Cahiers de contacts covid dans les restaurants : les maîtresses et amants des clients pourront inscrire un pseudonyme pour éviter divorces coûteux et scènes de ménages stressantes dans les couples.
Malgré les mille et une précautions que prennent les restaurateurs en termes de gestes barrières, ils ont failli baisser le rideau de leurs établissements pour une période indéterminée. « J’ai tabassé des clients à moi quand ils allaient aux toilettes sans leur masque. Et après ça, le gouvernement me dit que je ne fais pas assez pour lutter contre le covid ? C’est injuste, se désole le propriétaire d’un établissement 3 étoiles. Mes clients, même quand ils reviennent manger chez moi avec leurs bleus et leurs plâtres, ils me disent merci de faire en sorte que le coronavirus ne se propage pas. Leurs parents retraités m’envoient même des lettres de remerciement pour avoir faire comprendre que c’est très important, les masques. »
Contrairement aux chagrinés et désœuvrés gérants de bars, les restaurateurs peuvent continuer à travailler. Ils devront, pour cela, respecter un protocole sanitaire drastique. Une première dans l’histoire de la restauration, depuis la création de l’emblématique et redouté service d’hygiène.
« Mon épouse n’y verra que du feu si la brigade anti-covid m’appelle »
Ainsi, les restaurants devront établir une distance d’un mètre entre les tables différentes. Chaque tablée ne devra pas contenir plus de 6 personnes. Les clients devront porter leur masque entre chaque plat, et le paiement devra s’effectuer à table. Une affiche devra également indiquer la capacité maximale d’accueil des établissements. Grande nouveauté, un registre listera les nom, prénom et numéro de téléphone de chaque client. « Je demanderai aux nanas que je me tape de mettre un prénom de bourge. Ça fait sérieux, posé, austère et propre sur lui. Un truc du genre François-Xavier ou Pierre-Henri. Ça passera comme une lettre à la poste, c’est sûr. Mon épouse n’y verra que du feu si la brigade anti-covid m’appelle, en cas de cet enfoiré de traçage sanitaire et salutaire », garantie un sympathique et infidèle invétéré père de famille.
« Moi, mon connard de mec est trop occupé à penser à sa bagnole. Pendant qu’on fait l’amour, il interrompt tout pour sortir dehors et vérifier si sa carrosserie n’est pas rayée. J’ai beau lui laisser une autre chance, il recommence. Je vais quand même dire à mon amant d’écrire un prénom de nana sur la fiche du resto où on va », explique une jeune femme.
« Secret professionnel, comme celui des toubibs, mais en plus strict »
Ce dernier règlement « obligatoire » suscite de nombreux questionnements. « Nous, les restaurateurs, nous avons un secret professionnel, comme celui des toubibs, mais en plus strict. Mes clients, quand ils font cocu leur compagne ou leur compagnon : ils ne veulent pas laisser de traces, jamais. Déjà que je leur donne un reçu avec l’en-tête d’une société de formation pour qu’ils ne se fassent pas griller quand leur moitié trifouille de façon névrosée dans leurs poches en quête d’indices d’infidélité. On fait les choses bien ou on ne les fait pas. J’ai créé un centre de formation, exprès pour le bien-être de certains de mes clients. Les factures et les reçus de carte bancaire sont anti-datés. J’ai modifié l’heure. J’ai mon beau-frère qui a un restaurant près de l’Assemblée nationale. C’est lui qui m’a montré comment programmer l’appareil de la banque », confie le propriétaire d’un restaurant.
« Du moment que le numéro de téléphone est exact »
Aussi, pour éviter les divorces, ou pire, les interminables et stressantes scènes de ménages, les amants et les maîtresses peuvent inscrire un pseudo à la place de leur vrais nom et prénom. « Du moment que le numéro de téléphone est exact, on laisse glisser. On ne veut pas fâcher les chefs cuistots et les commis. Les commis sont très blagueurs, c’est connu. Un mollard dans ton plat, c’est très vite arrivé si tu les froisses, les commis », analyse un membre du gouvernement qui mange au restaurant tous les jours.
Crédit-photo : pxhere, cc0.