Reprise des restaurants Courtepaille : les candidats se départageront au chifoumi.
Le confinement dû au coronavirus a provoqué le dépôt de bilan de la célèbre et alléchante enseigne de restauration Courtepaille. La chaîne aux 300 restaurants est placée en redressement judiciaire, après s’être vu refuser un prêt garanti par l’État.
« Les ingrats ! »
« Avec un CAP cuisine, tu es malheureusement, et injustement, moins crédible qu’un connard qui a un master en finance de mes deux ou un diplôme des grandes écoles de commerce de mes burnes, se désole un chef-cuisinier. Ceux qui nous ont refusé ce prêt, je suis certain qu’ils ont déjà becté dans mon resto. Je prends soin de mes clients, pourtant. Je leur ajoute même du rab de légumes ou de frites, de manière totalement désintéressée, et c’est comme ça qu’ils nous remercient. C’est quand même grâce à nous que les mômes gavés de frites foutent la paix à leurs parents pendant leur trajet en bagnole ou quand ils vont faire leurs courses dans les centres commerciaux. Les ingrats ! ».
« Vous me courrez sur le haricot… »
Parmi les potentiels repreneurs, il y a l’enseigne américaine de restauration Buffalo Grill. Elle promet de garder 85% des emplois. « L’anglais n’est pas indispensable, malgré les apparences. Buffalo Grill, c’est top comme nom, non ? Buffalo, ça fait très western, Far West, cow-boys, Lucky Luke. C’est le top du top, en mode Clint Eastwood », s’enorgueillit un chargé de barbecue. Un concurrent à la reprise ajoute : « Conneries, oui ! Buffalo Grill est une enseigne française. Leurs clients pensent que leur premier restaurant a été implanté à Assain Town, mais pas du tout. C’est à Avrainville qu’il a été construit, c’est dans l’Essonne. Je suis pas très fort en géo, mais l’Essonne : c’est pas au Texas. Les américains, c’est nous, explique le responsable Frites d’un restaurant Burger King, propriété du groupe de restauration Bertrand. Il ajoute : « Burger Bertrand, ça sonne moins Grand Canyon. Ça fait davantage massif montagneux du Cantal ». « Vos gueules, les mangeurs de grenouilles (français, ndlr). Vous me courrez sur le haricot à tous vouloir vous faire passer pour des américains. Le seul américain, dans cette affaire, c’est moi ! », tient à faire savoir le financier Walter Butler, son chapeau de cow-boy à la main, également candidat à la reprise de Courtepaille.
« Du pain sur la planche »
Les offres seront évaluées le 14 septembre prochain. Le chifoumi pourrait avoir lieu dans la soirée. « Lors de la présélection, nous donnerons la priorité aux dossiers de reprise très bien ficelés, comme d’ordinaire selon nos procédures. Les repreneurs qui nous raconteront des salades, en promettant plus de beurre que de pain, feront chou blanc. Ceux qui promettent de garder plus d’emplois qu’ils ne comptent faire réellement seront dans le pétrin. Nous avons de la bouteille. On les sent, ceux qui veulent nous faire carotte. Qu’ils ne viennent pas ensuite pleurer comme des madeleines. Avec notre expertise, nous refusons d’être les dindons de la farce. Les candidats classés ex aequo seront départagés au jeu du chifoumi. Certaines personnes en font tout un fromage, mais cette procédure du pierre-feuille-ciseaux permet de départager, de manière juste et fair-play, les candidats ayant chacun un dossier aux petits oignons. Nous ne l’utilisons pas des masses, mais ça se fait. Bon, vous êtes sûrement quelqu’un de très sympathique, mais je vous saurai gré de bien vouloir me lâcher la grappe, car j’ai du pain sur la planche », tranche un fonctionnaire du tribunal qui n’y va pas par le dos de la cuillère.
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