« J’aime ma boîte » : le Medef rappelle aux salariés qu’il est interdit de demander une augmentation aujourd’hui, « jour de célébration des entreprises ».
La Fête des Entreprises souffle ses 20 bougies aujourd’hui, jeudi 20 octobre 2022. Aux quatre coins du pays, les salariés du privé célèbrent cet évènement avec un enthousiasme non-dissimulé.
« Tous les camarades font des risettes forcées »
Se voulant l’occasion de « (re)découvrir ses collègues et son entreprise », selon le site officiel, « J’aime ma boîte » offre la possibilité de faire disparaître les barrières hiérarchiques.
« D’ordinaire, c’est uniquement le lèche-bottes, celui que tu vois là-bas en train de dessiner, qui sourie tous les jours, depuis le parking jusque chez lui. Là, il dessine le logo de notre entreprise avec des cœurs autour. Mais aujourd’hui, tous les camarades font des risettes forcées. C’est presque du harcèlement moral. C’est triste quand tu vois nos salaires de misère. On aime notre métier, on aime notre entreprise, mais il y a des limites à notre allégresse », avertit un syndicaliste qui avait souri la dernière fois à son travail lors du pot de départ en retraite d’un de ses collègues. « Un gros con de collègue, il faut préciser dans ton article. On avait tous le moral au max quand il est parti à la retraite. Il était insupportable à gueuler tout le temps. Il était imbuvable, encore plus que le crétin de lèche-bottes qui dessine, c’est dire », ajoute-t-il.
« J’aime ma boîte, car elle a une très bonne mutuelle santé »
« Bien sûr que j’aime ma boîte, fait savoir fièrement une salariée. Mais je l’aimerai encore plus quand il y aura l’égalité salariale Hommes-Femmes et quand certains de mes connards de collègues arrêteront de reluquer mes fesses au boulot. »
« Moi, j’aime ma boîte, car elle a une très bonne mutuelle santé. Grâce à ma boîte, j’ai une réduction sur mes antidépresseurs et sur mes séances chez mon psy », confie un salarié en burn-out du fait des cadences et de la pénibilité de son travail.
« Moi aussi, j’aime ma boîte !, avoue une employée. Enfin, mon ancienne boîte, mais elle a fait faillite. Dans ma boîte actuelle, il faut coucher pour monter les échelons. Je ne mange pas de ce pain-là donc ils peuvent se mettre leurs promotions là où je pense (rectum, ndlr), les enflures. »
« Belle et magnanime fête qui prône la générosité du monde de l’entrepreneuriat »
Et ce représentant syndical n’est pas le seul à reporter ses demandes de revalorisation de salaire ou de reconnaissance. « C’est écrit noir sur blanc dans le règlement officiel de cette belle et magnanime fête qui prône la générosité du monde, du capitalisme généreux et de l’entrepreneuriat, prévient un cadre de l’omnipotent Medef. Aucun salarié ne doit demander d’augmentation aujourd’hui, sacré nom d’une hausse des charges patronales. Ce n’est pas difficile à comprendre, nom d’une pipe en bois d’acajou de Cuba. »
Les employés qui auront des revendications devront donc prendre leur mal salarial en patience jusqu’au lendemain de cette Fête de l’Entreprise.
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