Le ministère français de l’Amour et du Romantisme demande l’ouverture des restaurants « dans les plus brefs délais ».
Par délicatesse, bienséance ou esprit chimérique, l’emblématique ministère français de l’Amour et du Romantisme est resté discret jusqu’ici au sujet de la fermeture des restaurants. Cependant, ses courtois et chantres de l’amour agents sont sortis de leur réserve pour défendre les altruistes et sentimentaux restaurateurs.
La ministre demande « l’ouverture des établissements gastronomiques qui perpétuent ce qui fait le charme de la France, à savoir le romantisme ».
« Et la tendresse ?, bordel ! C’est vital aussi ! »
Un Haut fonctionnaire ajoute : « Sans les restos, avec leurs bougies et leurs roses sur la table, ainsi que toute l’ambiance poétique y afférents, vous pensez que l’aphrodisiaque French kiss aurait été créé ?, je ne le crois pas. Les sentiments amoureux, et accessoirement la libido, ont besoin de l’ambiance feutrée et chaleureuse, sexuellement parlant, de nos mythiques restaurants, enviés par tous les pays de la planète. La santé, oui, c’est primordial. Et la tendresse ?, bordel ! C’est vital aussi ! L’amour et le romantisme font partie intégrantes de notre patrimoine. On en a gros sur la patate et c’est compréhensible. »
« Il y va de la libido de nos citoyens »
Un sexologue a tenu à mettre son grain de sel dans cette affaire économico-gastro-sentimentalo-sanitaire. « Un tête-à-tête devant un très bon dîner concocté avec passion par un chef-cuisinier, c’est quand même autre chose qu’un plat livré dans des barquettes ou bien une recette copiée sur un site en ligne de cuisine, avec tout le respect que j’ai pour les services de livraison à domicile et pour les sites qui font des recettes avec du matériel pour particuliers et qui paraissent faciles à faire alors que non. Les recettes que t’as essayé de copier : elles sont foirées à 80%, minimum, d’un point de vue gustatif, mais également esthétique. Ta moitié ou la personne que tu veux mettre dans ton pieu te dira que c’est bon, mais c’est faux. C’est juste pour la forme, pour faire plaisir. Les hormones sexuelles ne mentent pas, elles, jamais. Alors qu’un très bon repas dans un restaurant, ça donne des résultats concrets : les taux d’œstrogènes ou de testostérones ne dégringolent pas en flèche, bien au contraire. Les restaurants doivent rouvrir. Il y va de la libido de nos citoyens », avertit un sexologue.
« Je n’ai pas pu rendre jalouses mes copines davantage qu’elles le sont déjà »
« Il a raison le toubib, explique une jeune fiancée. Mon amoureux est un dragueur invétéré pendant son temps libre, mais je lui ai mis le grappin dessus à cet enfoiré. Pas de bol, par contre, car ce connard a fait sa demande en mariage devant un cheese burger frites chez lui devant la télé. Quand je pense à toutes les centaines de conquêtes d’un soir qu’il a emmené dans de superbes restaurants avec lumière tamisée, bougies, musique romantique et tout le toutim. Et là, avec moi, accessoirement la femme avec qui il va passer le reste de sa vie : il me demande en mariage en plein confinement où tous les restos sont fermés. Quelle poisse ! Je n’ai pas pu publier une seule photo sur Instagram. Résultat, je n’ai pas pu rendre jalouses mes copines davantage qu’elles le sont déjà. »
« Ça devient ingérable… »
Un beau brun ténébreux indique : « J’ai passé 4 heures pour cuisiner deux entrées et deux plats principaux de rien du tout. Sincèrement, je ne sais pas comment font les cuistots dans les restos. Ils sont vraiment fortiches, quand même. Sous leurs airs raplaplas, avec leurs sympathiques et rassurantes bedaines : ce sont de vraies bêtes de sexe. Des cocktails de Don Juan et de Rocco Siffredi en puissance, les cuistots. Quand tu les vois, ils paient de mine, mais en fait : ils sont vigoureux, les bougres. Chaque jour, ils cuisinent 10.000 plats à la perfection et ils trouvent l’énergie pour passer à la casserole leur moitié ou une personne de leur clientèle, après le boulot. Moi, rien qu’après avoir préparé un repas de mes deux pour deux, j’ai pioncé direct après le dessert. Je n’ai même pas eu la force pour les fioritures d’avant coït (préliminaires, ndlr). Vivement que les restos ouvrent ! Ça devient ingérable d’un point de vue sexuel. ».
« A deux doigts de rendre mon tablier aux huissiers »
Même son de cloche chez un restaurateur. « On compte pour du beurre ou quoi ? On veille au grain pour que personne ne soit contaminé dans nos restaurants et on nous roule dans la farine. Désinfectez qu’ils disaient. Mon restaurant est aussi propre qu’une clinique. Mes clients, je les porte sur mon dos quand ils veulent aller aux wc. Malgré ça, je fais chou blanc. S’il y a plus geste barrière que ça, qu’ils me le disent, ceux qui ont injustement décidé de fermer les restos. S’ils veulent qu’on reste copains comme cochons, ils doivent nous permettre d’ouvrir. Je suis malheureusement à deux doigts de rendre mon tablier aux huissiers. Je leur offrirai quand même à coup à boire sur mon comptoir, car ce n’est pas de leur faute », annonce-t-il, tout en se retenant pudiquement de pleurer comme une madeleine du fait de sa situation financière.
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