Economie

Annulation inédite de la Journée mondiale sans achats, le 28 novembre prochain, afin d’aider les commerçants affectés par le confinement.

Le dernier samedi de novembre a lieu la Journée mondiale sans achats à travers les quatre coins de la planète, du moins dans les pays dits développés. Pour la première fois de sa courte histoire, cette célébration sera mise de côté pour la nécessaire survie des affables commerçants. Explications.

Imaginé par le canadien Ted Dave en 1992, puis reprise par l’association à but non-lucratif Adbusters, le Buy Nothing Day est le grand rendez-vous de la lutte contre la consommation à outrance. En France, la Journée mondiale sans achats a été lancée en 1999. « A l’époque, comme il n’y avait pas encore internet, ça mettait des plombes pour savoir ce qui se passait dans le monde. On était les seuls à avoir le Minitel, en plus. Des fois, être en avance sur son temps te fait ralentir », philosophe l’un des ingénieurs du révolutionnaire Bi-Bop.

Ainsi, pendant 24 heures, il est demandé de ne rien acheter. Ceci afin de défendre l’environnement social et de sensibiliser aux dangers de la surconsommation. « Et mes médocs, j’ai le droit de les acheter ou bien j’aurais une prune ? », questionne un retraité.


Cependant, certains pays la célébreront davantage que d’autres. « Bien évidemment qu’on va célébrer cette journée sans achats. Dans mon pays, la population est à 99% pauvre. On va même plus loin que vous, les blancs (occidentaux, ndlr). Chez nous, la majeur partie de la population fait votre Journée internationale sans achats toute l’année. Le 1% restant, à savoir les riches, dont de nombreux corrompus, eux, ils achètent tout le temps, même le dernier samedi de novembre. Les veinards, ils mangent à leur faim, eux. Et chaque jour, en plus », indique une sympathique femme vivant dans un pays pauvre.

« La première fois qu’ils gagnent moins que nous »

« Moi, je vis dans un pays riche, mais j’achète rien non plus. Quand t’es au SMIC, pays riche ou pauvre, à peu de choses près : c’est kif-kif bourricot. T’es en meilleure santé, certes, mais t’es pauvre quand même. Pour résumer : t’es aussi dans la mouise. Dans ma baraque, c’est Quinzaine sans achats, tous les mois. Qui dit mieux ? Dès le 15, même en voulant, je ne peux rien acheter, même pas un petit steak ou des produits alimentaires de marque. Sans sortir de Saint-Cyr, t’imagines bien que le 28, je ne sortirai pas mon porte-feuille, même avec toute la bonne volonté du monde, quand t’as pas un rond en poche, comment veux-tu consommer ? C’est donc avec honte que je ne pourrai rien acheter lors de la Journée mondiale sans achats, malheureusement. Je suis de tout cœur avec les commerçants. C’est quand même la première fois qu’ils gagnent moins que nous », explique un père de famille au SMIC.

« Acheter des trucs, mêmes utiles »

En cette année de covid, les autorités en charge du commerce, les fédérations de commerçants, mais également les associations anticapitalistes, ou celles écologistes, demandent aux citoyens de soutenir les commerçants. Ainsi, les consommateurs sont invités à acheter « le plus de choses possibles, utiles ou non » pour aider les commerçants, les indépendants, les producteurs, les usines, mais également leurs laborieux et dépendants sous-traitants. « En 4 ans de combat écologique, c’est bien la première fois que je vais acheter des trucs, mêmes utiles, lors de la Journée mondiale sans achats. Je ne dois pas oublier de prévenir ma famille qu’ils n’auront pas à faire leur stock de courses la veille. Chaque année, mes parents ne sortent pas le dernier samedi de novembre pour éviter que je les engueule. Ils ne mettent pas le nez dehors, même pas pour aller acheter leur pain à la boulangerie. Ils font ça pour me faire plaisir, je le sais. Ils font la gueule la veille, le jour-même et le lendemain, aussi, mais je m’en fous un peu, car c’est pour protéger la planète », confie un jeune actif.

« L’heure n’est plus à la rigolade »

Cette année, plus que d’ordinaire, cette journée visant à sensibiliser sur les dangers de la surconsommation et les ravages psychologiques de la publicité à outrance ne sera pas suivie. « L’heure n’est plus aux petits caprices de bobos pourris gâtés, aussi gentils et bienveillants soient-ils. Notre pays pollue bien moins que des pays qui refusent de signer l’Accord de Paris, la Chine ou les États-Unis pour ne pas les citer, et c’est à nous d’en baver en roulant en électrique qui coûte la peau du cul ou à bouffer les seuls 2 ou 3 légumes de saison qui sont dans les étals ? J’ai quand même fait installer un put*** de robinet mousseur de mes deux dans ma salle de bain. Je veux me laver les mains, moi, par faire de la thalasso ! Je ne parle même pas de la vaisselle en porcelaine et des couverts en inox qu’il faut maintenant emporter quand on pique-nique. C’était pratique la bonne vieille vaisselle jetable, celle en carton, et les couverts en plastique. Même ça, on nous l’enlève. J’ai même réussi à persuader mon épouse à utiliser des protections hygiéniques lavables. Elle a gueulé au début. En fait, elle gueule encore, même 10 ans après. Avec cette foutue épidémie, l’heure n’est plus à la rigolade. Il en va de l’avenir de nos entreprises, celles qui ont réussi et celles qui ne sont rien. Il en va de la bonne santé financière des actionnaires. Il en va du futur des salariés », fait savoir un ministre.

 

Crédit-photo : pxhere, cc0.

 

Partager.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

lejournalnews.com