituel, cadeaux inhabituels. Face à l’interdiction des ventes de jouets, jugés « non-essentiels » par le gouvernement, qui a vraisemblablement oublié que lorsqu’il était petit, il attendait avec une impatience incommensurable d’ouvrir ses cadeaux sagement déposés par le Père Noël au pied du sapin familial, les citoyens ont dû s’adapter aux conséquences du confinement visant à endiguer l’épidémie de coronavirus.

« Ce Noël, deux kilos de clémentines et le tour sera joué »


Les magasins de jouets, et les rayons des grandes surfaces dédiés aux enfants, sont, cette année, inaccessibles aux parents en panique. Cependant, une vieille tradition de Noël pourrait sauver les fêtes de fin d’année. En effet, les papas et les mamans se rabattent sur les agrumes pour éviter les interminables et hystériques pleurs de leurs progénitures. « Je fais semblant de faire la tête devant ma femme, mais pas du tout. Je vais enfin pouvoir passer un Noël sans dépenser une blinde en jouets et surtout sans que mon banquier passe toute sa fin d’année à m’appeler comme si j’avais couché avec sa femme. Avec trois gosses, je te laisse imaginer le pognon de dingue que j’aurais eu à débourser normalement, s’il n’y avait pas eu cette interdiction de vente de jouets. Entre les consoles, pas une : deux !, entre les put***s de jeux de mes deux qui vont avec et les autres babioles : Je vais enfin pouvoir passer un Noël sans dépenser une blinde en jouets et surtout sans que mon banquier passe toute sa fin d’année à m’appeler. De la naissance à 3 ans, t’es tranquille. Tu leur offres ce que tu veux, ils te regardent comme moi je regarde la cagnotte de l’Euromillions. Mais après 3 ans, ça se corse, émotionnellement parlant quand tu dois leur offrir les jouets qu’ils veulent. Ce Noël, deux kilos de clémentines et le tour sera joué. Financièrement parlant, ça tient presque du miracle, sans vouloir blasphémer. Cette épidémie de coronavirus est une vraie bénédiction d’un point de vue fric à économiser. Mais sanitairement, non, mais d’un point de vue des dépenses à faire en moins : oui, c’est une bénédiction », fait savoir un affable père de famille.

« En même temps, ont-ils le choix ? »

Les parents les plus près de leurs sous auront l’alternative des économiques oranges. « J’ai transformé mon magasin de jouets en commerce de fruits et légumes, bien avant cette interdiction. Pour une fois, cette année, j’ai eu du bol. J’ai changé d’activité, car mon beau-frère travaille à Rungis. Il me fait des prix sur les matières premières. Il a réussi à gratter une remise de 2% à son patron. Tout le marché de gros se demande encore comment il a réussi cet exploit. Les patrons de Rungis sont hyper sympas, ils tiennent l’alcool dès 3 heures du matin dans les bars du marché, ils rigolent, ils connaissent toutes les meilleures blagues cochonnes, mais ils sont avares comme pas possible. Dans un sens, comme ils bossent alors que tout le monde dort sous la couette, bien au chaud, il faut qu’ils se rattrapent d’un point de vue affectif. Donc, ils se font du pognon au maximum. Les gens de Rungis portent des doudounes dans les frigos géants, même en été. C’est pas facile de faire becter la France entière, sans parler des autres pays européens qui s’y ravitaillent. Après le premier confinement, il a bien fallu payer le loyer. Donc j’ai délaissé les jouets. Avec la concurrence en ligne, c’était pas évident de toute façon. Pour ce Noël, je n’avais pas prévu que les gens offriraient des oranges ou des clémentines à leurs mômes, mais c’est tant mieux. En même temps, ont-ils le choix ?, je ne crois pas. Tout ce qui se vend en ce moment, ce sont les fruits, les légumes, les conserves, les pâtes, les clopes et l’électroménager », explique un commerçant qui passera à deux doigts de la faillite. Il ajoute : « Me porte pas la poisse en parlant de faillite, sacré nom d’un marchand de primeurs en ligne. En attendant de voir les effets secondaires des futurs vaccins, il y en aura encore d’autres confinements, je le crains, malheureusement. »

« Chaque année, j’offre à ces petits cons des cadeaux hors de prix… »

« Moi, ça va être une cagette pour chacun à Noël et on en parle plus, confie une sympathique mamie à la retraite. J’aime Noël. C’est le seul moment de l’année où mes proches s’intéressent à moi pendant plus de 5 minutes, mais quand même. Cette fête de la naissance au petit Jésus me coûte plus cher en cadeaux qu’en prothèses dentaires, il faut l’avouer. Chaque année, j’offre à ces petits cons (enfants et petits-enfants, ndlr) des cadeaux hors de prix. Et les seules fois qu’ils demandent de mes nouvelles, ces petits salopiots, c’est quand ils me demandent du fric pour les dépanner ou bien c’est quand ils ont besoin d’un garant pour louer un appartement pour leurs études. En plus, comme tout est fermé et que j’y connais rien à leurs trucs électriques (technologiques, ndlr) qui se vendent sur Minitel (internet, ndlr) : ils n’auront pas de reproches à me faire, les ingrats qui râlent tout le temps. »

« Activités ludiques avec les épluchures »

« Avec les technologies actuelles et les goûts en termes de divertissement des jeunes générations, il sera très difficile d’éviter les crises de nerfs des mioches quand ils déballeront leurs oranges, leurs mandarines et leurs clémentines. Une astuce serait de trouver des activités ludiques avec les épluchures. Les enfants adoreront. En plus, un peu plus de vitamine C ne leur fera pas de mal. Avec tout ce qu’ils bouffent comme conneries. Les parents ne nous aident pas non plus. Les mômes sont accrocs au sucre, mais à un point ! Pire que des junkies accrocs au crack. Pour en revenir à nos jouets. Il y aura un laps de temps pour qu’ils oublient leurs réflexes à chercher des yeux des jeux avec écran, mais ça leur passera au bout de 3 ou 4 heures, pas plus », rassure un psychologue.

 

Crédit-photo : pxhere, cc0.

 

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